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Primes aux infirmières: des cégeps craignent l'exode de professeures

Article publié par Le Quotidien - Thomas Laberge

27 septembre 2021 - Les incitatifs financiers annoncés par le gouvernement du Québec pour faire revenir des infirmières dans le système de santé provoquent des inquiétudes dans des cégeps de la province. On craint que cela incite des professeurs en soins infirmiers à quitter l'enseignement.

Le président du syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Thetford, Pascal Binet, affirme que des professeures en sciences infirmières sont venues s'informer au sujet des nouvelles primes qui oscillent entre 12 000 et 18 000$. Le gouvernement espère qu'elles aideront à combler un important manque de personnel dans le réseau public de la santé.

Pour toucher ces primes, les infirmières doivent travailler à temps plein. Elles ne pourraient donc plus enseigner dans les cégeps. « Le même employeur [le gouvernement] fait une espèce de compétition entre deux réseaux, entre ceux qui prodiguent des soins et ceux qui dispensent la formation », déplore Pascal Binet.

Des primes aussi pour les professeurs

Même son de cloche du côté du Cégep de Chicoutimi, qui accueille en moyenne 150 étudiants en soins infirmiers par année. Le directeur des études, Christian Tremblay, explique que la pandémie de COVID-19 a obligé l'institution d'enseignement à embaucher plus de professeures en soins infirmiers. Ces derniers n'ont toutefois pas de permanence, et pourraient donc être tentés par l'offre du gouvernement.

« Quand ils sont en précarité, on ne peut pas leur promettre qu'ils vont avoir un emploi l'année prochaine. »
— Christian Tremblay, directeur des études du Cégep de Chicoutimi

Christian Tremblay souhaite qu'un incitatif financier soit aussi offert aux professeures en soins infirmiers qui n'ont pas de permanence. Il y en a actuellement neuf au Cégep de Chicoutimi. « Je comprends que c'est une demande assez exigeante, mais il faudrait qu'il y ait aussi des primes pour ces enseignants précaires qui font un saut au collégial », soutient-il.

« On se magasine des problèmes »

Le vice-président responsable du regroupement cégep de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), Yves de Repentigny, pense que la pénurie de personnel dans le système de santé pourrait être transposée à l'enseignement.

« On nous dit qu'il manque 4000 infirmières et là, on va s'arranger pour ne pas être capable de les former. [...] On se magasine des problèmes », lance-t-il.

La FNEEQ représente 1369 enseignantes en soins infirmiers dans les cégeps du Québec. 

Dans une déclaration écrite, la ministre de l'Enseignement supérieur, Danielle McCann, affirme que la « formation des futures infirmières est essentielle, et on ne souhaite absolument pas que celle-ci soit retardée. Nous avons été informés de ce scénario hypothétique et nous surveillons présentement la situation avec nos collègues du [ministère de la Santé et des Services sociaux]. »