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Yvan Boutin, lauréat du Prix Acfas Denise-Barbeau 2025
Après un stage postdoctoral à Yale University, Yvan Boutin a débuté sa carrière comme directeur de la recherche pour une petite PME en biotechnologie de la région de Québec. Par la suite, et ce, depuis 26 ans, il est professeur-chercheur au Cégep de Lévis. L'Acfas lui remet le Prix Denise-Barbeau 2025.
Par Alain Lallier, Portail du réseau collégial

L’art de conjuguer enseignement et recherche
Yvan Boutin aurait pu faire carrière comme chercheur à l’université, mais il a plutôt choisi de conjuguer enseignement et recherche au collégial. « Pour différentes raisons, j’ai toujours trouvé ça important de travailler sur les deux fronts. J’adore faire de la recherche, surtout depuis mes études graduées à l’Université Laval. Par la suite, j’ai eu l’occasion d’obtenir un poste au Cégep de Lévis comme enseignant dans le programme de techniques de laboratoire. J’ai donc été en mesure d’enseigner dans ma spécialité tout en faisant de la recherche chez TransBIOTech, un centre de recherche et de transfert en biotechnologies rattaché au Cégep de Lévis. »

Une meilleure adéquation entre le marché du travail et la formation
Dès la création du centre de transfert, la possibilité d’enseigner et de faire de la recherche a été offerte aux professeurs. Yvan Boutin y a vu une belle occasion de transposer dans son enseignement ce qu’il développe dans ses recherches. « Je pense que mes recherches me permettent de bonifier mon enseignement et de faire bénéficier aux personnes étudiantes mon expérience de ce qui se fait sur le marché du travail. Nous formons principalement des techniciennes et des techniciens qui vont travailler au sein d’entreprises avec lesquelles nous faisons affaire. Et comme nous aidons les petites et moyennes entreprises du Québec dans le domaine des sciences de la santé, nous assistons à l’évolution des besoins du marché du travail. Nous pouvons donc mieux adapter notre offre de formation avec les exigences du marché du travail. C’est un continuum qui garde mon enseignement continuellement à jour. »
Soutenir les PME en innovation
Le Centre TransBIOTech œuvre dans le domaine de la biotechnologie et des sciences de la vie. Il offre des expertises aux entreprises qui veulent développer de nouveaux médicaments, de nouvelles thérapies, de nouvelles approches thérapeutiques contre différents types de maladies humaines ou même animales. Par exemple, dans le domaine de l’immunologie, TransBIOTech travaille à la production de vaccins, à la recherche de nouvelles molécules, de nouvelles thérapies contre différentes formes de cancer. « Nous sommes associés au développement des entreprises qui veulent pousser un peu plus loin leurs preuves de concept. Aux petites entreprises qui démarrent, nous offrons la possibilité de les soutenir en expertises, en disponibilités et en équipements à la fine pointe. Cet accompagnement dans leur développement a souvent lieu dans une période critique où ces entreprises ont besoin d’amasser ces preuves de concept pour réussir à obtenir des sommes suffisantes auprès des investisseurs. »
La fierté de toucher à différents domaines
Le professeur-chercheur travaille sur plusieurs types de projets, tous différents les uns des autres. Sa fierté, c’est justement cette polyvalence, cette aptitude à toucher à différents domaines. « J’ai participé, entre autres, à la mise au point d’un gel dentaire pour traiter des gingivites chez les animaux de compagnie avec une petite entreprise qui voulait mettre une formulation au point. Nous leur avons proposé des tests pour valider leur idée. Grâce à ce projet, cette entreprise a pris sa place sur le marché et grandit. Pendant la pandémie, nous avons travaillé avec des entreprises sur la mise au point de vaccins, particulièrement avec les nouvelles technologies de vaccins à ARN. »
Travailler en mode multidisciplinaire et interétablissements
Yvan Boutin aime bien travailler avec d’autres équipes dans une approche multidisciplinaire. « Nous collaborons avec un centre de transfert Novika (Cégep de La Pocatière)sur le développement d’un traitement des cancers de la peau en utilisant une nouvelle technologie au laser. Nous participons également à d’autres collaborations avec des entreprises et l’Université Laval,notamment pour le développement de molécules qu’on appelle “bactériocines”. »
Un projet récemment récompenséCette année, lors du gala de l’ADRIQ, le Consortium de recherche et d'innovation en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ) a choisi de récompenser le projet « Développement et commercialisation d'une nouvelle molécule immune fonctionnelle ». Ce projet se distingue par sa recherche collaborative,son innovation et ses retombées significatives pour l’industrie et la société. Ce projet unique est le fruit d’une collaboration entre l’usine de transformation du crabe E. Gagnon et Fils, en Gaspésie, la firme de biotechnologies ImmuneBiosolutions, basée à Sherbrooke, ainsi que Merinov et TransBIOTech. Ensemble, ils ont mis en valeur un coproduit marin à fort potentiel : la CH, une biomolécule native issue des résidus de crabes des neiges. Des recherches approfondies ont démontré que la CH possède des propriétés immunomodulatrices remarquables, équivalentes, voire supérieures, à celles d’une biomolécule déjà utilisée comme adjuvant, mais très coûteuse et difficile à obtenir de manière durable. Contrairement à cette dernière, la CH est abondante et facile à extraire, offrant ainsi une alternative efficace, durable et économique. Source: TransBIOTech. |
Initier les étudiantes et les étudiants à la recherche
Le lauréat du prix Denise-Barbeau a toujours gardé le souci d’initier les personnes étudiantes à la recherche. Il essaie toujours,dans différents cours de culture cellulaire et de microbiologie, de montrer des exemples concrets de ce qui se fait en biotechnologie et en sciences de la santé. « J’essaie d’expliquer ce qui se passe dans un programme de recherche et tous les aboutissants du mécanisme de la recherche de façon générale. Je pense que ça aide à mettre les étudiants au fait que ça existe. Ils en viennent même souvent à demander où aller travailler pour faire ce genre de choses. Notre proximité avec les PME leur ouvre des portes. »
Chaque année, dans le cadre des activités d’intégration, Yvan Boutin accompagne dans leurs projets de recherche un ou deux groupes d’étudiants universitaires ou collégiaux en sciences de la santé. « C’est le genre de modèle qui peut être intéressant et il nous permet de recevoir des stagiaires au centre de transfert », conclut-il.



