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CompétenceSanté
Nouveau référentiel pour les formations en santé
Par Thérèse Lafleur, rédactrice
L’interaction humaine et le partage de ressources numériques constituent la base du soutien à l’apprentissage actif en santé que propose Cégep virtuel. CompétenceSanté permet aux étudiants en santé de développer leurs compétences juste-à-temps, c’est-à-dire aux moments nécessaires et à leur rythme. La directrice générale de Cégep virtuel, Josée Leblanc, présente cette plateforme virtuelle comme une initiative novatrice qui permet d’accéder, en tout temps, à ce nouveau référentiel du domaine de la santé.
Lancé à l’été 2025 par Cégep virtuel, CompétenceSanté favorise les initiatives en matière de persévérance et de réussite. Cette plateforme vise également la consolidation et le transfert des connaissances. Elle s’adresse tant aux étudiants qu’au personnel enseignant. Un projet inédit qui a vivement intéressé les participants lors du colloque 2025 de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC).
PARCOURS D’APPRENTISSAGE
- évaluation et analyse
- communication et capacité d’adaptation au milieu
- respect de la diversité et de l’inclusion
- compétence numérique
Madame Leblanc aborde aussi le développement continu de la main-d’œuvre en santé. « En ce sens, les référentiels du 21e siècle nous encouragent, en tant qu’individus ou institutions, à continuellement réévaluer les compétences nécessaires à notre évolution. CompétenceSanté permettra aux étudiantes et aux étudiants du domaine de la santé de parfaire leurs connaissances tout au long de leurs études et de leur carrière. »
Les principes pédagogiques
« Notre but est d’accompagner la personne afin qu’elle développe le bon processus de questionnement pour s’assurer de couvrir tous les angles. Nous visons aussi à ce qu’elle puisse remettre en question son niveau de compétence. Ce sont les principes pédagogiques sous nos formations. » explique Mylène Goulet, la conseillère en pédagogique qui a piloté la mise en œuvre de CompétenceSanté.
CompétenceSanté a pris forme à partir d’un recensement des ressources pancanadiennes en santé, sur le Web. « Nous avons donc élaboré quatre contenus adaptés à notre réalité en santé : communication et adaptation à différentes situations; respect de la diversité; inclusion de tous les genres ainsi qu’évaluation et analyse. Cela ressemble au contenu disciplinaire. Mais, en même temps,on nous disait qu’en pratique les étudiants ont l’impression de devoir se tourner vers leurs théories très complexes plutôt que d’avoir les bons réflexes aux bons moments. » mentionne madame Goulet.
« Par exemple, il faut veiller à prendre en compte le code déontologique. Il faut aussi se demander ce qui se publie, ou pas, sur le Web. Donc l’éventail était large quant à la compétence numérique et les ressources déjà existantes étaient intéressantes. Comme nous ne voulions pas offrir seulement un bottin de ressources, nous avons monté quatre parcours distincts d’apprentissage à distance. Nous avons varié les médias pour répondre tant aux besoins de quelqu’un qui préfère écouter des balados ou d’une personne qui préfère lire des textes. »
Ce sont des spécialistes en la matière qui ont fourni les contenus. Ils ont été jumelés avec des technopédagogues pour que les exercices soient stimulants et engageants. L’approche permet à l’étudiant d’être autonome. Un étudiant en stage peut y réviser certaines notions ou consolider des compétences. La personne inexpérimentée qui entre sur le marché du travail dans un milieu multiethnique pourra se référer à la plateforme.
Un cinquième parcours est en développement, l’alliance thérapeutique. Plusieurs professionnels de la santé y travaillent afin de concevoir le meilleur plan de traitement à offrir à une personne sous leur responsabilité, par exemple en CHSLD. L’équipe de Cégep virtuel se penchera sous peu sur du contenu en pédiatrie et en néonatalité.
Redéfinir le parcours de soins
Les ambulanciers, les équipes à l’urgence ou les personnels des étages ne parlent pas tous le même langage. Ces professionnels de la santé interviennent de différentes manières. CompétenceSanté vise à mettre en lumière ce qu’ils partagent quand ils se croisent. Par exemple, les échelles de douleur. « Est-ce qu’on utilise les mêmes ? Est-ce que notre vocabulaire est le même ? Le but étant de ne pas avoir de fractures dans le processus. Notre intention est d’éviter aussi les erreurs de communication d’un professionnel à l’autre. » précise madame Goulet.
L’expérience d’Alexandre Trépanier, coordonnateur du Département de soins préhospitaliers d’urgence (SPU) au Cégep de Sainte-Foy, illustre bien la réalisation d’un parcours d’apprentissage sur le jugement professionnel.
« Comme je m’intéressais beaucoup au raisonnement clinique pendant ma Maîtrise, l’équipe de Cégep virtuel m’a demandé de développer un contenu pédagogique. L’intention étant d’aborder des sujets communs en santé sans trop les cadrer dans une profession. J’ai donc travaillé sur le raisonnement clinique ou le jugement clinique. Il fallait prendre en comptela réalité de l’apprenant à distance, que cela soit interactif et aussi que cela touche à beaucoup de programmes techniques. Dans le raisonnement clinique, plusieurs éléments font appel à la personne, à ses valeurs, à son éthique et à ses comportements. S’ajoute maintenant l’intégrité liée à l’intelligence artificielle et à son utilisation. L’intervenant en santé doit s’efforcer de prendre la bonne décision pour la bonne personne. La réponse ne sera pas toujours la même, selon les individus, la situation ou le contexte. Parfois, cela devient presque philosophique et il y a des liens à faire avec les cours de philosophie. Parce que le jugement clinique fait partie du profil sortant de nos étudiants. »
L’harmonisation de la formation
Grâce à CompétenceSanté, le personnel enseignant de différents établissements peut utiliser le même matériel pour enseigner. Madame Goulet note d’ailleurs l’aspect de l’harmonisation de la formation via un langage commun. Par ailleurs, cette plateforme facilite l’intégration de la technologie aux cours.
CompétenceSanté partage ses contenus via une licence Creative Commun. Donc les utilisateurs peuvent adapter le contenu à leur cours à condition d’en mentionner la source. L’accès est gratuit pour les collèges partenaires de Cégep virtuel. Un financement de 588 000 $ du ministère de l’Enseignement supérieur ainsi que la collaboration entre le personnel enseignant en santé et des technopédagogue sont permis son déploiement.
« Les contenus virtuels peuvent intéresser le personnel enseignant. Une vingtaine de spécialistes de cégeps partenaires travaillent avec nous. Par exemple, un professeur pourrait décider de prendre une infographie sur le portrait statistique de la population au Québec et de l’insérer comme matériel de cours, etc. Des professeurs de différents collèges peuvent faire équipe. D’un point de vue professionnel, c’est intéressant, car cela crée un réseautage en santé. » affirme madame Goulet.
Une formule flexible et adaptée
Selon la directrice générale de Cégep virtuel, Josée Leblanc, « Il est clair que les programmes d’études actuels répondent aux compétences techniques et scientifiques ciblées. Cependant, comme le dit William Gibson (1999) : “le futur est déjà là, il n’est juste pas réparti de façon homogène”. Il faut, conséquemment, mutualiser les activités d’enseignement des compétences communes ciblées pour rendre homogène la formation et soutenir la polyvalence et la mobilité des futurs diplômés en santé. »
« Enfin, nous croyons qu’il est judicieux de proposer un environnement d’apprentissage en ligne[i] basé sur l’interaction interdisciplinaire et interordres. En ce sens, nous croyons que notre offre de support à l’apprentissage actif en santé permettra d’accroître la motivation et l’engagement des apprenants, et ce, tant envers leur formation, que leur milieu d’apprentissage ou de travail. Nous croyons aussi que notre support structuré permettra aux pédagogues en santé de rendre leurs formules d’enseignement de plus en plus flexibles et adaptées aux besoins du marché du travail au Québec. » conclut-elle.
[i]MEILLEUR, Catherine. « Le sens de la communauté compte-t-il en formation en ligne? » KnowledgeOne, 5 mai 2018.



