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Démarches en développement durable
NOMAAD-DD un outil conçu au Cégep de St-Félicien suscite un intérêt croissant
C’est lors d’une entrevue avec Guillaume Maziade, enseignant engagé et conseiller en développement durable au cégep de St-Félicien à la tête de ce projet que nous avons pu saisir l’engouement pour ce dernier (et ses impacts potentiels) dont on n'a pas fini d’entendre parler.
Par Geneviève Lemay, rédactrice, Portail du réseau collégial.
Plus sur l’outil
L’idée de Guillaume Maziade, enseignant engagé et conseiller en développement durable au cégep de St-Félicien, était de créer un outil pour soutenir l’ensemble des démarches en développement durable dans son institution.
En gros, l'outil applicatif couvre six grandes dimensions de la démarche de DD, répertoriées dans les milliers de données colligées au cégep: la bienveillance, la diversité, l'économie, l'écologie, le dialogue et la démocratie ainsi que la transition.
L’approche consiste à amorcer chez les instigateurs.trices de nouveaux projets ( toutes catégories confondues) une réflexion quant aux démarches durables possibles derrière ces derniers.
Objectif: démocratiser le développement durable et autonomiser l’individu
Lors de son entrevue avec le Portail, Guillaume nous partage une observation importante: « Dès qu’il est question de développement durable, il y a un paradoxe évident entre la volonté unanime de participer et la perception tout aussi unanime que cela n’est accessible qu’aux experts. On pense qu’on doit avoir une expérience et des connaissances poussées en développement durable pour engager des actions concrètes. Et c’est tout à fait compréhensible. Le développement durable, c’est très vaste comme concept et c’est facile de s’y perdre, voire de se décourager. Selon moi, l’un des principaux objectifs de tout outil qui s’inscrit dans une démarche DD à l’heure actuelle devrait être de démocratiser le concept et d’inciter chacun à s’autonomiser face à son propre rôle dans l’équation ».
Il poursuit en affirmant qu’ « au final, on fait déjà tous partie de la solution, qu’on le veuille ou non. On gagne à approcher le DD avec curiosité et ouverture dans un but d’appropriation et non d’éducation ou de changement radical »
Ces pièges menant à l’inaction
Pour une grande majorité, « développement durable » rime systématiquement avec « environnement ». Guillaume y voit un piège important à identifier, puisque c’en est un qui nous fige dans le statu quo tant individuel que collectif:
« En vérité, le DD, c’est bien plus qu’une question écologique. Pensons ici à l’équité et à l’égalité, à l’éducation et à la diversité: ces thèmes sont des maillons essentiels au DD. Encore une fois, on peut penser que ça complexifie le concept, mais c’est l’inverse. Ces thèmes permettent à chacun d’identifier des initiatives durables qui correspondent à ses passions et ses valeurs. Et la passion est ce qui nous motive de manière intrinsèque à prendre conscience, et surtout à prendre part au mouvement. »
D’une approche parallèle à une approche intégrative du développement durable
Le conseiller en développement durable met également en lumière l’importance d’adapter notre approche, qui est actuellement une approche parallèle. « C’est vrai dans tous les domaines: on traite le DD au sein d’approches parallèles. La vaste majorité des projets incluant des initiatives durables adopte donc une formule durable en cours de route, à côté et non à l’intérieur du projet. »
Il continue en expliquant que « cette pratique ouvre grande la porte aux embûches techniques, menant éventuellement à délaisser le ‘’volet’’ durable pour éviter le déraillement du projet »
L’outil NOMAAAD-DD change la donne en intégrant la composante DD dès l’idéation d’un projet. Il propose d’intégrer le DD et de le voir comme un moteur transversal plutôt qu’un ajout facultatif.
Un outil, une philosophie, une approche… toutes ces réponses?
C’est en se penchant davantage sur l’intention derrière l’outil NOMAAAD-DD qu’on y voit, au fond, bien plus qu’un outil. On y perçoit aussi un nouveau paradigme dans le monde des initiatives durables à différents niveaux: individuel, institutionnel, commercial, etc.
Comme quoi l’application n’est pas, en soi, un chèque en blanc. « Ce n’est pas parce que tu passes ton projet dans NOMAAAD-DD qu’il obtient automatiquement un statut durable », mentionne Guillaume avant de souligner qu’il y a des démarches périphériques à aborder en amont pour assurer un déroulement optimal.
Il existe effectivement une zone grise qui mérite d’être abordée dans le cadre de l'adoption de l’outil. La bonne nouvelle, c’est qu’il s’agit d’un prétexte de choix pour Guillaume d’aborder les réelles motivations derrière NOMAAAD-DD chez quiconque souhaite l’utiliser.
Des ambitions pour NOMAAAD-DD
À l’heure actuelle, plusieurs personnes et organisations au Québec et ailleurs au Canada s’intéressent sans surprise à son apport potentiel.
Pour Guillaume, cela démontre une volonté évidente à emboîter le pas, ce qui est toujours encourageant. Il use toutefois de prudence en affirmant « que le projet n’en est qu’à ses débuts et qu’on doit rester vigilant à y voir un outil en adaptation continue »
En effet, l’ouverture de NOMAAAD-DD à plus grande échelle gagne à servir de véhicule d’apprentissages tout autant qu’un moteur d'initiatives durables.