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Maîtrise du français au cégep
Québec garde secrets les avis d’un rapport
Le piètre état du français chez les élèves a beau avoir fait les manchettes dans les dernières semaines, Québec refuse de rendre public un rapport qu’il a entre les mains depuis un an et qui se penche sur les difficultés des cégépiens dans cette matière.
En septembre 2021, la ministre de l’Enseignement supérieur a constaté que les taux de succès de l’épreuve uniforme de français que doivent passer les élèves à la fin de leur parcours collégial « ne sont pas à la hauteur » de ce qui est souhaité.
Danielle McCann a donc mandaté un groupe de travail pour se pencher sur les difficultés en français chez les cégépiens.
« Je veux un diagnostic, savoir pourquoi on a cette difficulté », avait alors expliqué la ministre en point de presse.
Le rapport « est présentement en cours d’analyse », nous indique-t-on au ministère de l’Enseignement supérieur. Quel est l’état de la situation et faut-il prendre des mesures pour améliorer le français chez les élèves du collégial ? Impossible de le savoir.
Le 9 janvier dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur a refusé une demande d’accès à l’information faite par La Presse pour obtenir ce rapport, au motif qu’il s’agit de « documents du cabinet du ministre ou produits pour son compte ».
Au cabinet de la nouvelle ministre Pascale Déry, on confirme que celle-ci a pris connaissance du rapport et qu’on nous tiendra informés « des développements quant à sa publication ».
Quant aux autrices du rapport, elles ne peuvent accorder d’entrevue à ce sujet parce qu’elles sont « toujours tenues à la confidentialité tant que le rapport n’est pas rendu public ».
« Nous sommes, comme vous, en attente de sa sortie et nous pourrons en discuter avec vous lorsqu’il sera publié », nous ont écrit Godeliva Debeurme, professeure retraitée de l’Université de Sherbrooke, Marie-Claude Boivin, professeure titulaire à l’Université de Montréal, et Lison Chabot, directrice des études retraitée du cégep de Beauce-Appalaches.
Elles confirment à La Presse avoir livré leurs conclusions à Québec en janvier 2022.
« C’est incohérent »
La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) aimerait bien, elle aussi, savoir quelles recommandations la ministre Déry a entre les mains.
« Que ça ne sorte pas, c’est incohérent », dit Maya Labrosse, présidente de la FECQ.
Si on décide de composer un groupe de travail sur la question de la maîtrise de la langue française, c’est qu’il y a un problème à régler. S’il y a des recommandations dans un rapport, on ne voit pas pourquoi elles ne seraient pas mises de l’avant et rendues publiques.
Maya Labrosse, présidente de la FECQ
Danielle McCann disait en 2021 vouloir qu’« on améliore l’apprentissage et la maîtrise du français ». « Je pense que c’est la voie de passage pour qu’on améliore le taux de diplomation », expliquait la ministre.
Peu importe la discipline étudiée, la maîtrise du français est essentielle, ajoutait Mme McCann.
La FECQ aimerait que les difficultés en français des élèves soient détectées par un test dès l’entrée au collégial et appelle à un meilleur financement des centres d’aide en français dans les cégeps.
La Fédération estime aussi qu’en matière de maîtrise du français, il faut agir bien avant l’entrée au cégep. La majorité des centres de services scolaires du Québec ont vu le taux de réussite de leurs élèves diminuer aux plus récents examens de français écrit de 5e secondaire.
À certains endroits, un élève sur deux n’a pas obtenu la note de passage.
Source : La Presse.ca-