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Le Devoir de philo --- Platon, défenseur du «Renouveau pédagogique»?
14 février 2015 | Éric Lapointe - Professeur au Département de philosophie du collège François-Xavier-Garneau | Le Devoir de philo --- Éric Lapointe, professeur au Département de philosophie du collège François-Xavier-Garneau. Selon lui, le socioconstructivisme charmerait Platon sur le plan pédagogique. Sur le plan de l’ontologie, par contre, Platon s’y opposerait, estime-t-il.
Le socioconstructivisme qui a sous-tendu la réforme de l’éducation québécoise charmerait en partie le grand philosophe grec
14 février 2015 | Éric Lapointe - Professeur au Département de philosophie du collège François-Xavier-Garneau | Le Devoir de philo
Éric Lapointe, professeur au Département de philosophie du collège François-Xavier-Garneau. Selon lui, le socioconstructivisme charmerait Platon sur le plan pédagogique. Sur le plan de l’ontologie, par contre, Platon s’y opposerait, estime-t-il.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir
Deux fois par mois, Le Devoir lance à des passionnés de philosophie, d’histoire et d’histoire des idées le défi de décrypter une question d’actualité à partir des thèses d’un penseur marquant.
En 2007, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport a mandaté des chercheurs de l’Université Laval pour évaluer les effets du Renouveau pédagogique (2005) sur la réussite des élèves au secondaire. Les résultats ont été publiés le 2 février dans un rapport, Perception de l’enseignement et réussite éducative au secondaire : une analyse comparative selon que les élèves ont été exposés ou non au Renouveau pédagogique.
Selon les auteurs, les résultats à l’épreuve finale de mathématiques des élèves exposés au Renouveau ont été légèrement inférieurs à ceux des étudiants qui n’y ont pas été exposés. Ils indiquent aussi qu’un pourcentage moins élevé d’élèves exposés au Renouveau a obtenu des cotes très fortes au critère « cohérence de l’argumentation » de l’épreuve finale de français et que le taux de réussite pour le critère « orthographe » est plus bas. Finalement, les auteurs soulignent que les garçons exposés ont été moins nombreux que leurs homologues non exposés à obtenir leur diplôme.
Les auteurs ne concluent pas pour autant que le Renouveau est un échec. Ils interrogent les causes de ces résultats et nous invitent à réfléchir aux solutions. Parmi les causes relevées, on note le rehaussement du contenu de certains programmes après l’implantation du Renouveau, les chambardements engendrés par cette implantation, lesquels ont pu causer du stress et de la résistance chez les professeurs, et le manque de formation de ces derniers pour affronter le nouveau courant.
Contrairement aux auteurs eux-mêmes et à une majorité d’experts favorables, plusieurs médias ont conclu à l’échec du Renouveau. En fait, ce débat qui déchire la société oppose deux grands courants pédagogiques : l’approche par objectifs, inspirée de la psychologie cognitive (Bloom, Gagné, Taba) et de la tradition universitaire classique, contre l’approche par compétence, inspirée de la psychologie socioconstructiviste (Glasersfeld, Le Moigne, Jonnaert et Vander Borght). La formule pédagogique principale de l’approche par objectif est l’exposé magistral, alors que les plus importantes de l’approche par compétence sont l’étude de cas et la réalisation de projets. Il va de soi que l’approche par compétence est la grande caractéristique du Renouveau. Elle a supplanté l’ancienne approche par objectif.
L’un des plus grands philosophes, Platon (428/427 av. J.-C. – 348/347 av. J.-C.), était passionné de pédagogie.
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