Le Réseau REPTIC : quand la pédagogie se conjugue au numérique

Par Alain Lallier, Portail du réseau collégial

 

Des réalisations significatives

La production de ressources mutualisées, comme le Profil TIC des étudiants du collégial, le Guide CAAP pour accompagner le personnel enseignant à la création d’une activité pédagogique TIC, le Guide pour évaluer les apprentissages à l’aide du numérique (GÉAN), le Guide sur l’intégrité intellectuelle et le plagiat, sont autant de grandes ressources élaborées de manière collaborative par le Réseau REPTIC.

Nathalie Bastien explique que « c’est la mutualisation des connaissances et, de façon plus intangible, le sentiment d’appartenance des membres qui ont permis nos grandes réalisations. Quand on mutualise des connaissances, on réunit des gens qui partagent leurs savoirs, ce qui crée des liens qui perdurent. Les réalisations du Réseau ne sont pas ponctuelles, mais longitudinales. Quand nous avons revu d’anciens REPTIC, lors de nos récentes célébrations du 20e anniversaire, on se disait à la blague qu’on peut sortir quelqu’un du Réseau REPTIC, mais qu’on sort difficilement le Réseau REPTIC de quelqu’un. C’est là où le mot communauté prend tout son sens. Au fond, ce bagage mutualisé est très précieux, car il y a peu de connaissances de cet ordre dans la formation initiale universitaire en pédagogie. Les connaissances en pédagogie numérique sont souvent le résultat d’expériences personnelles, de savoirs issus de la pratique. Et cette pratique se partage informellement. »

Les pionnières

La vitalité du réseau repose sur le dynamisme de ses animateurs et animatrices. Dans l’histoire du REPTIC, le nom de Nicole Perreault vient vite à l’esprit. « Avec son caractère fougueux et son grand attachement pour certains dossiers, dont l’adaptation des instruments d’évaluation des apprentissages, le développement des compétences numériques et la prévention du plagiat, pour ne nommer que ceux-là, Nicole Perreault était une grande bâtisseuse. Sans elle, le réseau REPTIC ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui, » affirme Nathalie Bastien.

Nicole Perreault était une grande bâtisseuse

Parmi les autres personnalités marquantes, Nathalie souligne monsieur Robert Poulin, ex-directeur de l’enseignement collégial au ministère :« Sans le leadership du ministère à cette époque-là, il n’y aurait pas eu de Réseau REPTIC. Au départ, le ministère voulait contribuer au développement des compétences du personnel enseignant en matière de pédagogie numérique et, conséquemment, à l’accroissement des compétences numériques dans la population étudiante. D’autres membres ont également laissé leur marque. Parmi les personnes retraitées, Marilyn Nadeau, REPTIC du Cégep de Sainte-Foy et du Cégep de Rivière-du-Loup, a grandement contribué à l’élaboration et à la rédaction du Guide CAAP. De son côté, Huguette Dupont, maintenant directrice des technologies de l’information au Cégep de Granby, a participé activement à titre de REPTIC à l’élaboration du Profil TIC des étudiants du collégial, un cadre de référence en cinq étapes. Marie-Josée Tondreau, REPTIC du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, a été l’instigatrice du Guide GÉAN. »

Des TIC au numérique

Avant de parler des TIC (technologies de l’information et de la communication), il y avait eu les APO, les applications pédagogiques de l’ordinateur. Aujourd’hui, on parle davantage du numérique. C’est beaucoup moins une question de technologies et de machines que d’intégration dans nos vies. « On va opposer le numérique à l’analogique. Et ce dernier disparaît de plus en plus de nos vies, mis à part le papier et le crayon. En vingt ans, les choses ont bien changé. Maintenant, le numérique a intégré nos vies et déborde largement de la pédagogie. D’ailleurs, le numérique se compare aux autres compétences transversales comme la littératie, qui n’est plus l’apanage des profs de français et de littérature. La transformation du métier d’étudiant intègre maintenant des outils numériques qui sont devenus essentiels. »

« Il y a 20 ans, les applications pédagogiques de l’ordinateur demeuraient des projets bien pointus avec un caractère novateur. Aujourd’hui, ces projets-là existent encore. On pense par exemple à des projets de technologies immersives avec casques de réalité virtuelle ou des espaces de fabrication numérique, comme des FabLab, Medialab, Labo créatif. Mais il y a par ailleurs toute une tranche d’activités– on l’a vu avec la COVID et avec la montée de l’intelligence artificielle générative – où on ne peut plus faire l’économie de ne pas penser au numérique, car nous ne vivons plus dans un monde entièrement analogique. Nos programmes d’études ont pour finalité de former des étudiants et des étudiantes à exercer une profession et à accéder au marché du travail. Et pour ce faire, le numérique est devenu incontournable. »

Des connaissances qui font du chemin

Le Réseau REPTIC se définit comme une communauté de pratique qui repose sur un réseau de conseillères et de conseillers pédagogiques. Mais à quel point ces connaissances réseautées percolent-elles jusqu’aux professeurs et dans la population étudiante? « Deux registres d’intervention s’imposent à cet égard, explique Nathalie Bastien. Le pivot demeure le membre REPTIC dans son cégep. Il va nourrir le développement professionnel du personnel enseignant avec des formations. Il va diffuser les résultats de sa veille technologique. Il va utiliser des ressources locales pour aider les enseignantes et les enseignants à utiliser le numérique dans leurs pratiques pédagogiques. Le REPTIC va aussi intervenir au niveau des programmes d’études afin que les habiletés numériques soient intégrées dans les plans cadres et les plans de cours. La communauté de pratique va quant à elle nourrir le REPTIC et soutenir ses pratiques. Dans un contexte où l’on connaît un renouvellement massif des conseillères et conseillers pédagogiques, le réseau joue plus que jamais un rôle clé dans l’insertion professionnelle de ces personnes. Grâce à son intervention directe dans le collège, la membre REPTIC permet aux connaissances du réseau de percoler vers le personnel enseignant et la population étudiante. »

L’IA et les autres projets

Pour le Réseau REPTIC, la présence accrue de l’intelligence artificielle commande une attention particulière. Le réseau a créé trois groupes de travail ou de projet à ce sujet. Un des groupes de projet voit au développement des balises institutionnelles en lien avec l’intelligence artificielle. Ces travaux se font en parallèle avec le comité ministériel sur le sujet. Le Réseau REPTIC a choisi de travailler dès à présent au niveau opérationnel, entre autres pour la mise à jour des politiques institutionnelles d'évaluation des apprentissages (PIEA). Le groupe travaille à formuler des balises communes et adaptables par l’ensemble des établissements.

Un autre groupe de travail développe des récits de pratiques pour l’intégration de l’IA dans les programmes d’études, ainsi que dans les activités pédagogiques qui visent l’atteinte de compétences à l’aide d’outils d’intelligence artificielle.

Les membres du troisième groupe se sont donné des objectifs d’apprentissage en mode collaboratif.

Pour faire suite aux préoccupations du milieu sur la question du plagiat avec les nouveaux outils de l’IA, le REPTIC a adapté récemment son Guide sur l’intégrité intellectuelle et le plagiat pour y inclure les outils de l’IA.

Sur la table de travail cette année, un groupe d’apprentissage se consacre aux espaces de fabrication numérique de type FabLab, Medialab ou labo créatif. Les FabLabs sont ouverts à la communauté. Dans les cégeps en région, les FabLabs attirent les gens et nourrissent les liens entre les cégeps et les communautés.

Un autre groupe d’apprentissage sera mis en place en janvier pour favoriser la création de balados pédagogiques, que le REPTIC peut utiliser comme outil de diffusion auprès du personnel enseignant. Cet outil peut aussi être utilisé en classe, et le personnel enseignant peut même demander à ses étudiantes et ses étudiants de produire des balados dans le cadre d’activités pédagogiques. Ce faisant, le balado pourrait constituer une façon de contrecarrer le plagiat, par exemple.

Une nette volonté de travailler en partenariat

Au moins une fois par année, le Réseau REPTIC rencontre plusieurs prestataires de services numériques pour explorer des pistes de collaboration. À l’intention des REPTIC expérimentés et surtout novices, le Réseau organise une fois par année une rencontre en ligne appelée informellement le Café des organismes, où chaque prestataire de services est invité à présenter son mandat général et ses particularités. La rencontre a lieu en décembre et permet aux prestataires de mieux se connaître. « On ne peut pas travailler en vase clos parce que les REPTIC sont des ambassadeurs pour les autres prestataires. Comme c’est souvent difficile d’avoir accès directement aux enseignants, les REPTIC demeurent des agents de liaison précieux, que ce soit pour un appel de projets du CCDMD, des formations d’Eductive ou de la documentation à l’intention des chercheurs du Centre de documentation collégiale. Certes, le REPTIC constitue un public cible intéressant pour les prestataires de services, »précise madame Bastien.

Le Réseau REPTIC est rattaché à la Fédération des cégeps depuis 2004. En plus de madame Bastien, l’équipe d’animation compte aussi sur l’expertise de Marco Guilbault, chargé de projet, et de Dominique Girard, technicienne en administration. Une entente de services avec le ministère balise le financement du REPTIC, entente qui prévoit un comité d’orientation composé de plusieurs représentants du milieu.

Si le Réseau REPTIC vient de changer son logo, il ne songe pas à changer le nom avec lequel il s’est fait connaître. « Quand on parle d’un membre du réseau, on le nomme le REPTIC et non le conseiller pédagogique en numérique. Le mot REPTIC résonne encore. Et le réseau n’envisage pas pour le moment de le changer, » ajoute en terminant la REPTIC en chef.

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Note : Voir le webinaire organisé par l’AQPC, le 3 octobre 2024 : 20 ans de pratiques et ressources pédagogiques numériques