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Mérite à la recherche étudiante au Cégep de Saint Laurent

Par Marie Lacoursière en étroite collaboration avec mesdames Lyne Duhaime et Marie-Josée Gauvin et monsieur Dominique Dufault.

Mme Lyne Duhaime


Depuis 17 ans, les Prix étudiants de l’ARC visent à faire connaître et à valoriser la participation des étudiantes et des étudiants à des activités de formation à la recherche menées au sein des établissements d’enseignement collégial, et ce, dans tous les programmes et toutes les disciplines.

Afin de cerner l’intérêt des activités de formation à la recherche conduites au Cégep de Saint-Laurent, récipiendaire de prix en 2011-2012 et en 2012-2013, nous avons interrogé madame Marie-Josée Gauvin, instigatrice de ces activités en 2004 et responsable de programme en Techniques de bioécologie depuis 2010, monsieur Dominique Dufault, professeur responsable de projet depuis 2007, et madame Lyne Duhaime également professeure responsable de projet depuis 2010.

Mme Marie-Josée Gauvin M. Dominique Dufault

Des recherches en lice depuis 2004
« En 2004, la première fois que les cours projets ont été donnés, les étudiants avaient le choix de faire une recherche de vulgarisation en biologie ou un mini-projet de recherche à l’intérieur d’une session », explique madame Gauvin.« Comme nous avions deux cours porteurs de projet inscrits à l’horaire, nous répétions le même cours avec un sujet différent lors de la deuxième session. L’année expérimentale nous a ainsi fait réaliser que nous répétions les mêmes notions et que nous perdions conséquemment un cours qui pouvait être utilisé différemment.Nous avons également constaté que nos étudiants pouvaient faire beaucoup plus.

Les cours ont donc été restructurés afin d’assurer une meilleure continuité entre les deux sessions, et nous obligions les étudiants à réaliser un projet de recherche. Nous voulions ainsi leur donner la chance de se démarquer de leurs collègues de classe et nous voulions de plus donner une couleur spécifique à notre technique. Nous avons donc fait le choix de laisser la liberté du sujet du projet aux étudiants. Cette liberté a eu pour effet d’augmenter leur motivation vis-à-vis du projet à réaliser et d’augmenter également celle des professeurs qui chaque année supervisent entre 15 et 20 projets différents. Depuis,le projet de recherche s’échelonne sur une année scolaire, à travers deux cours suivis dans le cadre de la cinquième et la sixième session du programme de Techniques de bioécologie »

Échéancier des activités de recherche

Dès leur quatrième session, les étudiants sont invités à une rencontre durant laquelle le déroulement des cours est décrit et le premier travail se rapportant à la validation de projet est présenté. Les étudiants ont ainsi jusqu’à l’automne suivant pour remettre un travail dans lequel ils doivent :

1. Choisir un sujet, décrire une problématique, cibler le but et les objectifs de leur projet.
2. Présenter le fruit de leurs premières recherches (cadre théorique et méthodes).
3. Poser des hypothèses.

« Lorsque défini clairement, ce premier travail aura un impact positif sur le déroulement complet du projet », de préciser monsieur Dufault et madame Duhaime. « Pour les équipes qui choisissent un projet de recherche impliquant un volet sur le terrain, ce premier travail sera évalué avant la collecte de données qui se déroule généralement pendant l’été. À l’automne, le cours Initiation au projet permettra aux étudiants de développer les méthodes et le cadre théorique de leur projet et de commencer leur expérimentation. Le cours Réalisation de projet, suivi à la session d’hiver, sera consacré principalement aux résultats (traitements des données, tests statistiques et analyses) et à la rédaction du rapport final. Pour chacun des cours, les étudiants auront l’occasion de présenter l’avancement de leurs travaux devant public et de répondre aux questions de l’assistance. »

Un processus d’encadrement minutieusement mis de l’avant par les enseignants et une équipe de techniciens

« Le travail d’encadrement consiste dans un premier temps à valider les idées de recherche des étudiants et à jouer un rôle de guide lors du choix de la problématique, du but à atteindre et des moyens pour y parvenir », de préciser monsieur Dufault et madame Duhaime.

« À cette étape, il est courant de revoir à la baisse l’ampleur des objectifs de recherche de nos étudiants qui montrent beaucoup de volonté à réaliser des travaux inédits conduisant vers l’amélioration des connaissances. Il est alors important de recentrer les discussions sur le but du cours qui leur offre la chance de pratiquer la méthode scientifique en leur permettant d’élaborer des projets réalistes grâce aux ressources financières et humaines dont nous disposons. Notre travail d’encadrement consiste donc à moduler leurs idées de manière à ce qu’ils puissent élaborer un projet réalisable tout en conservant leur motivation d’origine. Cet aspect représente pour nous un défi de taille.

" Une fois les sujets validés et les projets mis en branle, le travail de l’enseignant consiste à superviser l’utilisation des locaux et du matériel, à faciliter la recherche documentaire, à répondre aux questions pointues reliées à la collecte et l’analyse des données, à s’assurer que les équipes progressent bien et à faire l’évaluation des travaux (par exemple : méthodes, revue de littérature, analyse des données, résumés, présentation orale, rapport final) destinés à faire avancer les projets de chacun.

» Puisque les sujets sont nombreux et très variés, ceci oblige parfois les enseignants à sortir de leur zone de confort (ce qui est très stimulant) afin de parfaire leurs connaissances dans une autre spécialité que la leur. Ils doivent aussi miser sur leur expérience en recherche et projeter le projet dans le temps afin d’éviter aux équipes des erreurs qui pourraient l’affecter. Ceci n’empêchera pas bon nombre d’équipes de rencontrer des difficultés. Parfois découragés, les étudiants sont toujours impliqués dans la recherche de solutions avec les professeurs et toujours très fiers d’avoir surmonté ces embûches une fois l’aventure terminée. L’encadrement a donc aussi une dimension relationnelle. Parce que ces obstacles, liés au déroulement du projet comme tel, amènent chez les étudiants de l’inquiétude, des questionnements et bien des soucis. Et aussi parce que le projet se fait en équipe de deux étudiants et que la dynamique dans l’équipe peut entraîner son lot de tensions et de conflits, mais aussi de belles discussions et de réconciliations.

» En plus des professeurs attitrés aux cours de Projet, d’autres professeurs du département de biologie peuvent être sollicités par les étudiants selon leur spécialité. Une équipe de techniciens est de plus très impliquée dans la planification de l’expérimentation. Ils tiennent un rôle primordial dans la logistique entourant l’emprunt et la gestion du matériel et l’utilisation des appareils et locaux. Ils apportent de plus un volet très intéressant dans l’encadrement des étudiants. Avec leurs lunettes de techniciens, ils ont une approche différente de celle des enseignants, qui se révèle très formatrice pour nos étudiants qui seront, eux-mêmes, techniciens après l’obtention de leur diplôme.»

Pourquoi s’inscrire dans un cheminement de recherche au collégial?

Il est important de mentionner que les cours qui servent de support au cheminement de recherche sont obligatoires à l’obtention du diplôme, de préciser les acolytes. «Il est étonnant de remarquer à quel point  les élèves déploient beaucoup d’effort (et se compliquent souvent la vie) à élaborer des projets de recherche originaux qui provoquent des discussions intéressantes et qui conduisent à des conclusions signifiantes en lien avec des problèmes très contemporains. À cela, ils ne sont pas obligés. Ils pourraient plutôt choisir d’élaborer des projets simples qui présentent peu de défi. C’est la volonté de réaliser quelque chose, de se dépasser et de s’attaquer à un problème réel et actuel qui les amène à s’inscrire dans ce cheminement.

» Pour certaines équipes inscrites au concours de l’ARC, il semble que la fierté soit un moteur important dans leur démarche. Les cours Projet développent l’autonomie des étudiants et les responsabilisent face à leurs apprentissages. Ils saisissent l’ampleur du travail réalisé et sont fiers de partager leur réalisation. Les motifs sont évidemment propres à chaque étudiant et la motivation est dans tous les cas bien présente puisque chaque équipe qui présente un projet à l’ARC doit produire des documents répondant à des critères précis. Elle doit donc trouver temps et énergie pour que ce processus soit respecté, et ce, dans un contexte de fin de DEC qui suppose : fin de session, préparation au stage de fin d’études, sans oublier… le bal. »

Projets de recherche à l’ARC  et poursuite des études à l’université.

Selon madame Gauvin, les statistiques du cégep (relance des sortants 6 mois après leurs études), indiquent que seulement 9 % des étudiants poursuivaient leurs études universitaires après leur formation en 2004 (première cohorte au Cégep de St-Laurent). Ce pourcentage a augmenté considérablement avec les années, passant à une moyenne de 43 % pour les années de 2008 à 2012. Une des principales raisons de cette augmentation pourrait être l’entente DEC-BAC établie entre le Cégep de Saint-Laurent et certaines universités (UQAM, Laval, Rimouski…) qui créditent à l’étudiant une année complète d’études au baccalauréat en biologie.

« Nous avons, également, fait un sondage maison auprès de nos finissants,précise madame Gauvin. Les résultats indiquent que la moitié de ces étudiants ont poursuivi leurs études au niveau de la maîtrise. Nous estimons que plusieurs étudiants qui présentent des projets de recherche à l’ARC poursuivent leurs études à l’université. Dans tous les cas, ils auront cependant développé de grandes compétences et surtout un intérêt pour la recherche, ce qui représente assurément un atout de taille pour les suites à l’université et pour un grand nombre d’emplois. »

L’expérience démontre qu’il est possible de structurer une formation autour du point central qu’est la démarche scientifique.

Les trois superviseurs constatent les effets positifs du processus d’encadrement à la recherche mis de l’avant chez eux : « L’expérience démontre qu’il est possible de faire de la recherche et d’initier les étudiants au monde de la recherche à l’intérieur d’un cadre scolaire. L’expérience se veut de plus un formidable exercice d’intégration des connaissances et des compétences développées durant les deux premières années du programme. L’élaboration et la réalisation d’un projet de recherche, en équipe et à l’intérieur de balises bien définies, amènent les étudiants à utiliser et à solidifier le bagage acquis lors des sessions précédentes. Ce cours exige certes une très grande disponibilité de la part des enseignants,fréquemment interpellés pour répondre aux questions des étudiants et résoudre des problèmes qui surgissent à tout moment. Il s’agit cependant d’un cours motivant et enrichissant. À la fin du processus, les étudiants sont fiers de leur cheminement et nous le sommes tout autant qu’eux ».

À propos des Prix étudiants de l’ARC et des projets primés au Cégep de St-Laurent

Toute recherche effectuée à l’intérieur d’un établissement public ou privé du réseau collégial, individuellement ou en équipe, dans le cadre soit d’un cours, soit d’un programme, soit d’une activité parascolaire, est admissible. Il importe que la recherche ait été réalisée au cours d’une période prédéterminée et, dans les cas où la recherche n’a pas déjà reçu l’un des trois Prix étudiants de l’ARC, elle peut être soumise une seconde fois.

Un jury, composé de lauréates et lauréats antérieurs des prix de l’ARC de même que de représentants représentantes du réseau collégial, étudie les dossiers et sélectionne les trois meilleurs. Les prix sont remis lors d’un événement que l’ARC organise dans le cadre du congrès annuel de l’Acfas.

En 2011-2012, les premier et deuxième prix ont été remis à deux équipes d’étudiants en Techniques de bioécologie au Cégep de Saint-Laurent. Leurs travaux ont été supervisés par Dominique Dufault et Lyne Duhaime, enseignant et enseignante de biologie au Cégep  Saint-Laurent. Marie-Claude McDuff et Stéphanie Thériault ont raflé le premier prix pour leur projet intitulé Étude d’impact du broutage excessif de la végétation du parc national des Îles-de-Boucherville par les cerfs de Virginie.

Le deuxième prix a été décerné à Simon Chaussé et Kevin Kaiser pour leur projet intitulé Bacillus licheniformis; la solution miracle au problème des cyanobactéries. L’année suivante, le premier prix fut également remis à des élèves du Cégep de Saint-Laurent, mesdames Virginie Lemieux-Labonté et Mélanie Normandeau Bonneau, pour un projet intitulé Impact de la fatigue sensorielle sur la détection de phéromone naturelle par les carpocapses de la pomme mâles, Cydiapomonella. Leurs travaux ont été supervisés par les deux mêmes enseignants.

Merci aux trois collaborateurs, octobre 2013






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