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TransBIOtech: une crédibilité établie sur de hauts standards de qualité

Entrevue avec monsieur Denis Beaumont, directeur général du Centre collégial de transfert de technologie en biotechnologies, TransBIOTech, du Cégep Lévis-Lauzon

Monsieur Beaumont a enseigné 22 ans en Techniques de laboratoire, voie Biotechnologies au Cégep de Lévis-Lauzon. Il assume la direction générale du Centre TransBIOTech depuis sa création en 1998.

Un centre de transfert intimement lié à sa région
L’appui de la région a joué un rôle important dans la création de ce centre de transfert. Denis Beaumont nous explique : « À l’époque, le chantier maritime de Lévis-Lauzon connaissait des difficultés. L’économie régionale était alors vacillante et les gens de la région ont convenu qu’elle ne pouvait reposer uniquement sur quelques entreprises telles Desjardins, Ultramar ou le chantier maritime en perte de vitesse. Le Cégep, la Ville de Lévis et la Société de développement économique de Lévis ont ainsi décidé d’inscrire Lévis dans la voie de la “nouvelle économie” en créant un incubateur d’entreprises en biotechnologies de façon à garder sur le territoire le personnel hautement spécialisé formé à Lévis-Lauzon. Dans un même temps, nous avons demandé au ministère de l’Éducation de nous autoriser à créer ce centre de transfert. Le tout s’est passé en 1998. Nous avons créé le Complexe technologique Lévis-Lauzon qui héberge actuellement l’incubateur d’entreprises et le Centre de transfert sur le campus du collège. Ce faisant, nous avons créé une structure extrêmement importante pour le territoire de Lévis. Ce complexe est bien perçu par le milieu et le cégep : nous recevons des étudiants en stage, nous créons de nouvelles entreprises, nous faisons rouler l’économie et créons de l’emploi. Si vous regardez l’évolution de Lévis depuis 1998 la fin des années 90, vous constaterez que TransBIOTech continue de croître en embauchant du personnel hautement qualifié, l’incubateur héberge quelque 18 entreprises et nous inaugurerons ce printemps le parc technologique L’INNOPARC, qui hébergera des entreprises en biotechnologie. »

TransBIOTech définit son territoire d’activité en mode Québec métropolitain

Partenaire de Québec international, Denis Beaumont a siégé au conseil d’administration du Parc technologique du Québec métropolitain pendant sept ans. Ce parc est lié à celui de Lévis et travaille en partenariat. Québec international a décidé il y a trois ans de créer une vallée du cosmétique/cosméceutique équivalant à ce que l’on retrouve en France. Des accords de partenariat ont été signés avec la France associant TransBIOTech. De plus en plus d’entreprises du Québec et du Canada investissement ce champ d’activités à l’intérieur desquelles TransBIOTech développe une expertise unique dans les essais sur la peau. 

Un Centre branché sur le département d’enseignement
Le directeur général de TransBIOTech insiste sur le fait qu’il a toujours misé sur les forces des départements d’enseignement du cégep pour assurer son développement et qu’il continue de travailler étroitement avec ces derniers. « J’ai toujours dit qu’avant d’embaucher des gens et de construire des infrastructures à coup de millions, il fallait utiliser les forces vives du cégep. Nous savions que, dans le département de chimie, de biologie et de gestion agricole se retrouvaient 50 enseignants, dont certains détenteurs de doctorats et de maîtrises. Nous avions aussi à notre disposition des laboratoires hautement équipés. Le cégep possédait de plus une ferme. Nous avions tout ce qu’il fallait, ce qui nous a valu d’être le seul centre autorisé en 1998. Le Cégep Lévis-Lauzon comptait aussi un centre en robotique et vision industrielles.

« Jusqu’en 2001, le centre était installé dans les laboratoires du cégep. Il faisait appel à l’expertise des enseignants qualifiés pour faire de la recherche en biotechnologie. Nous avons toujours exigé que les enseignants dégagés pour travailler chez nous conservent une partie de leur tâche en enseignement. J’ai toujours maintenu que la création d’un centre de transfert devait se faire en association étroite avec le Cégep. Ce n’est pas une entreprise privée qui fait ce qu’elle veut. Nous n’existerions pas si le cégep n’était pas là et nous nous devions d’utiliser les forces vives du collège. Nous avons donc signé une convention avec la direction du cégep sur les modalités de libération des enseignants de leur tâche d’enseignement, et ce, dans le respect des conventions collectives. C’est ainsi que nous avons démarré, et ça fonctionne toujours très bien avec au moins six enseignants libérés. »

Le Centre compte en ce moment 20 personnes, dont 14 sont des employés de la corporation sans but lucratif. Le conseil d’administration est composé de 12 personnes : des représentants du milieu socio-économique, des bio-industries, du milieu de l’enseignement/recherche avec un représentant de l’Université Laval provenant de l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), le directeur général du Cégep, ce dernier sans droit de vote, un chercheur du centre et un enseignant venant du département de Biologie et biotechnologies ou de Chimie et techniques de chimie; à ces personnes s’ajoute un avocat. 

Planification stratégique et créneaux porteurs
En 2002, le Centre a réalisé une première planification stratégique qui lui a permis d’identifier ses créneaux porteurs. L’opération a été renouvelée en 2006 et en 2011. Les créneaux identifiés gravitent autour des sciences de la vie, des produits de santé naturels, des aliments fonctionnels et nutraceutiques et de tout ce qui touche de plus en plus à la santé humaine. Le Centre développe actuellement un nouveau champ dans le domaine des produits cosméceutiques, particulièrement les produits reliés aux soins de la peau.

  Le Centre compte trois secteurs de recherche : biologie, chimie analytique, pharmacodynamie. La section en pharmacodynamie est supportée par deux animaleries de recherche accréditées par le Conseil canadien de la protection des animaux. « En 2002, le Cégep a été accrédité par le CRSNG (Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada) et a été le premier collège au Québec à recevoir une subvention du CRSNG pour un projet pilote de 2003 à 2006. Le projet portait sur l’if du Canada et la production de taxol utilisé pour traiter certaines formes de cancer. Après trois ans, le CRSNG a pu constater que nous avions atteint nos cibles, que nous avions respecté les budgets alloués. Le Conseil a réalisé que les cégeps étaient en mesure d’administrer des subventions de recherche importantes. Nous avons donc été des pionniers avec cinq autres collèges communautaires canadiens pour le programme ICC que nous connaissons aujourd’hui », explique monsieur Beaumont. 

Des ressources de premier niveau
Le directeur général parle avec enthousiasme et fierté de son équipe de direction scientifique : « Dans notre section de pharmacodynamie, nous avons un chef de secteur, la docteure Esther Millette, détentrice d’un postdoctorat en sciences pharmaceutiques. Dans le secteur immunologie, c’est le Dr Yvan Boutin, postdoctorat en immunologie, enseignant au cégep et directeur scientifique du Centre. En chimie analytique, nous avons introduit la métabolomique. Le chef de secteur est Maxim Maheux, chimiste, qui a une maîtrise en métabolomique. Il a un parcours intéressant : issu du Cégep de Lévis-Lauzon où il a fait son DEC en chimie analytique, il est allé faire un bac en chimie et a complété une maîtrise en métabolomique; il a eu l’opportunité de donner des cours en analyse instrumentale au département de Chimie et techniques de chimie. Deux de ses enseignants du cégep sont maintenant des chercheurs sous sa responsabilité. En 2010, il a gagné le concours de l’ARC. Il a aussi été nommé lauréat jeunesse lors du Gala Le Soleil/Radio-Canada en 2012.»

Un leader au Canada
TransBIOTech se perçoit comme un leader des centres de recherche au niveau collégial au Canada. Il s’est d’ailleurs qualifié pour la très grande majorité des programmes soumis aux fins de subvention par le Centre depuis 2009. Le Centre a entre autres obtenu une subvention de 2,3 M$ pour développer une plate-forme de vérification de l’efficacité et de l’innocuité des produits de santé naturels et d’autres molécules d’intérêt thérapeutique. Dans le cadre du programme d’innovation dans les collèges et la communauté du CRSNG (ICC), le Centre a soumis 14 projets au volet RDA de recherche et de développement appliqués pour les entreprises, et tous ont été acceptés. Le Centre opère dans un complexe de recherche qui est évalué à 12 millions de dollars. En 2012, TransBIOTech a obtenu du gouvernement du Québec une subvention de 2,1 M $ pour acheter des équipements de nouvelle génération, remplacer des équipements usés et dupliquer des équipements qui fonctionnent à plein régime. Il s’apprête à signer un partenariat avec trois groupes de recherche français spécialisés dans les cosméceutiques et les cosmétiques. Déjà trois missions en France ont permis de jeter les bases de ces collaborations.  

Une force additionnelle de TransBIOTech : travailler avec les universités
En 2000, une entente a été signée entre le Cégep de Lévis-Lauzon et l’Université Laval, spécifiquement entre la Faculté d’agriculture et des sciences de l’alimentation et TransBIOTech. « Sur un horizon de trois ans, nous nous étions donné comme objectif d’avoir un projet commun par année, plus de trois projets ont été réalisés de 2001 à 2003. L’entente a été renouvelée. Nous avons un partenariat très actif avec l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels. Échange d’expertises, dépôt de projets de recherche conjoints, sous-traitance dans certains projets. D’autres collaborations sont également en voie de développement avec l’Université de Sherbrooke et l’Université de Montréal. Le Dr Boutin fait également partie d’un regroupement stratégique des chercheurs du Québec supporté par le Fonds québécois en recherche naturelle et technologie. Il s’agit d’un regroupement de chercheurs provenant entre autres des universités Laval, Sherbrooke, McGill, Montréal et UQAM. Ce regroupement vise également à mettre de l’avant des projets de recherche interordre sur la nutrition avec l’Institut des aliments fonctionnels et nutraceutiques (INAF). »

Travailler en réseau
« J’ai une approche réseau, précise monsieur Beaumont. Nous ne pouvons travailler en mode fermé. TransBIOTech a établi des collaborations avec d’autres CCTT dont Agrinova, Biopterre, le CEDFOB, Cintech, le CÉPROCQ, le CNETE, le CRVI, l’ITEGA, MERINOV, OLEOTEK. Compte tenu de nos spécialités, nous sommes complémentaires. Nous avons voulu nous spécialiser afin de répondre à un marché de PME qui a besoin de nous et ne pas compétitionner d’autres centres. » 

« La crédibilité maintenant établie du Centre repose sur de hauts standards de qualité. »
En conclusion, monsieur Beaumont résume ainsi ce qui fait la force des CCTT et de TransBIOTech en particulier : « Je suis très fier de ce que nous avons réalisé. J’ai un sentiment d’appartenance extrêmement fort au réseau. La formation offerte dans les collèges est vraiment plus qu’excellente. Le potentiel y est remarquable. Nous estimons avoir réussi avec les centres collégiaux à positionner les collèges dans la recherche en enseignement supérieur et nous y méritons notre place.»

Dans le secteur que nous exploitons, nous visons la qualité totale. C’est de cette unique façon que nous pouvons nous associer aux grands groupes de recherche universitaires ou français. C’est ce qui explique également les succès que nous récoltons et accumulons auprès des organismes subventionnaires. »

Entrevue réalisée par monsieur Alain Lallier, éditeur en chef du Portail du réseau collégial.






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