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Madame Huguette Dupont honorée par l’Association québécoise de pédagogie collégiale

C’est avec fierté que Mme Huguette Dupont, conseillère pédagogique au Cégep de Granby, recevait le Prix Vecteur pédagogique 2017 remis lors de l’ouverture du colloque de l’Association québécoise de pédagogie collégiale (AQPC). Ellet s’est dite très heureuse de voir son engagement reconnu et de recevoir ce clin d’œil. Celle qui affirme affectueusement avoir son collège tatoué sur le cœur est stimulée depuis 13 ans à mettre toute l’énergie requise à la réalisation de l’ensemble des projets et des accompagnements sous sa responsabilité. Marie Lacoursière échange avec elle sur sa carrière, sa vision et les défis qui l’attendent.

Un syndrome de l’imposteur

Huguette Dupont trouve un peu affolant de se voir honorée de si belle façon. « J’ai un peu le syndrome de l’imposteur », souligne-t-elle. Dans le sens où « lorsque je pense au Prix Vecteur pédagogique, je m’imagine généralement des candidats qui ont une solide formation en pédagogie ou qui ont enseigné au moins une bonne dizaine d’années. Je me réfère à ceux et celles qui ont formé des professeurs aux éléments fondamentaux de la profession, en offrant par exemple des séances de formation Performa, ou encore qui ont fait de la recherche. Ce n’est pas mon profil. J’ai enseigné certes, mais j’ai accédé à un poste de conseillère pédagogique très rapidement dans mon parcours sans avoir eu le temps d’acquérir une grande formation en pédagogie. J’ai développé mon expertise sur le terrain et par le biais de diverses activités de perfectionnement pouvant répondre directement à mes besoins en fonction des projets que j’avais à mener et de l’évolution de mes tâches. Quand je me compare à d’autres conseillers ou conseillères qui ont un bagage très différent du mien, je suis quelque peu intimidée, moi qui ai un profil tellement différent du CP typique. »

Un parcours différent
Huguette Dupont œuvre à la Direction des études du Cégep de Granby et collabore étroitement avec le personnel du Carrefour TIC. Ce sont ses compétences en technologie qui ont d’abord été décelées puis conjuguées avec sa passion pour la pédagogie. Le regard de ses supérieurs s’est porté sur l’informaticienne de formation qui venait à peine de commencer son parcours en enseignement, mais qui avait la pédagogie à cœur. Graduellement, de préciser la principale intéressée, « j’ai développé rapidement un bon instinct pédagogique. Les compétences rattachées à la technopédagogie et aux technologies en général sont les éléments qui ressortent le plus dans mon parcours et qui m’animent plus particulièrement. C’est ma nature profonde! On m’a engagée au départ comme conseillère pédagogique TIC.Tout ce qui touche la technopédagogie constitue ma mission principale. C’est dans ce domaine où je me sens le plus en contrôle, comme un poisson dans l’eau. J’ai toutefois élargi mon spectre avec les années. Je crois que mon parcours professionnel initial et mes aptitudes personnelles pour la gestion, l’analyse et la résolution de problèmes ont fait de moi une candidate idéale pour les tâches propres aux CP affectés aux programmes. »

Rendre les professeurs heureux
Durant les 13 dernières années, la conseillère pédagogique a eu un apport extrêmement important sur le développement de la technopédagogie dans son collège. À son arrivée, seules quelques classes étaient munies de matériel multimédia. Un bon nombre de professeurs n’avaient pas d’ordinateur, et ceux qui en avaient étaient désuets, provenant souvent de vieux laboratoires. Elle a donc travaillé très fort pour que l’environnement technologique de son collège s’améliore et s’enrichisse. « Dans ce sens, je pense avoir été une bonne lobbyiste pour les enseignants à travers les années afin qu’ils disposent d’outils efficients. Dans ce cadre, mes interventions visaient à rendre les profs heureux. »

Une vision centrée sur l’enrichissement
Huguette Dupont s’engage depuis 13 ans dans l’enrichissement du milieu physique, soit les classes et autres locaux pédagogiques, le matériel et l’équipement auquel les professeurs ont accès. « Je m’implique beaucoup dans tout ce qui touche les aménagements de locaux afin de combler les besoins des enseignants et des étudiants pour que la classe soit agréable, ergonomique et pleinement fonctionnelle. Le soutien à l’enseignement, c’est saisir les besoins et être présent dans toutes les facettes du travail, question d’identifier ce qui pourrait avoir une incidence sur les tâches professionnelles ou enrichir la qualité d’enseignement. » Une de ses réalisations importantes se concrétise à travers la création du Carrefour TIC, un guichet unique rassemblant l’ensemble des techniciens et des services techniques afin d’assurer le soutien technologique à tous les utilisateurs du milieu.

Invitée à commenter le texte de présentation du collège qui affirme que « Mme Dupont représente le dynamisme, la créativité, l’écoute et la passion de l’enseignement d’une professionnelle au collégial », elle avoue que cette description la représente effectivement bien. Elle nous reconnaît également qu’elle est de nature quelque peu hyperactive. Incapable de faire sa petite affaire dans son coin et rouler sur le quotidien, elle entretient le feu d’une tonne de projets. « Au sein d’une équipe de travail, je suis vive, constructive, généralement de nature positive et toujours active. Mon travail avec les enseignants est primordial et je m’y sens à ma place. C’est de leur propre passion que je me nourris. Ce qu’ils font pour les étudiants constitue à mon point de vue le plus beau métier du monde. Je les admire et les soutiens du mieux possible. Mon engagement vient de ma représentation de notre mission commune et contribue à nourrir mes compétences technologiques et pédagogiques. »

             

Des fondamentaux incontournables
Placer la réussite des étudiants au centre de nos actions et assurer aux enseignants les conditions gagnantes pour exercer leur mission sont pour Huguette Dupont des fondamentaux incontournables. La rigueur est aussi une valeur qu’elle incarne. Elle a un esprit analytique qui transpire ce qu’elle fait. « Pour moi, tout ce que nous faisons doit être fait avec rigueur, que ce soit dans un comité, une démarche d’évaluation ou le choix d’un outil. Il faut aussi éviter les silos. Je n’aime pas quand nos actions ne sont pas arrimées entre elles. Je préconise la continuité, la cohérence et la collaboration dans tout ce que nous faisons. C’est pour cette raison que j’ai toujours développé à travers les années d’excellentes relations de travail avec tous les services de mon milieu : la bibliothèque, le Carrefour TIC, l’organisation scolaire et les ressources matérielles sont des services névralgiques pour l’atteinte des objectifs de la Direction des études. Chaque fois que j’analyse un besoin ou une situation, il m’importe d’en considérer tous les aspects : l’impact sur les horaires, la pédagogie et les installations ainsi que les conséquences sur les étudiants et la tâche des enseignants. J’ai cette facilité à voir tous les morceaux du casse-tête et à m’assurer de la cohérence de l’ensemble du rendu. Il m’importe d’impliquer tout le monde dans un travail collectif. »

Aspirations et défis
Il existe deux facettes dans le travail de développement et d’accompagnement de Huguette Dupont. Le volet technopédagogique et le très large volet de la gestion des programmes d’études, se rapportant notamment à l’évaluation de programme, à la rédaction des plans-cadres, à l’animation des comités de programmes et aux grilles de cours.

« Dans les deux cas, ici à Granby, nous sommes dans une période de grand mouvement, de transition et de changements. Au domaine des programmes en particulier, où nous remettons nos processus en question, nous voulons nous doter de meilleurs outils et revoir nos façons de faire. À titre d’exemple, pour l’évaluation de programme, nous appliquions depuis toujours un certain modèle. Nous voulons remettre en question les fondements, la démarche, les moyens, la fréquence et les outils. Dans cette refonte des pratiques s’inscrit le système d’information soutenant l’analyse des différentes données se rapportant à la réussite et au profil des étudiants. Nous disposons d’un nouveau plan stratégique, qui inclut un nouveau plan de réussite. Notre récente démarche d’assurance qualité avec la Commission d'évaluation de l'enseignement collégial (CEEC) a également mené à un plan d’action ambitieux. Nous voilà donc investis dans un gros chantier pour nous doter de meilleures façons de faire et de meilleurs outils afin d’être efficaces et efficients. C’est très exaltant pour moi. »

À sa liste d’aspirations et de défis s’inscrit assurément tout ce qui touche l’apprentissage actif et la mobilité, incluant l’aménagement adéquat des locaux de classe, les programmes portables, la gestion de classe et, surtout, l’adaptation des méthodes pédagogiques et l’accompagnement des enseignants. Elle valorise pour ce faire le soutien et l’importance du réseau REPTIC. « Sans l’aide de mes collègues de ce réseau, il aurait été impossible de développer les technologies dans mon milieu de façon aussi rapide et efficace. Mon implication dans le réseau constitue d’ailleurs une façon de donner au suivant et de maintenir une collaboration constante avec mes collègues aux quatre coins du Québec. »

Côté technopédagogique, les collèges ont beaucoup évolué
Les technologies sont aujourd’hui plus démocratisées, les professeurs sont de plus en plus à l’aise et autonomes dans l’utilisation des outils et de leurs complexités. Selon la conseillère : « La technopédagogie a atteint de façon générale un certain degré de maturité, mais nous avons malgré tout énormément de défis à relever au regard des compétences numériques des étudiants et des personnels de nos milieux. Aussi, nous avons encore besoin d’expliquer la pertinence et l’importance des technologies dans la pédagogie collégiale et leur caractère névralgique dans la formation des travailleurs de demain. Il m’apparait évident que les technologies sont là pour rester et qu’elles ne cesseront de se développer. Le défi sera de s’assurer une fois de plus que nous faisons les choses dans le bon contexte, pour les bonnes raisons et de la bonne manière afin de faire de bons choix. Il y a tellement d’outils qui s’offrent à nous, tellement de choses à apprendre et tellement de choix à faire que c’est devenu un cycle en continu. Tout bouge très rapidement et nous sommes dans un contexte de grande mouvance qui impose d’énormes défis, comme la formation à distance qui devient un essentiel à développer chez nous. »

Former des étudiants à la fine pointe des besoins diversifiés
Sur le plan pédagogique, de nombreux enseignants sont ouverts à l’idée de former les étudiants à la fine pointe des besoins diversifiés, mais ils font face à de nombreuses embûches : manque de temps pour l’intégration, pour la formation et pour l’élaboration des stratégies pédagogiques. Ils sont interpellés par l’amélioration des compétences langagières, le développement des attitudes des étudiants, la maitrise des habiletés TIC et toutes sortes d’autres éléments tout aussi pertinents les uns que les autres. Et pourtant, les objectifs et standards des devis ministériels sont toujours les mêmes, tout comme le nombre d’heures de cours dans les programmes d’études. Pour Huguette Dupont, les défis sont conséquemment énormes du côté des compétences transversales, comme l’amélioration du français qui revêt selon elle une importance capitale. « J’ai toujours eu un attachement très grand pour la qualité de la langue française écrite et parlée. Sans avoir nécessairement un rôle officiel d’intervention directe dans mon collège à cet égard, je me suis toujours gardé une petite place dans mes tâches pour planter des graines et m’impliquer à ma façon. Quand je peux transmettre des ressources ou collaborer avec des gens pour organiser des activités, je le fais sans hésiter. Du côté des défis des prochaines années, soutenir les programmes d’études dans le développement des compétences langagières en est un de taille. Il importe que chacun mette la main à la pâte, un petit pas à la fois. La responsabilité ne revient pas uniquement aux professeurs de français, mais à tous les intervenants de tous les programmes d’études, en tenant compte du temps dont ils disposent et de leurs compétences. Il y a donc trois axes importants qu’il m’importe de développer dans le cadre de mes interventions. Dans ce sens, la gestion des programmes, la technopédagogie et la mise en valeur du français sont trois défis qui s’arriment fort bien entre eux.»

Nos hommages madame Dupont et bonnes suites.






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