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Le RIASQ : la culture en tête

Le Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec « RIASQ» est une corporation à but non lucratif, fondée en 1995. En affiliation avec la Fédération des cégeps, elle regroupe la grande majorité des services d'animation culturelle des collèges, centres d'études ou campus du Québec, publics et privés. À ce jour, 68 établissements d'enseignement desservant plus de 153, 114 étudiantes et étudiants, en sont membres. Les objectifs du RIASQ sont clairs. Il vise à favoriser la concertation et le développement des activités de loisir culturel étudiant, à promouvoir leur rôle éducatif et leur apport dans la réussite éducative des élèves, à encourager le perfectionnement spécifique de ses membres et à accréditer les activités intercollégiales.

Monsieur Pierre Vigeant est directeur général du Réseau intercollégial des activités socioculturelles du Québec depuis avril 2010.Titulaire d'une maîtrise en Sciences du loisir de l'Université du Québec à Trois-Rivières, monsieur Vigeant a été à la direction de trois centres communautaires de loisirs dans différentes régions du Québec. Avant de rejoindre le réseau collégial, il a été pendant une dizaine d'années à la direction générale de la Fédération québécoise des centres communautaires de loisirs. Il assume encore aujourd'hui quelques charges de cours dans le cadre du baccalauréat aux Études en loisir, culture et tourisme. Père de quatre enfants, il est natif de Massueville, un petit village de la région de Sorel-Tracy.

 Nous avons demandé à Monsieur Pierre Vigeant, de nous parler du RIASQ et de ses défis plus immédiats. L’entretien qu’il nous a accordé témoigne non seulement de la vitalité des activités socioculturelles menées dans les collèges du Québec, mais également de leur importance dans la formation des étudiants et des étudiantes.

Monsieur Vigeant, les documents officiels du RIASQ démontrent que sa mission repose sur des valeurs fondamentales qui semblent avoir guidé ses interventions. Qu’en est-il ?

« Le RIASQ a effectivement retenu 5 valeurs qui sont demeurées à la base de ses interventions depuis maintenant 17 ans. Elles sont : le sens du respect à travers la capacité d'écoute et d'empathie envers les personnes, l'engagement envers la mission et les objectifs du réseau et la reconnaissance des missions, valeurs et principes des collèges membres. Le sens des responsabilités et de l'intégrité par la solidarité vis-à-vis les décisions communes, la loyauté envers la Corporation et le sens de l'engagement dans les actions posées. La recherche de créativité et de dynamisme en termes d'innovation, d'enthousiasme dans les actions, de culture d’esprit critique, de capacité d'adaptation aux changements. Le sens de la collaboration et de l'entraide en relation avec le partage et l'ouverture aux autres, la participation au développement de la jeunesse et, finalement, la concertation avec les partenaires et la recherche constante de l'excellence par le biais de la recherche de qualité dans les actions, l'acquisition d'une expertise rigoureuse, le soutien nécessaire au développement et à la réussite de l'élève.

Nous croyons que le respect de ces valeurs constitue une des clés du dynamisme actuel du RIASQ. Elles ont été à la base du développement qui s’est effectué à travers les ans, et demeurent l’assise importante des orientations que nous entendons prendre dans les années à venir. Cégeps en spectacle le plus important concours des arts de la scène du réseau collégial québécois

Cégeps en spectacle découle du dynamisme et de l’enthousiasme de monsieur Michel Drainville, «animateur socioculturel du Collège Ahuntsic qui, ayant constaté l’intérêt marqué des étudiants à son concours de variétés, propose à l’automne 1979, aux autres institutions collégiales de Montréal un concours regroupant tous les arts de la scène. Huit collèges répondent alors à l’invitation. Le concours est basé sur l’autonomie de chacun des collèges qui s’engagent à organiser une finale locale afin de déterminer un représentant pour la finale régionale. Le 5 décembre 1979, la première finale locale de l’histoire se tient au Collège Ahuntsic, suivi le 26 avril 1980, de la finale régionale où Martine St-Clair est sacrée grande gagnante. «Cégeps en spectacle » était né!»

À sa 2e édition, Cégeps en spectacle rassemble 14 collèges.Pour satisfaire cette popularité, les collèges sont regroupés par régions et une finale nationale est ajoutée. Le 17 avril 1981, la première finale nationale a lieu à la Comédie nationale de Montréal. L’année suivante, en avril 1982, pour la première fois, la finale se tient dans un collège à savoir le Collège Shawinigan. Dès les premières années, l’organisation connaît un succès fulgurant et son nombre de participants grimpe rapidement. Il s’attire alors la faveur d’organismes culturels jeunesse qui offrent des bourses et des stages de perfectionnement en Europe à certains finalistes régionaux (Office franco-québécois pour la jeunesse –1987, Agence Québec-Wallonie-Bruxelles – 1989 à 1992 et Jeunesses Musicales du Canada – 1989 à 1992). À partir de 1993, plus de 50 collèges participent annuellement à Cégeps en spectacle, nombre qui dépasse aujourd'hui la soixantaine.»

Pierre Vigeant de compléter. « On connaît Cégeps en spectacle par les artistes qui s’y sont produits et développés, mais on oublie trop souvent que c’est aussi un bassin de formation pour le personnel technique d'éclairage, de sonorisation, de techniques de régie de scène. Beaucoup d’étudiants qui se sont mouillés à ces expériences, devant ou derrière le rideau, ont par la suite fait des carrières

Cette année, Mélissa Lavergne, la percussionniste de l’émission «Belle et Bum », est la porte-parole de la 33e édition de l’événement. Elle exprimait en automne dernier, dans le cadre du lancement des activités annuelles, comment elle était un produit du RIASQ où elle a participé au Festival intercollégial de danse avant de vivre l'expérience Cégeps en spectacle. Elle soulignait comment, l’événement lui a fait réaliser, qu’il était possible de se développer dans un métier de musicien accompagnateur. Elle a poursuivi ses études dans le domaine pour finalement s’accomplir dans une voie extrêmement satisfaisante et valorisante».

Pour le commun des mortels, quel parallèle peut-il être établi entre Cégeps en spectacle et les autres activités du RIASQ ?

« Le RIASQ, comme entité, est venu beaucoup plus tard que Cégeps en spectacle. A l'époque, il existait une corporation qui organisait le Festival intercollégial de théâtre, une autre le Festival intercollégial de danse et une autre l'Exposition intercollégiale d'arts plastiques. La plus-value à regrouper ces quatre corporations est devenue évidente: on rejoignant les mêmes intervenants et les mêmes étudiants. C’est en 1995 seulement que ce dernier en est devenu le producteur. La particularité de Cégeps en spectacle réside dans le fait qu’il soit un concours. La formule “Festival” permet de mettre en lumière et de promouvoir les réalisations étudiantes et de provoquer des rencontres avec le milieu professionnel de la culture, mais dans un contexte où la compétition est absente. Les étudiants présentent leurs productions et suivent des ateliers d’initiation et d’ouverture aux différentes disciplines, offerts par des professionnels. C’est le cas des festivals de danse et de théâtre. La discipline “arts plastiques” quant à elle, revêt aussi un aspect « concours » mais beaucoup moins omniprésent que dans Cégeps en spectacle. Le «Circuit d’improvisation» en est quant à lui dans sa huitième année. Il est né de la nécessité d'offrir un circuit d'improvisation complémentaire aux ligues d'improvisation gérées par les associations étudiantes et les services d'animation. Le Circuit d'improvisation, c'est aujourd'hui quatre tournois, un équipe d'arbitres et de formateurs pour la très grande majorité la même depuis le tout début. L’expertise du réseau RIASQ a été mise à contribution pour implanter un réseau qui vise d’abord la formation, l’initiation et la participation ».

Vous êtes en élaboration d’un nouveau plan d’action triennal?

« Nous travaillons effectivement à la mise à jour de notre plan stratégique. Nous terminons dans ce sens une vaste consultation et une réflexion qui permettent de confirmer que la mission et les objectifs du RIASQ sont bien campés. Le milieu reconnaît et apprécie la façon dont il s’acquitte du mandat qui lui est confié de supporter les gens dans l’organisation des événements intercollégiaux. La mécanique mise en place, les moyens de communication développés, l’ensemble du soutien privilégié pour faire en sorte que des événements culturels se tiennent de façon efficace sont reconnus. Certaines préoccupations ressortent cependant de la consultation et elles sont de trois ordres.

1. Demeurer à la fine pointe des besoins des jeunes et les engager dans nos événements

Selon Pierre Vigeant, un aspect fort du RIASQ demeure l’important sentiment d’appartenance des animateurs qui «sont partie prenante du réseau. Quand on forme des comités, ils sont là. Ils s’identifient bien au RIASQ et en demeurent les grands acteurs lors du déroulement des activités. Bien que nous ayons accueilli 16 nouveaux animateurs au cours des deux dernières années, il n’en demeure pas moins que la grande majorité d’entre eux sont en poste depuis de nombreuses années. Ils connaissent extrêmement bien le milieu et s’interrogent constamment quant aux moyens de communication à privilégier pour rejoindre adéquatement et efficacement les étudiants dans le but de structurer des événements qui répondent à leurs besoins et à leurs intérêts. Dans ce sens, le RIASQ constitue une plateforme et un lieu d’échange intéressant. Il peut et devrait être encore plus utilisé en soutien à des événements se rapportant à des créneaux existants (cinéma, poésie) ou de nouveaux créneaux (improvisation de danse). Le RIASQ est invité par ses membres à mettre l’efficacité de son fonctionnement au service de la promotion et la tenue de nouveaux événements interculturels intercollégiaux».

2. Cerner comment le loisir culturel contribue à la réussite scolaire aussi dans les projets périscolaires.

Le RIASQ, poursuit Pierre Vigeant, s’associe depuis quelques années aux études de monsieur Jacques Roy du Cégep de Sainte-Foy concernant la contribution du loisir culturel à la réussite scolaire. Nous croyons qu’il importe de mettre aussi en lumière comment les jeunes impliqués dans des activités culturelles au collégial réussissent mieux leurs études dans le parascolaire, mais aussi dans le périscolaire. Nous devons chiffrer les éléments qui en témoignent et documenter les moyens à développer dans le domaine dit périscolaire qui, en association avec les programmes éducatifs, pourraient permettre le développement d’activités en liens directs avec les programmes d’études.
Il existe déjà, à titre d’exemple, des expositions d’étudiants en arts plastiques, des activités culturelles intéressantes se rapportant à titre d'exemple au cinéma. Ici et là dans certains collèges des activités qui impliquent une collaboration étroite entre les enseignants et le service d’animation culturelle sont mises en forme. Il devient primordial de les mettre en évidence et de les recenser afin d’en exploiter le potentiel. Pour le RIASQ, il importe de saisir comment le service d’animation culturelle peut s’inscrire en appui à la pédagogie et à la réussite dans les collèges. L’intercollégial de la philosophie constitue un autre bel exemple de collaboration entre le service d’animation culturelle et les professeurs de la discipline. Le RIASQ apporte d'ailleurs son soutien au Collège de Valleyfield dans l’organisation de cet événement qui fait actuellement excellente figure.

3. Préciser la place du RIASQ dans le cadre de l’Agenda 21 de la culture du Québec

Le gouvernement du Québec dévoilait en décembre 2011, l'Agenda 21 de la culture du Québec. Il s’agit en définitive d’un cadre de référence qui a comme objectif de donner l'impulsion à une vision renouvelée du développement de la culture. Il énonce de grands principes adoptés par le gouvernement du Québec concernant la place de la culture et l’importance du loisir culturel dans le développement de la communauté et la participation des citoyens. Comment se situe le RIASQ face au dépôt de cet agenda? «C’est certain que nous nous inscrivons dans cette dynamique. Nous sommes préoccupés par l’accessibilité aux événements qui peut en découler. Nous pensons certes à l’accessibilité financière, mais également au fait que les événements puissent être reçus dans l’ensemble des collèges du Québec. Individuellement pour les gros collèges, mais peut-être en association avec d'autres pour les plus petits. Il s’agit de permettre aux collèges de rayonner dans leur milieu en mobilisant les ressources régionales autour de projets novateurs. La tenue d'un événement intercollégial dans un milieu a une dimension de développement de la communauté non négligeable».

Avril et mai couronnent plusieurs activités RIASQ

C'est sous le thème «On a tous un danseur en soi» que le Festival intercollégial de danse s’est déroulé au Cégep de Jonquière les 13, 14 et 15 avril dernier. Au menu, plusieurs styles de danse allant de la danse contemporaine jusqu'au hip-hop avec des chorégraphies variées ont été présentées par plus de 400 danseuses et danseurs. De quoi satisfaire tous les goûts!

C'est également sous le thème « Rencontrer l'inédit» que le Cégep de l'Outaouais recevait le 26e Festival intercollégial de théâtre les 20, 21 et 22 avril dernier. Près de 500 festivalières et festivaliers, soit 39 troupes collégiales, ont présenté 10 productions en version intégrale et une vingtaine de mini productions. Au total, plus de 20 heures de jeu théâtral réparties sur 5 scènes différentes ont été offertes au public. Un vrai plaisir pour les passionnés de théâtre!

La finale nationale de la 33e édition de Cégeps en spectacle s’est déroulée ce dernier samedi 28 avril au Domaine Forget, une réalisation du Centre d’études collégiales en Charlevoix. Les gagnants et gagnantes comme les participants en sont ressortis enrichis d’une expérience unique.

La 23e édition de l’Xposition intercollégiale d'arts plastiques se tiendra du 3 au 10 mai 2012 au Musée régional de Rimouski et à la Galerie Latitude 48°du Cégep de Rimouski. Lancée pour mettre en évidence le talent et le potentiel artistique des étudiantes et étudiants en arts plastiques des établissements d'enseignement collégial, l'exposition offre une tribune privilégiée aux jeunes artistes tout en valorisant la qualité de la formation artistique donnée dans les collèges, excellente occasion de faire la promotion active de la relève artistique auprès du public.

Bon an mal an, ce sont 5 000 jeunes inscrits dans les collèges du Québec qui ont accès à un calendrier d'activités culturelles intercollégiales variées qui se déroulent de l’automne au printemps. Nombre d'entre eux ont la chance d'expérimenter une facette d'un métier auquel ils se destinent, tandis que d'autres s'inscrivent dans la concrétisation d'un projet développant dans un même temps, le sens de l’organisation, de l'entraide et de la collaboration.

Les activités intercollégiales du Québec ont en commun de stimuler l'intérêt des jeunes, de contribuer à leur développement et de les soutenir dans leur projet éducatif vers la réussite. Autant d'occasions pour eux de s'ouvrir aux autres et de découvrir de nouveaux horizons.

Entrevue réalisée par Mme Marie Lacoursière le 4 avril 2012.






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