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La bibliothèque un milieu de vie
Par Mme. Marie Lacoursière, édimestre pour le Portail du réseau collégial.
Collaboration de Madame Alexandra Lavallée et Monsieur Marc Julien,respectivement spécialiste en moyens et techniques d’enseignement aux bibliothèques du Cégep Limoilou, campus de Québec et de Charlesbourg.
Plusieurs bibliothèques des collèges ont été rénovées au cours des dernières années, et ce, afin de répondre aux besoins d’une clientèle marquée par la mouvance des moyens de communication. Ces bibliothèques poursuivent-elles une nouvelle mission? Les nouveaux lieux répondent-ils aux besoins des élèves et de la collectivité qu’ils desservent? Un sujet d’intérêt, que nous abordons avec Alexandra Lavallée et Marc Julien, respectivement spécialiste en moyens et techniques d’enseignement aux bibliothèques du Cégep Limoilou, campus de Québec et de Charlesbourg.
La bibliothèque, un prolongement de la classe
La classe est au centre de l’enseignement, et la bibliothèque se situe dans son prolongement. Elle constitue un laboratoire d’apprentissage et un des moyens à privilégier dans le cadre de l’aide à la réussite. « Chez nous, au campus de Charlesbourg, précise monsieur Julien, nous parvenions difficilement à répondre aux besoins des étudiants qui arrivaient à la bibliothèque avec leur portable. Nous avions des ordinateurs fixes, mais pas de portables. Trop peu d’espace était adapté au travail d’équipe. En définitive, la bibliothèque consacrait beaucoup d’espace pour le rayonnage et les documents papier. L’accès à l’information a beaucoup changé. L’accès à l’électronique s’est décuplé. Il fallait donc résolument dégager l’espace afin de répondre à ces nouvelles priorités. L’aménagement de nos espaces limitait les possibilités offertes aux étudiants. »
Repenser l’aménagement
Ilôt d’ordinateurs du campus de Charlesbourg
Les travaux de rénovation du Carrefour de l’information autant au campus de Charlesbourg qu’au campus de Québec ont été bénéfiques. L’aménagement est maintenant plus diversifié; un éventail de postes de travail est à la disposition des étudiants : tables basses, tables hautes de style bistro, fauteuils de lecture, tables pour étudier à plusieurs, etc. La bibliothèque dispose d’espaces réservés au travail d’équipe et aux sessions de formation. Aux deux campus, il était important pour les concepteurs que les étudiants puissent s’installer n’importe où, et ce, même s’ils avaient besoin d’un ordinateur. À Charlesbourg, quelque vingt portables disponibles en prêts pour les étudiants ont été intégrés à la banque d’appareils, ce qui a passablement changé la configuration de l’espace. Il n’y avait plus de besoins pour un gros parc informatique bruyant, mais bien pour un plus petit parc informatique qui assure plus de flexibilité en étant associé à l’intégration des portables.
Des salles de travail d’équipe conviviales et multifonctionnelles
Plusieurs salles de travail d’équipe peuvent depuis accueillir seize étudiants. Au campus de Charlesbourg, elles sont dotées d’un système de branchement facile d’accès au centre de la table et d’un écran mural qui duplique les images captées sur les écrans des portables des étudiants au travail. « Auparavant, nous répondions aux besoins du document avant de répondre aux besoins des étudiants », d’insister Alexandra Lavallée.
Parc informatique de Québec
« Au campus de Charlesbourg, comme au campus de Québec, les rénovations dans les bibliothèques ont permis de modifier cette approche. Nous avons décloisonné les lieux afin de pouvoir les moduler en fonction de leur utilité et de leur vocation. Ils sont devenus des milieux de vie. Les services qui y sont offerts sont véritablement centrés sur les besoins des étudiants. Nous y retrouvons des espaces silencieux favorables aux activités de concentration, des espaces à aire ouverte où les étudiants peuvent parler, des espaces réservés au travail d’équipe; et ces espaces sont équilibrés afin qu’ils ne se contaminent pas, ce qui a demandé beaucoup de travail.»
Des lieux propices à l’échange
Aux deux campus, les étudiants ne viennent plus à la bibliothèque uniquement pour consulter un document ou effectuer un travail. Ils y viennent socialiser, échanger sur des travaux, jouer aux différents jeux de tables. « Nous avons développé des zones propices à ces différentes réalités. Les étudiants adoptent les lieux », confirme madame Lavallée. L’ensemble du personnel de la bibliothèque est vraiment satisfait des aménagements réalisés. Dans les deux espaces, insiste Marc Julien, « une attention particulière a été apportée au confort des fauteuils et du mobilier. Nous y tolérons les breuvages et les collations. Cela fait partie de l’accueil réservé aux utilisateurs et de l’atmosphère conviviale que nous réservons au lieu ».
Une salle de formation documentaire instrumentée
Les travaux d’aménagement de la salle de formation documentaire de la bibliothèque du campus de Charlesbourg sont inspirés de la classe d’apprentissage actif, appelée aussi classe du 21e siècle. La collaboration, la participation et l’interaction entre les étudiants sont les principes à la base de la création de la salle de formation documentaire. Les tables ovales favorisent les échanges entre les membres d’une équipe. L’espace de circulation rend possibles les déplacements du formateur et des étudiants entre les tables. Chaque équipe a un ordinateur à sa disposition et des branchements pour les autres portables. Deux projecteurs, dont l’un interactif, peuvent diffuser ce qui se trouve sur l’ordinateur d’une ou deux équipes; de cette façon, certains étudiants partagent leur démarche avec leurs collègues. Cette nouvelle salle permet à la bibliothèque de jouer un rôle important dans la formation aux compétences informationnelles des étudiants. D’ailleurs, la présence d’une salle de formation dans les deux bibliothèques démontre toute l’importance que le collège accorde au programme de formation documentaire qui est le point central dans l’accompagnement des étudiants dans l’acquisition des habiletés informationnelles. D’autant plus que des efforts particuliers sont investis pour en faire une intégration bien réfléchie dans les programmes d’études.
Des taux de fréquentation enviables
Au campus de Charlesbourg, l’augmentation d’utilisation de la bibliothèque depuis le réaménagement serait de l’ordre de 10 à 15 %, représentant une fréquentation quotidienne de 1000 entrées sur une population de 1800 étudiants. Au campus de Québec, le taux d’augmentation de la fréquentation se situerait autour de 75 %, soit quelque 2000 entrées pour une population étudiante de 3700 étudiants.
Les étudiants s’approprient le lieu comme on s’approprie un café pour aller y étudier, lire et échanger. « C’est tellement vrai qu’à Québec, nous avons quelquefois de la difficulté à gérer l’affluence. Le mercredi pendant la période libre, nous sommes obligés de refuser des étudiants parce qu’il n’y a plus assez de place dans la bibliothèque », explique Alexandra Lavallée.
« Nous travaillons en collaboration avec le service socioculturel », précise Marc Julien. « Comme la bibliothèque est moins fréquentée le soir, le service socioculturel y tient, le lundi, une soirée de jeux vidéo. Cela favorise une situation de contact non traditionnelle et permet des échanges que nous n’aurions probablement pas avec des étudiants qui la fréquentent peu. Cela démystifie le lieu et change l’image que s’en fait l’étudiant. Une consultation effectuée il y a quelques années auprès des étudiants concernant la persévérance scolaire indiquait qu’un des éléments faisant en sorte que les élèves ont le goût de venir au cégep réside dans la création d’un milieu agréable, ce que nous nous appliquons à faire. »
Enrichir le rapport à l’enseignement et au savoir
Les bibliothèques contribuent à modifier et à enrichir le rapport à l’enseignement et au savoir. Elles sont essentielles à l’acquisition de l’autonomie dans l’accès à l’information. Elles constituent un élément de l’amélioration de la réussite des étudiants. Au Cégep Limoilou, les corrélations sont claires et de nombreux efforts ont été consentis pour assurer l’efficacité du service et des lieux, ce qui fait dire à une utilisatrice :« La bibliothèque chez nous est magnifique! On s’y sent bien quand on entre ».