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Pour que la cloche sonne

 

 

 

 

 

 

Entretien avec madame Caroline Dionne, directrice de l’entreprise d’entraînement  Alinov Québec

 

 

 

 

Alinov, ce n’est pas un programme ni à strictement parler un cours, c’est une PME, ou plutôt, une simulation de PME. Les gens qui sont formés par Alinov y travaillent comme s’ils étaient dans une vraie entreprise. Rattaché au Cégep de Trois-Rivières, Alinov Québec fêtait en décembre dernier son 20e anniversaire.

Première entreprise d’entraînement en Amérique à voir le jour dans une maison d’enseignement publique, elle a tout récemment accueilli son 2000e participant. Fort d’un taux de placement variant entre 80 et 90 %, Alinov accueille de 80 à 120 personnes annuellement. Nous nous sommes entretenus avec la directrice, madame Caroline Dionne, pour en savoir plus sur le fonctionnement de cette entreprise.

Le concept d’entreprise d’entraînement

Le Réseau canadien des entreprises d’entraînement (RCEE) définit l’entreprise d’entraînement comme une mesure de formation et d’employabilité qui utilise une entreprise simulée pour favoriser les apprentissages pratiques selon la méthode du learning by doing.

Chaque entreprise d’entraînement reproduit toutes les activités commerciales d’une entreprise réelle. Ainsi, elle développe et met en marché divers produits ou services, pour ensuite transiger avec les autres entreprises d’entraînement réparties aux quatre coins de la planète. Les échanges commerciaux ont réellement lieu, si bien que des publicités, des bons de commande, des factures et même des chèques circulent tous les jours au sein du réseau international des entreprises d’entraînement. Bref, tout est conforme à la réalité, sauf la production et la livraison des biens, de même que l’argent utilisé pour les transactions, qui demeurent fictifs.

On y vend des produits comme une vraie entreprise et on vend à d’autres entreprises d’entraînement qui font la même chose. On échange des services, on se facture, on prépare le budget, la comptabilité, la gestion des ressources humaines. Différents départements couvrent l’ensemble des activités de l’entreprise : infographie, marketing, communications, ressources humaines, secrétariat, achats et approvisionnements.

Le profil d'Alinov

(1) Alinov compte 5,5 permanents, dont une personne qui enseigne à demi-temps les logiciels au Cégep de Trois-Rivières. Les activités d’Alinov s’articulent autour de trois volets : formation, affaires et emploi. Dans une journée type, les participants travaillent sur les trois volets. Un permanent d’Alinov travaille exclusivement à la recherche d’emplois pour les stagiaires. Les participants sont âgés de 18 à 64 ans. La moyenne d’âge est de 45 ans.

Une création du Service de formation continue du Cégep de Trois-Rivières

Alinov a été créé par le Service de formation continue du Cégep de Trois-Rivières. Messieurs Léo Guillemette et Gilles Champoux en sont les deux fondateurs. « D’abord, monsieur Guillemette a pris l’initiative d’une mission européenne, au milieu des années 90, afin de rencontrer les dirigeants des deux plus importants réseaux d’entreprises d’entraînement d’Europe et de convenir de la transférabilité du modèle en Amérique. C’est donc lui qui a permis la transformation de l’idée en réalisation concrète. Par la suite, le premier coordonnateur d’Alinov, monsieur Gilles Champoux, lancera l’entreprise de si belle manière que le Cégep de Trois-Rivières recevait, le 17 octobre 1997, un Prix d’excellence de la Fédération des cégeps dans la catégorie “Développement pédagogique” pour la mise sur pied de l’entreprise d’entraînement Alinov Québec », explique Raymond-Robert Tremblay, directeur général du Cégep. Pourquoi « Alinov »? « Al », c’est pour « altitude », car les participants prennent de l’altitude en choisissant de faire Alinov! Les lettres « inov », c’est pour « innovation », pour le projet en soi et pour les produits virtuellement vendus.

Un réseau canadien et mondial présent dans plusieurs cégeps

Les liens avec le Cégep sont demeurés étroits. Tous les employés d’Alinov sont des employés du Cégep. Alinov est membre du Réseau canadien des entreprises d’entraînement (RCEE) et commerce avec plus de 7 500 autres entreprises d’entraînement. Plusieurs cégeps sont partenaires de telles entreprises, comme, par exemple, Plastigroulx Québec (Sainte-Thérèse) Tandem international (Beauce-Appalaches) et Translab (Thetford). L’ensemble des centres d’entraînement se rencontrent deux fois par année pour simuler deux foires commerciales.

Un taux de placement de 85 %

Les mises à jour au niveau des logiciels et des langues (anglais et français) ouvrent les portes de l’employabilité aux participants. Caroline Dionne explique : « On travaille beaucoup sur l’attitude au travail. On travaille avec les gens pour prendre connaissance de leur manière de travailler. Dès les premières semaines, les personnes sont soumises à une batterie d’évaluations de leurs compétences en français, en anglais et en informatique. Ce portrait permet d’élaborer un plan de développement plus ciblé. Les employeurs font appel au centre pour dénicher la perle rare en fonction de leurs besoins. Le stage dure environ 14 semaines. Mais les participants quittent souvent Alinov avant pour un emploi. Des stages de deux à quatre semaines sont également possibles directement dans les entreprises, pour s’assurer que le mariage entre les besoins du participant et de l’entreprise est conciliable. »


Par-delà les chiffres, la dimension humaine

Madame Dionne tient à souligner l’importance qu’Alivov accorde à la dimension humaine dans leur entreprise : « Toute l’équipe travaille très fort pour soutenir les personnes qui ont souvent besoin de panser des blessures. Plusieurs ont vécu du harcèlement au travail. Certains ont perdu leur emploi après 30 ans au même endroit. Nous travaillons avec eux sur la confiance en soi, l’acceptation face au changement et sur le cheminement à faire dans leur nouvelle situation. Nous allons beaucoup plus loin que la simple assistance à la préparation d’un curriculum vitae; nous offrons un cheminement beaucoup plus large. »

Cultiver le réseau des « alinoviens »

Le mode de fonctionnement d’Alinov permet aux stagiaires de cultiver tout un réseau de contacts avec les autres « alinoviens ». Toutes les activités du centre se déroulent à aire ouverte, favorisant ainsi les interrelations entre la trentaine de personnes à l’œuvre. Les bureaux des personnes-ressources sont situés tout autour, ce qui leur permet de constater rapidement les difficultés rencontrées par les participants.

Voici quelques témoignages de participants :

« Je tiens à vous dire à quel point j’ai apprécié mon expérience chez Alinov Québec. J’y ai appris que de belles choses, que ce soit côté travail ou relationnel. Et que dire de ma grosse bibitte noire… La foire commerciale de Boucherville. :-) J’y suis allée et j’en suis très fière. Mille mercis à toute l’équipe d’Alinov; vous m’avez apporté beaucoup et vous allez me manquer. » - Jessica Thibault

« Bonjour à tous, je tiens à vous remercier tous et toutes pour votre soutien. Je suis très heureuse d’avoir passé chez Alinov, d’avoir rencontré de superbes personnes. Merci pour votre soutien et votre encouragement. Grâce à vous, je renais enfin et je réalise un rêve! Celui d’avoir un emploi qui me convient vraiment. Merci. » - Mélanie Young

« Je vous quitte à la toute dernière minute avec un EMPLOI, c’est merveilleux. Jamais je n’oublierai mon passage chez Alinov. J’ai appris, j’ai été mise à l’épreuve et j’ai rencontré de belles personnes. Un gros merci à toute l’équipe extraordinaire. » - Linda Maltais

« Une entreprise formidable qui nous donne envie d’avancer et de persévérer. Une équipe formidable qui nous aide tant professionnellement que personnellement. Vous êtes des gens de cœur qui nous transportent tout au long de notre parcours chez vous vers la réussite. Je n’oublierai jamais mon passage chez Alinov. À chacun de vous, merci! merci! merci! » - Nathalie Longuépée

La cloche a sonné

Durant notre entretien, une cloche s’est mise à sonner. Madame Dionne m’a expliqué qu’aussitôt qu’un participant annonce qu’il a trouvé un emploi, on sonne une cloche et on arrête toutes les activités. « C’est un moment très touchant! » confesse-t-elle émue. C’est un temps d’arrêt où on célèbre l’aboutissement de ces semaines de travail, de recherche, d’angoisse et d’espoir… Car se trouver un emploi, c’est se définir dans la société, c’est s’accomplir comme individu… c’est aussi être capable de payer ses factures.

Dossier préparé par Alain Lallier, édimestre et éditeur en chef, Portail du réseau collégial

1. Réseau canadien des entreprises d'entraînement






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