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Et là, le voyage commence!

Présentation par madame  Marie Lacoursière 

 En fin d’année académique 2011, messieurs Jean St-Denis et Michel Perreault, tous deux  enseignants d’éducation physique au Collège de Maisonneuve ont accompagné  un groupe d’étudiants, à travers une randonnée pédestre au cœur des Alpes Maritimes. Un groupe de 17 étudiants s’est ainsi  envolé afin de réaliser une randonnée dans le Parc national du Mercantour. Le sentier du Mercantour est un véritable trésor du patrimoine naturel français. Le versant des montagnes, dont certaines dépassent 3 000 mètres, abrite une faune et une flore remarquables par leur richesse et leur diversité.

Et là, le voyage commence !
Par messieurs Jean St-Denis et Michel Perreault, enseignants d’éducation physique au Collège Maisonneuve.

Depuis quelques années, le Collège de Maisonneuve par son département d’éducation physique offre un cours dépaysant : une randonnée pédestre de 16 jours au cœur des Alpes Maritimes, qui longent la France et l’Italie au nord de Nice. Le nouveau cours fait partie de l’ensemble 3 du programme d’éducation physique collégial. Il s’adresse à tous les étudiants du Collège désireux de vivre une expérience significative durant leur formation. Il s’échelonne sur toute une année. Pour se préparer physiquement,  les étudiants suivent un programme personnel d’activités et ont participé à des randonnées aux monts Sutton et Orford.

Au tout début, nous avons cru que l’objectif principal, ou plutôt l’attrait principal de ce cours était de permettre à l’élève d’aller à la rencontre de l’autre par une immersion dans une culture riche, tant en ce qui a trait à ses paysages, sa langue, son histoire et sa gastronomie. Après nos observations anthropologiques des élèves et la lecture de nombreuses réflexions écrites des étudiants, rédigées au terme de ces voyages, force est de constater que nous nous sommes trompés.

Le véritable voyage est ce périple à la rencontre de soi ! 

Loin de papa,
Loin de maman,
Loin du Québec,
Loin de la blonde,
Loin du chum,
Loin des amis,
Loin du travail,
Loin du téléphone,
Loin de l’ordinateur,
il semble s’opérer une même réaction alchimique chez chacun de nos élèves.

Les premiers jours, c’est l’émerveillement par le voyage en avion, l’arrivée à Nice, l’autobus dans la vallée escarpée de la Tinée, les villages pittoresques, la transhumance des moutons.

Du bruit au silence!

Les jours suivants, c’est l’habituation à la rigueur et la rugosité de la marche en montagne. On assiste à la création de groupuscules de marcheurs selon les capacités physiques et les capacités empathiques.

Puis invariablement, vers la moitié du périple, souvent avec la pluie, viennent les premiers orages dans le groupe; des ampoules qui non seulement limitent la capacité de marcher mais la capacité de communiquer efficacement, les courtes nuits de sommeil qui enrayent la capacité de voir la magnificence, les montées vers les cols enneigés qui n’en finissent plus, le sac à dos qui semble de plus en plus lourd, les pieds humides ainsi que quelques yeux. Tannés, vannés, écœurés, ils le sont!

Et, c’est à cet instant qu`arrive le moment magique, mystérieux. Presque imperceptiblement, l’élève, pour la première fois du voyage, marche seul. Bien que toujours entouré, il est seul, il est loin, il ne chemine plus sur un sentier, il est ailleurs. De marcheur invétéré et invertébré vers le refuge du soir, il devient un solitaire tourné vers soi.

Et là, le voyage commence! 

…. «La marche est ouverture au monde. Elle rétablit l'homme dans le sentiment heureux de son existence. Elle plonge dans une forme active de méditation sollicitant une pleine sensorialité. On en revient parfois changé, plus enclin à jouir du temps qu’à se soumettre à l'urgence prévalant dans nos existences contemporaines. Marcher, c’est vivre par corps, provisoirement ou durablement. Le recours à la forêt, aux routes ou aux sentiers, ne nous exempte pas de nos responsabilités croissantes envers les désordres du monde, mais il permet de reprendre son souffle, d'affûter ses sens, de renouveler sa curiosité. La marche est souvent un détour pour se rassembler soi », L'éloge de la marche de David Le Breton (2000, Métaillé)».

Dans nos environnements actuels où tout tend vers l'extériorisation de soi , il est magique de s'offrir quelquefois ces moments qui permettent une centration. Dans notre réalité quotidienne qui trop souvent nous éloigne de nous-mêmes, dans cette grande centrifugeuse moderne, il peut être bénéfique quelquefois de n`avoir rien d`autre à faire que de mettre un pied devant l’autre, inlassablement, inexorablement. Et c’est souvent dans ces moments-là, dans ces silences-là, que l’élève rejoint pleinement la mission éducative fondamentale qui devrait être la pierre angulaire de notre système d'éducation; le dépassement de soi. Et encore mieux, ce dépassement personnel qui crée par osmose le dépassement d’un groupe, d'une cohorte, d'une collectivité."

Une expérience pédagogique menée en collaboration avec le Service de Coopération internationale du Collège de Maisonneuve.






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