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Claude Bourgie Bovet, mère du Prix littéraire des collégiens, n’est plus

Photo: Page Facebook de la Fondation de l'UQAM Claude Bourgie Bovet, présidente de la Fondation Marc Bourgie, en 2018

Catherine Lalonde et Mathilde Beaulieu-Lépine Le Devoir

Son ambition était grande, sa vision, claire. Claude Bourgie Bovet rêvait pour le Québec d’un prix littéraire semblable au Goncourt des lycéens, en France. Un prix qui fasse lire aux jeunes d’ici leur littérature. Qui leur permettent d’en apprivoiser les styles, de la comprendre en profondeur, en traversant cinq romans, des nouveautés, à chaque édition. Un prix qui leur apprenne à débattre, pour élire, lors d’une réunion en marge du Salon international du livre de Québec, leur bouquin de l’année. Mission accomplie pour Claude Bourgie Bovet, décédée à l’âge de 73 ans, le 7 avril dernier, quelques jours avant le dévoilement du lauréat de la 22e édition.

En 2004, Claude Bourgie Bovet, présidente de la Fondation Marc Bourgie pour l’éducation des jeunes, cofonde, après une première édition pilote, le Prix littéraire des collégiens et des collégiennes au Québec, avec Bruno Lemieux, professeur de littérature au cégep de Sherbrooke.

Il rassemble alors plus de 500 étudiants de 34 collèges et cégeps au Québec. C’est Contes butô, d’Ook Chung (Boréal), qui remporte leurs faveurs.

Cette année, le prix réunissait 62 établissements. Quelque 1000 étudiants participent désormais chaque année. Ils lisent cinq romans tout frais ; choisissent leurs préférés ; préparent leurs arguments ; élisent un porte-parole de leur cégep qui ira à Québec, à la « délibérante », porter leurs favoris.

« 1000 étudiants qui te lisent, c’est une masse critique hal-lu-ci-nan-te », commente Sébastien Dulude. Son Amiante (La Peuplade) a été devancé par Poudreuse, premier roman de Sophie Lalonde-Roux. Pour M. Dulude, « l’accueil pour tous les auteurs est incroyable, et les retours que nous font les jeunes sont de très grande qualité ».

« Le Prix littéraire des collégiens, c’était [le] bébé », de Claude Bourgie Bovet, se remémore Richard Prieur, ex-directeur de l’Association nationale des éditeurs de livres. « Elle a dit, il y a quelques semaines, que c’était sa plus grande réussite professionnelle », confie à son tour Bruno Lemieux.

« Parce que ça rejoignait tout ce qu’elle trouvait important, continue-t-il. La curiosité, la pensée, la littérature, l’éducation, le besoin de faire une différence positive dans la société. Et son soutien et sa foi en la jeunesse. »

Du travail, des bras, de l’amour, des sous

Aux tout débuts, Mme Bourgie Bovet assure le soutien essentiel financier — allant jusqu’à défrayer pour le transport et l’hébergement à l’hôtel Manoir Victoria des collégiens qui viennent débattre. Jusqu’en 2020, elle-même « envoyait les livres aux cégeps, en préparant les boîtes dans son garage », sourit M. Prieur.

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15 avril 2025