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Il faut qu’on parle du cégep

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

« Les cégeps constituent un fleuron de la Révolution tranquille », écrit notre collaboratrice. Ici, le cégep du Vieux Montréal.

Hélène David

Hélène David Collaboration spéciale

C’est en 2008 que j’ai pris pleinement conscience de l’importance sociale, éducative et économique du réseau collégial, lors de mon passage comme sous-ministre adjointe à l’Enseignement supérieur. J’avais alors été à même de mesurer toutes les avancées et les réussites des cégeps depuis leur création dans les années 1960. Mes convictions n’ont fait que se raffermir au fil des ans.

Le réseau collégial est unique en son genre. Il n’a pas d’équivalent en Amérique du Nord, avec les programmes préuniversitaires qui côtoient les programmes techniques, son tronc commun de formation générale, la recherche importante qui s’y réalise, sans compter ses enseignements délocalisés dans tous les recoins de la province. Ses équipes sportives, son ouverture sur le monde et l’implication engagée de ses étudiants en font des lieux de vie soutenants et stimulants.

Les cégeps constituent un fleuron de la Révolution tranquille. L’importance d’un réseau collégial pour préparer les jeunes à l’université ou les former pour le marché du travail n’est plus à démontrer. Il s’agit d’un environnement structurant et soutenant, assez souple pour leur permettre de choisir et de découvrir la carrière qu’ils feront, tout en recevant une solide formation générale qui leur permettra d’exercer leurs droits et devoirs de citoyens avec une culture et un sens critique développés.

J’ai récemment visité le collège Ahuntsic, dans le nord de Montréal, un cégep urbain et cosmopolite où enseignent près de 600 professeurs et que fréquentent près de 8000 étudiants et étudiantes.

Nathalie Vallée préside depuis 10 ans aux destinées de ce collège. « J’ai la plus belle job au monde ! Nous accompagnons de jeunes adultes durant une période charnière de leur vie. On leur permet d’entrer en contact avec de nouveaux concepts, de nouvelles idées. On leur offre la possibilité de se découvrir, de se tromper et de se réorienter », dit-elle.

La directrice générale affirme que les valeurs qui ont contribué à la création du réseau collégial sont aujourd’hui encore plus incarnées que lorsqu’elles ont été définies, compte tenu des changements sociaux et politiques des dernières années et aussi de l’influence de plus en plus présente de l’intelligence artificielle. « Il faut être encore mieux formé dans la capacité de réfléchir, de porter un jugement, d’analyser, et ce, en se basant sur des faits scientifiques et vérifiés », ajoute-t-elle.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Nathalie Vallée, directrice générale du collège Ahuntsic, en 2022

Les étudiants sont à des années-lumière de ce que j’étais à leur âge : plus allumés, plus volontaires et conscients de leur environnement.

Nathalie Vallée, directrice générale du collège Ahuntsic

J’ai aussi assisté au cours d’une jeune professeure, Stéphanie Bourbeau, très engagée dans l’enseignement d’une matière a priori pas très populaire auprès des étudiants : la philosophie. Ce n’est pas simple de présenter les concepts philosophiques dans un cours obligatoire, à des jeunes de tous les horizons et de tous les programmes d’études. Mais c’est « pour aider les plus vulnérables » qu’elle veut continuer d’enseigner.

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19 mars 2025