Nouvelles

Insécurité alimentaire au cégep

Près d’un élève sur deux touché

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Depuis deux ans, les chercheurs Éric Richard et François Régimbal s’intéressent aux comportements alimentaires des cégépiens.

Au cégep, plus de 4 élèves sur 10 vivent une forme d’insécurité alimentaire, révèle une étude inédite obtenue par La Presse. Une situation d’autant plus inquiétante qu’avoir le ventre vide en classe nuit à la réussite scolaire, soulignent les experts.

Léa Carrier La Presse

Depuis deux ans, les chercheurs François Régimbal et Éric Richard s’intéressent aux comportements alimentaires des cégépiens.

Dans le cadre de leurs travaux, ils ont mesuré le niveau d’insécurité alimentaire chez cette population. À leur connaissance, jamais une telle étude n’avait été faite au Québec.

Les chiffres qu’ils présentent sont « choquants », disent-ils : près de 44 % des élèves des cégeps vivraient une forme d’insécurité alimentaire, qu’elle soit grave, modérée ou légère.

L’insécurité alimentaire est un « angle mort » du réseau collégial, déplore Éric Richard, qui travaille dans les cégeps depuis 25 ans.

« On en parle beaucoup au primaire et au secondaire. On dit qu’un enfant qui a le ventre vide, ça ne favorise pas l’apprentissage. Mais on dirait qu’aux études postsecondaires, on l’oublie », déplore le professeur de sociologie au cégep du Vieux Montréal et chercheur à l’Observatoire Jeunes et société.

Réalisée l’automne dernier, la collecte de données s’est effectuée dans six cégeps de tailles et de régions différentes. Au total, 2127 élèves ont répondu à un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires des trois mois précédents.

Près de 13 % ont signalé une insécurité alimentaire grave, c’est-à-dire qu’ils avaient été forcés de sauter des repas ou de réduire la taille de leur assiette, faute d’argent.

Parmi les répondants, 8 % ont répondu vivre une insécurité alimentaire modérée, ce qui signifie que la quantité ou la qualité de leur alimentation a été compromise durant la période ciblée.

Enfin, 23 % ont rapporté avoir craint de manquer de nourriture ou de ne pas avoir accès à une alimentation variée, ce qu’on définit comme de l’insécurité alimentaire légère.

Les chercheurs ont utilisé le même instrument de mesure que celui dont se sert Statistique Canada pour mesurer l’insécurité alimentaire des ménages.

« Ça fait peur »

L’automne dernier, la Fédération étudiante collégiale du Québec et l’Union étudiante du Québec ont aussi mené leur propre sondage sur l’insécurité alimentaire.

Les résultats, qu’ils présenteront ce mardi lors d’une conférence de presse, reflètent ceux des chercheurs. Environ 40 % des répondants ont rapporté avoir vécu de l’insécurité alimentaire dans la dernière année.

Lire la suite