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Hobbes, l’Amérique et le besoin d’État

Olivier Leclerc Provencher

L’auteur est professeur de philosophie au cégep Édouard-Montpetit.

La situation de certains pays qui sont près de nous géographiquement devrait nous inquiéter. Notamment parce que beaucoup de nos concitoyens sont originaires de ces pays et que nous partageons par sympathie une part de leurs souffrances, mais également parce que la déstabilisation sociale et politique de certains États latino-américains et caribéens n’est pas étrangère aux vagues migratoires qui déferlent sur les États-Unis et sur le Canada.

Derrière ces vagues migratoires se cache la misère, mais également un besoin d’État. De fait, les personnes qui quittent aujourd’hui certains pays sud-américains ne le font plus simplement pour s’assurer un meilleur avenir, elles le font pour survivre, simplement, parce que la vie à plus ou moins court terme n’y est plus garantie par des gouvernements désormais impuissants devant le pouvoir de groupes criminels.

À ce titre, le danger qui menace toute société où le pouvoir politique fait preuve d’impuissance est maintenant évident. Nous n’avons qu’à penser à ce qui se passe depuis quelques mois en Haïti ou à ce qui se produit depuis quelques décennies au Mexique. Sur un plan philosophique, c’est Thomas Hobbes qui, dès le XVIIe siècle, avait théorisé la nécessité de l’État et le risque qui pesait sur toute collectivité humaine lorsque cette institution était absente ou concurrencée.

Ce philosophe avait d’ailleurs réfléchi à son époque, dans un contexte de guerre civile, sur les moyens ou les pratiques réflexives permettant de sortir du chaos. À un point tel que, dans la philosophie hobbesienne, à l’instar d’une figure de géométrie, l’État apparaît à bien des égards comme une construction rationnelle.

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27 avril 2024