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Conseil supérieur de l'Éducation - S'adapter et apprendre pour évoluer

Quand, jeune ingénieure, elle a réalisé un contrat au Québec en 1980, Malika Habel ne se doutait pas qu'elle reviendrait s'y établir vingt ans plus tard! Ayant étudié en Algérie et en France, elle ne connaissait rien du réseau collégial québécois auquel elle s'est rapidement intégrée, comme enseignante, administratrice, puis directrice générale du Collège de Maisonneuve depuis 2013.

Son regard venu d'ailleurs, Mme Habel le considère comme une force : il l'amène à remettre en question, à comparer et à entrevoir de nouvelles possibilités. Comme sa formation scientifique, à laquelle elle attribue son esprit pragmatique et investigateur.

Au Conseil supérieur de l'éducation, elle a d'abord mis son expertise à profit comme membre de la Commission de l'enseignement collégial de 2007 à 2011, contribuant aux avis Regards renouvelés sur la transition entre le secondaire et le collégial et Un monde de possibilités : l'internationalisation des formations collégiales. Membre du Conseil depuis 2018, elle est présidente de la Commission de l'enseignement et de la recherche collégiale, nouvelle appellation qui réjouit cette enthousiaste de la mission de recherche des collèges.

C'est sous sa présidence qu'est paru l'avis Les collèges après 50 ans : regard historique et perspectives. Mme Habel souligne d'ailleurs l'existence de liens entre les enjeux mentionnés dans ce document et la situation provoquée par la COVID-19. L'accessibilité aux études collégiales, par exemple, où des défis persistent pour certaines populations, dont les étudiantes et étudiants vivant en région éloignée ou issus de milieux socioéconomiques plus modestes. Le passage obligé vers la formation à distance a exacerbé cet enjeu, l'accès à une connexion Internet fiable et à un environnement informatique approprié étant désormais des conditions supplémentaires d'accès à la réussite.

De plus, Mme Habel souligne que la vie en collectivité est une des finalités du collège, lieu privilégié d'apprentissage du vivre-ensemble, des valeurs collectives et citoyennes, ainsi que de la démocratie. Autant d'aspects de la formation qui font défaut à l'heure actuelle, au-delà des possibilités pédagogiques offertes par le numérique.

Un autre enjeu mentionné dans cet avis est le pilotage du réseau collégial, devant être défini par un partage productif des responsabilités entre l'État et les collèges, notamment en ce qui concerne l'actualisation des programmes d'études. Au moment où la pandémie bouleverse le marché du travail, les collèges doivent faciliter la requalification de la main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs. Il importe plus que jamais, selon Mme Habel, qu'ils puissent disposer de leviers leur permettant d'offrir en temps opportun une formation adaptée aux réalités actuelles.

Toutefois, la pandémie a aussi démontré l'ampleur des possibles. Plusieurs avancées autrefois impensables ont été réalisées au cours des derniers mois. Pensons par exemple au soutien psychosocial de la population étudiante, désormais offert à distance pour permettre au plus grand nombre d'en bénéficier. La situation nous pousse à nous adapter, à apprendre. Un acquis précieux, soutient Mme Habel, car apprendre, c'est évoluer!