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Hausse des consultations pour anxiété dans les cégeps

Article publié par Ici.Radio-Canada - Daniel Boily; Jean-Philippe Robillard

22 octobre 2020 - Avec la pandémie, les étudiants sont de plus en plus nombreux à souffrir d'anxiété. Au point que certains d'entre eux se retrouvent sans ressources faute d'accès à des services de soutien. Dans les cégeps, des initiatives sont mises en place pour répondre à ce manque en attendant de pouvoir embaucher du personnel supplémentaire.

Au Cégep Saint-Laurent, les demandes de consultation d'étudiants qui veulent voir le psychologue, le technicien en travail social, le travailleur social ou encore la sexologue sont en augmentation.

Et c'est même au-delà de ce qu'on constate normalement, indique Danielle Malkassoff, directrice des services aux étudiants.

Ainsi pour cibler des étudiants un peu plus vulnérables et leur offrir un système de parrainage, le personnel du cégep prend soin de joindre au téléphone les nouveaux étudiants qui arrivent du secondaire.

Le personnel enseignant est également mis à contribution. Les profs nous disent que c'est un peu plus dur de déceler qu'un étudiant ne va pas bien à travers sa caméra dans un cours Zoom. On est préoccupés qu'il y ait des étudiants qui vont nous échapper, indique Mme Malkassoff.

Ce constat est partagé par ses collègues du Réseau intercollégial des intervenants psychosociaux (RIIPSO), dont elle est la présidente.

Absence de socialisation
Marie Babbini, 17 ans, en est à sa première session au Cégep Saint-Laurent. Elle ne cache pas les réactions que soulève en elle le manque de socialisation. C'est sûr que c'est difficile de couper des contacts sociaux, parce que d'habitude tu mixes école avec amis.

On est face à nous-mêmes, on réfléchit beaucoup, et des fois, on pense trop et ça nous rend tristes, anxieux.

- Marie Babbini, étudiante

Paul Payette, technicien en travail social au Cégep Saint-Laurent, le constate tous les jours : La situation actuelle est beaucoup venue amplifier les difficultés que plusieurs vivaient. On a beaucoup de demandes depuis le début de la session.

Selon lui, l'isolement [...] vient augmenter les inquiétudes et l'anxiété chez les jeunes. Il accélère des problématiques qui étaient latentes.

Au Cégep Montmorency, le directeur général, Olivier Simard, et la conseillère en services adaptés, Isabelle Delage, expliquent avoir mis en place un lieu d'étude virtuel pour briser l'isolement de certains étudiants. On essaye de regrouper chaque étudiant qui est seul dans son sous-sol, dans sa chambre, dans sa cuisine, explique Mme Delage.

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Téléjournal Montréal
Services en santé mentale débordés au cégep

Consommation et anxiété
Selon une étude réalisée le printemps dernier auprès d'environ 1500 étudiants d'une dizaine de cégeps, la crise sanitaire a mis en relief des situations d'anxiété et de consommation d'alcool et de drogues.

L'étude en cours, dirigée par Simon Larose, professeur et chercheur au Département d'études sur l'enseignement et l'apprentissage de la Faculté d'éducation de l'Université Laval, montre que 20 à 30 % des étudiantes et étudiants collégiaux consomment davantage d'alcool et de drogues depuis le début de la crise sanitaire.

Par ailleurs, selon les premières analyses, le stress est particulièrement prévalent dans la région de Montréal.

L'apprentissage à distance exacerberait les symptômes d'anxiété et les personnes anxieuses seraient plus nombreuses à passer un test de dépistage de la COVID-19, d'après la même source.

Renforts et patience
Au mois d'août, la ministre de l'Enseignement supérieur annonçait près de 3,7 millions de dollars pour du soutien psychosocial dans les cégeps.

Comme l'indique la directrice des services aux étudiants au Cégep Saint-Laurent, on a un peu de difficulté à en obtenir parce que tout le monde offre des postes en même temps [...] dans les collèges. On essaie d'avoir le plus de ressources possible de gens qui peuvent aider les étudiants.

De son côté, Bernard Tremblay, directeur général de la Fédération des cégeps, ne s'attend pas à un retour en classe en janvier prochain.

À moins d'un miracle, je pense qu'on doit être conscient qu'on ne peut pas regrouper 5000 étudiants dans un même lieu avec tous les contacts que ça entraîne. On n'a pas le choix de maintenir les règles actuelles jusqu'à nouvel ordre, dit-il.