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La pandémie rend la vie dure aux étudiants étrangers

Article publié par Le Devoir.com -  Marco Fortier

Photo: Alice Chiche Le Devoir L'impossibilité de passer les tests biométriques bloque les démarches de milliers d'étudiants et de travailleurs étrangers prêts à venir au Québec ou ailleurs au Canada.

Non seulement aux États-Unis, où le gouvernement Trump menace de renvoyer dans leur pays d'origine plus d'un million d'étudiants internationaux, mais aussi au Québec — en raison d'obstacles financiers et administratifs.

Les associations étudiantes, les cégeps et les universités pressent le gouvernement fédéral de relancer la collecte de données biométriques dans les bureaux du Canada à l'étranger, qui ont été fermés depuis le mois de mars en raison de la pandémie. Comme l'a rapporté jeudi Le Devoir, l'impossibilité de franchir cette étape bloque les démarches de milliers d'étudiants et de travailleurs étrangers prêts à venir au Québec ou ailleurs au Canada.

« On a investi beaucoup pour attirer les étudiants étrangers, ça serait dommage de perdre ces étudiants-là », dit Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

Pour des cégeps en région, comme ceux de Matane ou de Saint-Félicien, les étudiants étrangers sont une question de survie. Près de la moitié des étudiants du cégep de Matane proviennent d'autres pays.

À défaut d'offrir dès maintenant les tests biométriques, il faudrait accorder un délai aux étudiants internationaux pour éviter de leur fermer la porte aux établissements d'ici en vue du trimestre d'automne, estime Ginette Legault, directrice générale du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), qui regroupe les 18 établissements québécois.

« Les universités font des efforts inouïs pour accommoder les étudiants internationaux. Ce n'est pas juste une question financière pour nous. Il faut ouvrir le Québec sur le reste du monde. La diversité est une richesse », ajoute-t-elle.

Une richesse culturelle pour le Québec et une richesse financière pour les établissements : 4500 élèves internationaux fréquentaient les cégeps l'an dernier, et plus de 48 000, les universités (16 % de l'effectif universitaire). Québec a déréglementé les droits de scolarité des étudiants étrangers, de sorte que ceux-ci sont perçus comme des vaches à lait pour les établissements.

Être ou ne pas être en classe

Québec a demandé aux cégeps et aux universités d'offrir « autant que possible » des cours en présence lors de la session d'automne, mais ceux-ci se préparent à une formation hybride, à la fois en classe et en ligne.

Les étudiants internationaux doivent habituellement se trouver au Québec pour le début de la session d'automne. Québec a toutefois assoupli la règle en raison de la pandémie : les étudiants internationaux pourront commencer le trimestre en enseignement à distance, à partir de leur pays d'origine. Ils devront toutefois venir étudier au Québec lors d'une éventuelle réouverture des frontières.

Le Canada est nettement plus accommodant que son voisin américain envers les étudiants étrangers : le gouvernement Trump a annoncé cette semaine que plus d'un million d'entre eux, qui se trouvent en sol états-unien, devront retourner dans leur pays d'origine si leur collège ou leur université offre une formation à distance.

Le président Trump cherche ainsi à forcer les établissements à ouvrir leurs campus malgré la pandémie. Les établissements ont dénoncé d'une voix unanime cette décision, attaquée en justice par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l'Université Harvard.

Risques de décrochage

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