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Bienvenue au cégep international de Matane
Article publié par La Presse+ ; Reportage La Presse à Matane
André Dubuc La Presse
18 mars 2019 - Quelle est la proportion d’élèves étrangers au cégep de Matane ? 5 %, 10 %, 30 % ? Vous n’y êtes pas. C’est près de 50 % ! On parle de Matane, pas de Manhattan.
À la session d’hiver 2019, on dénombre 340 cégépiens internationaux sur les 720 inscrits. En fait, l’établissement n’a jamais été aussi rempli de son histoire, en dépit du vieillissement rapide qui sévit dans l’est du Québec.
Un tel afflux de sang neuf est une bénédiction pour la maison d’enseignement qui assure ainsi la pérennité, voire l’essor, de ses programmes. C’est aussi une incroyable occasion pour la Matanie.
D’ailleurs, Matane et la MRC veulent maintenant accentuer leurs efforts afin de retenir une meilleure proportion de ces migrants sur leur territoire pour contrer le déclin démographique.
Gros budget de recrutement
Sur la photo de groupe, 28 % des collégiens viennent de la Matanie (22 500 habitants) et 72 %, de l’extérieur.
« On a commencé en 2004 à recruter à l’international, dit le directeur général Pierre Bédard. On est dans les précurseurs. Les universités étaient habituées, mais pas les cégeps. »
L’engouement des Français pour Matane avait déjà attiré l’attention de La Presse il y a deux ans.
Cette manne ne tombe pas du ciel. L’établissement consacre trois ressources plein temps au recrutement d’élèves étrangers. Elles disposent d’un budget annuel de 400 000 $.
Un peu plus des deux tiers des 340 étrangers sont des Français métropolitains, tandis que l’on compte environ 70 Réunionnais. « Il y a une entente entre le Québec et l’île de la Réunion pour accueillir 140 étudiants annuellement qui sont financés pour venir étudier au Québec. Avant leur départ, ils se font dire par leur gouvernement de travailler et de rester ici à la fin de leurs études », dit M. Bédard, car l’île ne parvient pas à créer assez d’emplois pour sa jeunesse.
En vertu d’un accord avec le Québec, les cousins venus de l'Hexagone, eux, paient la même facture que la famille, c’est-à-dire pas grand-chose (moins de 200 $ par session).
« Il y a tellement d’étudiants en France, même si tous les cégeps se lancent dans ça demain matin, il y a du monde en masse », répond M. Bédard sur le risque que le filon s’épuise un jour.
Intramuros, leur influence est palpable. Loud – « le rappeur québécois que toute la France attendait », dixit Les Inrockuptibles – se produit au cégep le 30 mars, à la grande joie des expatriés de l’Hexagone.
Étudier pour immigrer
Selon le DG, c’est d’abord la qualité des techniques offertes (photographie, multimédia, animation 3D, tourisme et électronique industrielle) qui les attire à Matane. La qualité de l’environnement y est aussi pour quelque chose.
Une fois le DEC en poche, les Français vont à l’université ou tentent leur chance sur le marché du travail où les perspectives paraissent meilleures qu’outre-mer.
En France, le taux de chômage des jeunes est de plus de 22 %, rapportait le journal Le Monde le mois dernier.
« La meilleure façon pour un Français de venir vivre au Québec, c’est de rentrer comme étudiant, d’avoir un permis de travail, de se trouver une job, puis d’embarquer dans le processus. C’est un automatisme. C’est pour ça que le cégep est aussi attractif. »
— Jean Langelier, directeur du Fonds d’innovation et de développement économique local (FIDEL) de la Matanie
Toutefois, un maximum de 5 % demeure dans la région au terme des études, faute d’occasions.
« La demande est tellement forte à Montréal et à Québec, où il y a une pénurie de main-d’œuvre dans le numérique, que nos diplômés s’y font aspirer », explique M. Langelier.
« On travaille avec FIDEL pour augmenter cette proportion », indique M. Bédard. La création du studio d’effets visuels Squid Squad s’inscrit justement dans cette démarche.
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