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Maxime Catellier - En attendant la rupture

Article publié dans La Presse + le 4 mars 2018 - Chantal Guy
La Presse


4 mars 2018 - L’écrivain et poète Maxime Catellier, aussi professeur de littérature au collège de Valleyfield, signe Le temps présent, qui paraît dans la collection Liberté Grande dirigée par Robert Lévesque. Un essai très sensible, poétique, plein de digressions fulgurantes, qui remet en question notre rapport personnel et collectif au temps, et qui propose comme compagnons de route les Arthur Buies, Nelligan, Rimbaud, Mallarmé, Karl Marx, Bob Dylan, Jacques Ferron, Nietzsche… D’une certaine façon, Maxime Catellier nous invite à user de l’effet tonifiant d’un présent désespérant.

Le temps présent, est-ce une réflexion sur comment occuper ce temps avec sens sans qu’il nous bouffe par le vide ou l’insignifiance ?

Effectivement, j’essaie de réfléchir sur le présent, mais surtout en essayant de réfléchir sur notre rapport au passé. Nous avons tendance à idéaliser ce qui s’est passé avant, dans notre vie personnelle avec nos souvenirs de jeunesse, mais aussi comme société. Mon point de départ a été de me demander pourquoi on n’idéalise pas notre présent. C’est assez évident que le présent nous désespère, parce que c’est la réalité crue qu’on vit. Il nous manque toujours quelque chose, que nous remplissons avec des morceaux de passé et une espérance du futur. Moi, la notion de temps me fascine beaucoup. Quand je parle à mes élèves des poètes de l’époque de Ronsard, par exemple, ce qui me fascine est que le mot espace signifie le temps. Il n’y a pas de différence entre l’espace et le temps dans cette poésie.

Il y a une nostalgie qui traverse ton essai. À partir de quel âge devient-on vieux ? Est-on pressé de vieillir, parfois ?
Non, je ne suis pas pressé… Je pense que la jeunesse, c’est quelque chose qu’on peut cultiver de toutes sortes de manières. La nostalgie apparaît en fait avec les ruptures. Il y a des périodes de rupture dans notre vie, quand on laisse derrière soi des personnes, des habitudes, des choses, qu’on jette derrière bien des affaires pour continuer à avancer. C’est à ce moment-là qu’apparaît la nostalgie. J’ai l’impression que Réjean Ducharme était nostalgique de son enfance à 24 ans ! On sent ça chez un tout jeune homme, c’est un sentiment qui n’a pas trop à voir avec la vieillesse.

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Le temps présent
Maxime Catellier
Boréal
144 pages

Extrait
« Nous recommençons chaque jour les mêmes gestes dans l’espoir que le temps avancera, qu’il ouvrira sur un espace inédit, un ailleurs où le passé deviendra une fable qu’on raconte, dans un présent libéré des contraintes, du labeur, des trahisons quotidiennes qui font s’évanouir les rêves. Nous restons en suspension, possédés par des visions grandioses, le temps de souffrir un peu la réalité qui nous ment en pleine face. Nous avons pourtant besoin de ces visions pour avancer, pour nous convaincre de la validité de la destination. »