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Vert demain - Philosopher dans l’action

Chronique de Josée Blanchette dans Le Devoir.com


Prisonnier de barreaux invisibles, l’humain ignore qu’il est captif lui aussi. Ishmael, le gorille, l’aide à saisir les limites de sa conquête.
Photo: Fabrice Coffrini Agence France-Presse.

8 décembre 2017 - Intérieur jour. Local beige dans un sous-sol éclairé aux néons. Dernier cours de « Philo et rationalité » de la session au cégep de Sherbrooke. Jonathan, le prof, entre dans la salle en incarnant Diogène, muni de lunettes de soleil et d’une lampe de poche. Un peu plus, il arrivait en roulant dans son tonneau. Les étudiants demeurent impassibles. Jonathan les interpelle « Yo. Yo. Yo ! », chante « People are slaves. Wake up ! » avec la musique d’accompagnement de Yoav. Ils connaissent déjà la version d’Arcade Fire et de Rage Against the Machine. Wake Up. Ils ont l’air d’attendre le dernier clou du cercueil. « Diogène », très animé, leur balance les mots « pouvoir », « argent » et « gloire » comme des gifles morales à la figure : « Le malheureux fardeau vous revient, les amis ! Il faut voir les barreaux invisibles de la prison, porter les lunettes de la philosophie. »

Cette référence est directement liée au roman philosophique Ishmael de Daniel Quinn, lecture obligatoire qui devait les amener à se questionner sur la place de l’humain dans la nature, l’animal-conquérant qui détruit son environnement et la biodiversité. Ishmael est un gorille en captivité (une métaphore) doté du pouvoir de la parole et dit en gros que nous n’avons pas appris à vivre : « Vous êtes prisonniers d’un système de civilisation qui vous pousse plus ou moins à détruire le monde pour survivre. »

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