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De plus en plus d'étudiants francophones dans les cégeps anglophones, mais...

Nouvelle publiée par Ici-Radio-Canada -

Le cégep anglophone Vanier, à Saint-Laurent. Photo : Radio-Canada

24 août 2017 - Ici.Radio-Canada - De 2013 à 2016, le nombre d'étudiants de langue maternelle française qui fréquentent un cégep anglophone a augmenté de près de 6 %. Pendant ce temps, les francophones étaient moins nombreux à fréquenter un cégep en français. Par contre, pour la même période, le nombre d'anglophones qui choisissaient un cégep en français augmentait lui aussi.

Un texte de Francis Labbé

En 2013, 7212 étudiants issus de commissions scolaires francophones ont choisi d'étudier dans un cégep anglophone. En 2016, ils étaient 7632. Une augmentation de 5,8 % (420 personnes).

Pendant la même période, le nombre d'étudiants francophones au collégial a diminué de près de 2000. « De notre côté, il s'agit d'une donnée relativement stable et qui n'est pas [nouvelle] », affirme le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay.

« À l'enseignement supérieur, de tout temps, il y a un libre choix. Donc, il y a naturellement des étudiants francophones qui vont au collège anglophone, et des étudiants anglophones qui viennent vers les collèges francophones », poursuit M. Tremblay.

Marc-Antoine Millaire, de Saint-Eustache, a choisi d'étudier au Cégep Vanier. « Je pense que ça pourra m'aider plus tard, sur le marché du travail. Dans un marché comme celui de Montréal, ça m'aidera à percer et obtenir un emploi plus facilement », dit-il.

Je parle anglais tous les jours. Je parle français quand je reviens à la maison. Mais étudier en anglais va m'aider plus tard, surtout si je vais à l'université en anglais.
Marc-Antoine Millaire, 18 ans, de Saint-Eustache

Contre la loi 101 au collégial
Le prochain congrès du Parti québécois, en septembre prochain, promet des discussions animées. Des militants veulent imposer la loi 101 à l'enseignement collégial, donc empêcher des étudiants de langue maternelle française d'aller étudier en anglais au cégep.

Les étudiants que nous avons rencontrés, au Cégep Saint-Laurent comme au Cégep Vanier, sont contre cette idée.

« Ça serait complètement absurde d'empêcher les gens d'étudier en anglais, tandis que dans les cégeps francophones, on accepte des gens en immersion », lance pour sa part Naomi Séguin-Rochon, qui étudie au Cégep Saint-Laurent.

« Moi je crois que c'est bien d'être bilingue », commente Marc-Antoine Millaire, tout en concédant que le fait d'empêcher l'accès des francophones aux cégeps anglophones pourrait peut-être protéger davantage la langue française.

Pendant ce temps, chez les anglophones...

 

Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps. Photo : Radio-Canada/Courtoisie

 

Selon les données de la Fédération des cégeps, le nombre d'étudiants de langue maternelle anglaise qui ont choisi un cégep francophone a augmenté de 3 %, de 2013 à 2016. La Fédération s'oppose à l'imposition de la loi 101 aux établissements de niveau collégial.

La Fédération braque également les projecteurs sur le fait que plus de 6 étudiants allophones sur 10, de 2013 à 2016, ont choisi l'enseignement collégial en français.

« En enseignement supérieur, il faut respecter le principe de liberté individuelle, affirme Bernard Tremblay. Ce n'est pas uniquement par le français que l'on réussit à intégrer les gens issus de l'immigration. »

« On le sait maintenant, des jeunes issus de la loi 101, issus de l'immigration et qui ont fait leur parcours obligatoire scolaire en français, ont acquis le français, mais ne se sentent pas encore partie prenante de la communauté québécoise », ajoute-t-il.