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Entretien avec le DG du Cégep de Granby, monsieur Sylvain Lambert

 

À la suite de sa récente nomination, l'heure du bilan est arrivée plus tôt que prévu pour Sylvain Lambert, actuel directeur général du Cégep de Granby qui prendra les rênes du Cégep Édouard Montpetit à compter du mois d'août 2015. Après plus de 20 ans passés à gravir les échelons au sein de l'institution granbyenne qui l'a vu s'épanouir professionnellement, Sylvain Lambert s'apprête à tirer sa révérence avec un pincement au cœur, mais plein d'enthousiasme face aux nouveaux défis qui l'attendent. Voici un portrait de ce qu'il lègue à la communauté collégiale de Granby et sa région.

 

 

Un cégep qui tire son épingle du jeu
Malgré la conjoncture difficile des compressions successives, le Cégep de Granby se tire bien d’affaire grâce à une croissance des clientèles continue au cours des dernières années, ce qui a permis d’augmenter les revenus et d’atténuer l’effet des compressions. Sylvain Lambert ne s’en cache pas, la hauteur des compressions a obligé une sérieuse réflexion sur l’ensemble des activités et priorités. « Nous nous sommes questionnés sur trois fronts : peut-on rehausser nos revenus? Y a-t-il lieu de faire les choses autrement? Où et comment peut-on couper dans nos dépenses? Avec les étudiants, le personnel et l’équipe de cadres, nous avons fait un exercice très rigoureux qui nous a permis, jusqu'à présent, de maintenir nos services. Mais si les rumeurs se confirment, d’autres compressions pourraient se retrouver sur la table. Nous sommes inquiets. Nous avons déjà été contraints d’augmenter les frais afférents des étudiants ainsi que l’ensemble de nos tarifs. Le choix que nous avons fait collectivement, c’est de continuer d’être un cégep vivant et nous souhaitons ardemment maintenir la qualité de nos services aux étudiants. Nous allons tout faire pour préserver les services qui sont directement liés à la mission de notre institution. Pour y arriver, nous devrons nécessairement compter davantage sur nos Services aux entreprises et notre Fondation. Nous sommes à la remettre en piste de manière à lui permettre de développer une culture philanthropique dans notre région ».

Une région en santé
Comment va la région limitrophe entre l’Estrie et la Montérégie? Pour Sylvain Lambert, Granby et sa région sont en santé. « On compare souvent ce qui se passe ici à ce qui se passe en Beauce. Une région assez autonome axée sur l’entrepreneuriat; beaucoup de PME; des petites et moyennes entreprises sous-traitantes des plus grandes, dans le secteur aéronautique entre autres. On compte quelque 273 entreprises manufacturières, dont 143 sont situées dans le parc industriel. Les villes de Granby et de Bromont sont toujours en développement et témoignent d’un dynamisme économique où le taux de chômage est assez bas, sous la moyenne provinciale, bien que les secteurs manufacturiers et du commerce soient un peu au ralenti depuis quelques années. Mais, en comparaison avec d’autres coins de pays, le dynamisme régional est remarquable. La région compte aussi sur une activité touristique reconnue avec le Zoo de Granby, les nombreux terrains de golf et pistes cyclables, mais aussi la station de ski et les activités équestres de Bromont, la route des vins, les centres de villégiature, etc. ».

Une carte de programmes en phase avec son milieu
Quand on regarde la carte des programmes d'études offerte au Cégep de Granby, on constate que l’ensemble est très en lien avec les besoins du milieu. « Nous avons fait une analyse de la pertinence de l’ensemble de nos programmes techniques. Que ce soit Tourisme, Génie industriel, Électronique industrielle, Informatique, Éducation spécialisée, Éducation à l’enfance, Soins infirmiers, Gestion de commerces ou Comptabilité et gestion, l’étude a montré qu’ils étaient bien collés à notre réalité. Nous souhaitons également offrir le programme de Génie mécanique pour compléter cette carte, mais nous sommes toujours en attente d’une décision du ministère à ce sujet. On comprend que ça demande des investissements, mais il y a un besoin extraordinaire et la région est très en attente, et même impatiente, parce que ça s’inscrit parfaitement dans notre réalité économique et sociale ».

Dans le secteur préuniversitaire, ses programmes d'études s'imprègnent d'une couleur locale pour chacun des profils offerts. « Par exemple, les prix gagnés par nos étudiants en Arts et lettres - profil cinéma, témoignent du dynamisme de cette option. Du côté de Sciences humaines, le cégep a pris un virage plus international répondant ainsi à l’intérêt des étudiants à cet égard. Quant aux étudiants en Sciences de la nature, ils s'engagent dans des projets d'intégration très concrets : analyse bactériologique d'un lac, mur végétal, véhicule motorisé, etc. ».

Or, l’ensemble des programmes s’inscrit dans les visées du projet éducatif qui privilégie une approche où l’accent est mis sur la mise en œuvre d'activités d’intégration tangibles. Le directeur général cite en exemple la mise au point de Kiwan, une auto de police téléguidée, projet mené par les enseignants et les étudiants des techniques physiques (Électronique industrielle et Génie industriel).

L’école nationale de la chanson

Un fait méconnu dans le réseau collégial, il y a 15 ans, le Cégep de Granby créait son École nationale de la chanson (ÉNC) qui fait aujourd'hui la fierté de Sylvain Lambert. L'ÉNC offre une attestation d'études collégiales avec spécialisation en chanson. « Au départ, nous avons travaillé en collaboration avec le Festival international de la chanson de Granby avec l’objectif de former des auteurs-compositeurs-interprètes. Les étudiants sont acceptés sur audition et ils proviennent de partout dans la francophonie : du Québec, du Nouveau-Brunswick, du Manitoba, de la France, etc. Souvent, les gens ont déjà une formation en musique. Chaque année, près de soixante candidats manifestent leur intérêt pour venir à l’école, mais nous en choisissons seulement 14. La formation, d’une durée d’un an, se termine par un spectacle présenté au cégep et aux Francofolies de Montréal. Le cégep est fier d’avoir compté parmi ses étudiants des noms maintenant bien connus : Damien Robitaille, Alex Nevski, Lisa Leblanc, Andréanne A. Mallette, Salomé Leclerc, Geneviève Toupin, Francis Faubert ».

Un projet structurant pour la ville et le cégep : l’église Notre-Dame
Le bâtiment principal du cégep occupe un grand quadrilatère au centre-ville de Granby entre les rues Saint-Jacques,  St-Antoine et St-Joseph. Dans ce quadrilatère, attenant aussi à la rue principale, il y a l’église Notre-Dame dont la vocation a été remise en question plus d'une fois ces dernières années. Cette église a une valeur patrimoniale et historique intéressante avec, entre autres, ses vitraux et son orgue Casavant de grande qualité. Au départ, on voulait en faire une bibliothèque pour la ville, ce qui aurait commandé des investissements importants au niveau structural et acoustique. Aujourd'hui, la ville souhaite s’associer au cégep pour définir l’utilisation future du bâtiment et investir pour bonifier l'offre de l'institution collégiale à sa communauté.

L'église Notre-Dame de Granby ; Source: Archives Granby Expresscom

« Il faut dire que les installations du cégep sont un peu dispersées dans la ville. Certains de nos programmes sont dispensés dans les locaux de la commission scolaire, loin du bâtiment principal du Cégep, et nos Services aux entreprises sont également installés dans un autre bâtiment. Le projet de l’église Notre-Dame nous offre donc l’occasion de regrouper tous nos programmes et services dans un même lieu. En collaboration avec la Ville de Granby, nous pourrions relier l'église à notre cégep. Nous conserverions la nef et le chœur pour des activités à caractère culturel et communautaire. Nous utilisons déjà ces locaux à l’occasion tout comme le stationnement qui est adjacent. Le projet donnerait un accès direct à la rue principale et conséquemment, un rayonnement encore plus marqué au cégep au cœur du centre-ville. C’est vraiment un projet de la communauté, pas seulement du cégep. Ça permettrait de préserver notre patrimoine, d’utiliser des espaces sous-utilisés à l’heure actuelle et de consolider le quadrilatère du savoir ».

Rappelons qu'avec la croissance de sa clientèle, le cégep se trouve actuellement en déficit d’espaces, et ce plus spécifiquement pour les activités sportives. Il profite heureusement des atouts régionaux dans le cadre des activités en plein air : golf, ski, pistes cyclables, etc. Mais un nouveau plateau sportif serait requis, car le cégep doit régulièrement utiliser les installations de la ville ou des locations au privé. Bref, le projet de regrouper les installations du cégep avec le bâtiment de l'église Notre-Dame permettrait à la fois de pallier le manque d'espace pour les activités sportives.

Et quel avenir pour le Cégep de Granby?

Sylvain Lambert conclut : « le Cégep de Granby devra faire face à d'importants enjeux avec la baisse de financement annoncée et la démographie qui ne lui sera pas favorable pour quelques années. Malgré tout, celui-ci peut compter sur une équipe dynamique et ouverte à l'innovation qui sera sans aucun doute en mesure de relever ces défis avec brio. L'obtention de nouveaux programmes, la relocalisation de l'ensemble de ses activités au centre-ville, l’ajout de nouveaux plateaux sportifs, le développement de la Fondation et des services aux entreprises sont autant de projets majeurs qui devraient garder le milieu mobilisé et bien ancré dans sa communauté ».

Entretien et texte réalisés par M. Alain Lallier, édimestre, Portail du réseau collégial






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