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Entrevue avec Anne Dionne, vice-présidente responsable politique pour le réseau collégial à la CSQ
La CSQ et le réseau collégial : les 3 grands dossiers triennaux et leurs objectifs
Depuis sa création en 1968, la CSQ, et ses fédérations du réseau collégial, occupe un rôle de soutien majeur auprès des milliers de membres qui gravitent dans le réseau collégial. Dans un contexte où les enjeux sociaux, politiques et économiques sont plus complexes et nombreux que jamais, l’organisation, forte de son expérience et de son rayonnement, représente comme nulle autre l’importance de déployer ses efforts de manière durable et collective.
Par Geneviève Lemay, rédactrice

Lors d’une entrevue avec le portail, Mme Anne Dionne, VP responsable politique pour le réseau collégial à la CSQ, nous informe des trois priorités triennales sur lesquelles ériger ces mêmes efforts. Elle nous partage, avec éloquence, les grands dossiers qui requièrent réflexion, stratégie et surtout, des plans d’action réalisables.
Dossier No. 1 : La grande réflexion en éducation
Plus de 60 ans après la commission Parent et s’appuyant sur les résultats d’un sondage dévoilé plus tôt cette année, la CSQ souhaite qu’on entame rapidement une grande réflexion afin de repenser ce qu’on attend du système d’éducation québécois.
Anne Dionne reconnait d’emblée que la CSQ n’a pas toutes les réponses. Bien qu’elle porte la voie des travailleuses et des travailleurs de l’éducation, elle insiste : nous devons trouver des solutions collectives pour faire face aux nombreux défis que nous devons surmonter de la petite enfance à l’université.
De la place de la religion à la place du privé, en passant par la violence dans les établissements et la mixité scolaire, il faut repenser notre système d’éducation en profondeur et le faire pour un horizon de 10, 15 ou même 20 ans.
On sait que les cégeps publics et privés du Québec ont toujours été d’importantes plateformes d’expression, d’appartenance et d’identification sociales pour les étudiants. Il est important pour chaque établissement d’assurer des lieux ouverts et inclusifs pour tous, des enseignants aux étudiants, en passant par le personnel.
À l’heure où la mixité sociale est plus forte que jamais, les cégeps ont besoin de se sentir vus et soutenus pour continuer de remplir cette promesse. Selon Mme Dionne, « trop de décisions sont prises à la pièce dans ce dossier. Nous avons besoin d’une vision globale pour continuer d’assurer des environnements où les horizons culturels autant qu’identitaires sont pris en compte de manière fluide et informée ».
Elle nous partage également ses inquiétudes quant au « cadre de décision actuellement en place, qui, par sa désuétude, oblige les parties prenantes à s’engager dans une vision tunnel ». On comprend que la mixité sociale n’est plus seulement une tendance passante, mais bel et bien un phénomène qui mérite une réflexion sérieuse, voire un changement de paradigme.
Elle continue en soulignant la nécessité de l’implication des instances nationales à cet effet. En ce moment, même si les organisations telles que la CSQ offrent leur soutien, chaque établissement se voit contraint d’agir de manière individuelle, et trop souvent en mode réaction. La prévention et la mise en commun de balises entourant l’inclusivité sociale sont, si on sait lire entre les lignes, des paramètres essentiels à mettre en place pour continuer d’offrir un environnement où chacun et chacune se sent légitime et accepté.
Dossier No. 2 : La sécurité
Le personnel des cégeps se sent de moins en moins en sécurité.
« Les enseignants, le personnel et les élèves manifestent maintenant leur inquiétudes quant à leur sécurité personnelle, et selon nous, c’est inacceptable », souligne Mme Dionne, avant d’ajouter : « Il est primordial qu’un environnement académique puisse assurer la sécurité de ses étudiants et de son personnel. Sinon, comment est-ce possible d’offrir des lieux propices à l’apprentissage, à l’innovation et à l’initiative? Il s’agit d’une interrogation qui fait couler beaucoup d’encre à la CSQ, et qui mobilise une partie de son équipe dédiée au personnel collégial.
Au cours de l’entrevue, Mme Dionne précise que la sécurité, autant que les autres enjeux auxquels les établissements collégiaux font face, a grand intérêt à être prise en compte de manière sérieuse auprès des instances gouvernementales. Depuis plusieurs années, les conséquences engendrées sont des feux qu’on réussit à éteindre, mais qui gagnent du terrain de manière inquiétante. Cela a un impact à court, moyen et long terme. Par exemple, comme l’affirme Mme Dionne, « la réalité de plusieurs professionnels de l’enseignement au collégial, qui sont essentiels pour faire bouger les choses dans la bonne direction, se voit changée, et cela n’augure rien de bon pour l’éventuelle relève ».
Dossier No. 3 : La transition écologique
La transition écologique demeure un axe de réflexion de premier plan à la CSQ. Cette dernière est engagée afin d’assurer que l’écologisation des cégeps se poursuive de façon fluide et organique, mais aussi efficace.
« L’ensemble de nos membres est visiblement mobilisé pour le développement durable de leur établissement d’enseignement, mais également actifs et motivés à apporter des solutions applicables à tout le réseau. On voit que la crise climatique est un enjeu qui touche la majorité, et pour lequel plusieurs engagent temps et effort », soulève notre interviewée.
Elle nous partage également que divers services de soutien sont accessibles, tels que des grilles d’analyse pour soutenir la prise de décision durables, notamment par l’entremise du Mouvement ACTES (anciennement Établissements verts Brundtland – EVB). Ce dernier rassemble des centaines d’établissements,de la petite enfance à l’université. Ses initiatives s’inspirent d’ailleurs d’organisations membres exemplaires qui proposent des cadres d’application évolutifs fort pertinents. Comme quoi les actions posées à petite échelle ont souvent des échos favorables sur tout le réseau, et ce, sans l’intervention directe d’instances supérieures
Faire bouger les choses autrement
La motivation de Mme Dionne à continuer de mettre l’épaule à la roue pour le bien de ses membres est évidente. Au cœur de son discours, on entend aussi son engagement à faire bouger les choses autrement :
« C’est bien de vouloir réfléchir pour mieux s’adapter à la réalité, c’est même indispensable. Toutefois, il faut combiner les réflexions à l’action pour continuer de faire bouger les choses en temps réel et éviter la mise sur pause des initiatives sur le terrain. »
Nous ne pouvons qu’être optimistes vis-à-vis des retombées éventuelles des actions entreprises par Mme Dionne et son équipe au cours de son mandat. Nous saluons d’ailleurs leurs efforts sentis, qui serviront le bien commun - comme toute action bénéfique visant le réseau collégial, vecteur social et économique indéniable.