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Conjuguer matériaux composites et transport avancé


 

Entrevue avec madame Francine Paquette, directrice générale du Cégep de Saint-Jérôme, concernant ses deux centres de transfert, le Centre de développement des composites du Québec (CDCQ) et l’Institut du transport avancé du Québec (ITAQ).

 

 

Récemment, le Cégep de Saint-Jérôme annonçait que, grâce aux activités d’innovation de ses deux centres de transfert affiliés, le cégep s’est hissé au 24e rang du palmarès 2013 des 50 meilleurs établissements collégiaux au Canada, sur le plan de la recherche. Parmi les 18 établissements du Québec ayant fait leur entrée dans le top 50, le Cégep de Saint-Jérôme se classe au 6e rang.
Le Portail s’est entretenu avec la directrice générale du cégep, madame Francine Paquette, sur les réalisations et projets des deux centres.

Dans l’air du temps

La directrice générale est convaincue que les deux centres se retrouvent dans l’air du temps sur le plan de la pertinence socio-économique : « Les développements importants dans la région de Mirabel au niveau de l’aéronautique, où les matériaux composites sont privilégiés pour permettre d’alléger les avions, occupent une place stratégique. À titre d’exemple, les avions de la C-Séries sont composés de 40 % de matériaux composites. Par ailleurs, la nouvelle politique gouvernementale d’électrification des transports se situe directement au cœur de la mission de l’ITAQ (Institut de transport avancé du Québec). Le Centre s’est associé au Centre national du transport avancé (CNTA), à FPInnovations et à PMG Technologies afin de présenter à la ministre Ouellette un projet d’Institut du transport électrique dans les Laurentides. Ils ont la conviction de pouvoir produire un véhicule électrique entièrement québécois d’ici deux ans. Cet institut pourrait s’installer à Blainville où Transport Canada a déjà investi 300 millions en équipements d’essai. L’ITAQ possède déjà pour au-delà de 5 millions de dollars d’équipements. La région possède l’expertise et les infrastructures pour accueillir un tel institut. Nous avons déjà des réalisations probantes dans le domaine tels le développement du véhicule électrique à basse vitesse ZENN, la mise au point d’une moto électrique et la création de véhicules électriques de A à Z. »

La région de Mirabel, avec la présence de Bombardier aéronautique, de Pratt et Whitney et de nombreux sous-traitants, offre un bassin important de clients et de partenaires pour les deux centres, en particulier pour le CDCQ dans le domaine des composites.

Bâtiment qui abrite les deux CTTT

Historique et déploiement du CDCQ

Créé en 2002, le Centre s’inscrit dans une tradition de services à l’industrie qui remonte à plus d’une vingtaine d’années. C’est en effet en 1986 qu’a été créé, au Cégep de Saint-Jérôme, le premier programme de niveau technique en matériaux composites au Canada.

L’équipe de direction du CDCQ possède à son actif de solides antécédents professionnels dans le secteur des composites et des matériaux. Au plan technologique, quatre ingénieurs et six techniciens diplômés en technique de transformation de matériaux composites contribuent au succès du CDCQ grâce à leurs compétences et à une expérience éprouvée.

À cette expertise s’ajoutent les professeurs des départements de Technique de génie mécanique, de Chimie et de Technique de transformation des matériaux composites du Cégep de Saint-Jérôme qui collaborent sur une base ponctuelle à certains projets. Si la situation exige des connaissances encore plus pointues ou des compétences spécifiques, des conseillers renommés peuvent même se joindre à l’équipe.

Axes de recherches et projets en cours

Présentement, le CDCQ réalise différents projets d’application pratique pour des entreprises privées et d’autres travaux de recherche en collaboration avec différents organismes publics dans le but de faire évoluer cette industrie prometteuse.
Le centre travaille selon trois axes principaux : l’optimisation des procédés, le développement durable, la caractérisation et qualification des matériaux et pièces.
Trois secteurs d’activités prioritaires ont été ciblés : l’aéronautique, le génie civil et l’énergie.

      Un des laboratoires du CDCQ

Des projets de développement :
1. Projet de recherche appliquée sur l’intégration de la cellulose, un produit dérivé de la biomasse forestière, dans les matériaux composites thermodurcissables.
2. Projet de valorisation des retailles de production des pièces fabriquées en résine polyester et en fibre de verre, un procédé en moule ouvert largement utilisé au Québec.
3. Projet de fabrication de traverses en matériaux composites (qui servent au transport de l’électricité) afin d’améliorer leur résistance à la pollution en milieu urbain et ainsi augmenter leur durée de vie. – Projet avec Hydro-Québec.
4. Projet de développement d’un matériau de moulage à base de fibres de carbone recyclées. – Projet avec Bombardier Aéronautique.
5. Développement de matériaux composites adaptés à la réparation d’éoliennes en milieu nordique.

L’équipe du CDCQ compte la directrice, madame Janic Lauzon, une agente de soutien administratif, une coordonnatrice de gestion financière, quatre chargés de projets ingénieurs et six techniciens en matériaux composites.
 

Une place pour l’enseignement et les étudiants

La directrice générale, madame Paquette, signale l’importance des activités d’enseignement en collaboration avec les centres : « Dans le secteur des matériaux composites, le Cégep de Saint-Jérôme offre un programme de DEC unique au Canada. Une AEC est aussi offerte aux adultes. Des enseignants du département interviennent comme chercheurs au CDCQ, ainsi que des enseignants de chimie et de génie mécanique. Le Centre accueille des stagiaires étudiant au cégep, mais également des étudiants en provenance de l’université. Les enseignants de génie mécanique, de physique et d’informatique interviennent dans les travaux à l’ITAQ. »
Les étudiants sont aussi intégrés aux travaux des deux centres. Les six techniciens du CDCQ sont tous des diplômés du programme de DEC en matériaux composites. L’ITAQ accueille aussi des stagiaires en génie mécanique.

Historique et déploiement de l’ITAQ

L’Institut du transport avancé du Québec (ITAQ) a été créé en 2002 dans le sillage du Centre d’expérimentation des véhicules électriques du Québec (CEVEQ), qui depuis 1996 faisait de la ville de Saint-Jérôme un territoire d’expérimentation des véhicules électriques. À la fin de 2004, l’obtention d’un projet de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) de 5,4 millions de dollars permet la mise en place d’infrastructures adaptées à la recherche. À l’automne 2006, l’ITAQ s’installe dans un nouvel édifice au coût de 4,5 M avec le Centre de développement des matériaux composites du Québec (CDCQ), adjacent au Cégep de Saint-Jérôme. Dans les années qui suivront, l’ITAQ sera principalement impliqué dans le développement de véhicules électriques.

L’ITAQ compte présentement sur une équipe dynamique de onze personnes, dont trois stagiaires (deux en provenance du cégep et un de l’université). Son directeur est monsieur François Adam.

Ses réalisations
La première réalisation, en 2005-2006, est la ZENN, un petit véhicule urbain à 2 places dont une usine s’installe à Saint-Jérôme et produit environ 600 exemplaires entre 2006 et 2009. Zenn Motor Company et l’ITAQ en préparent une version avec batteries Li-ion, et la ZENN remporte le premier prix dans sa catégorie au Challenge Bibendum de Michelin à Paris.  L’ITAQ reçoit le prix Distinction génie innovateur de l’Ordre des ingénieurs du Québec en 2007 pour le développement de la ZENN.
Puis, en partenariat avec Précicad de Québec, l’ITAQ conçoit le Kargo light, un véhicule utilitaire en production depuis 2009 et vendu au Québec comme à l’international (Bahreïn).

Par la suite, l’ITAQ et PEDNO du Saguenay développent un véhicule 4x4 électrique pour l’industrie minière souterraine, le Minautor. Ce projet fut sélectionné au 4e gala des Grands prix d’excellence en transport organisé par l’AQTR le 26 mai 2010.
 

Plus récemment, l’ITAQ accompagnait LITO Green Motion dans la conception de la première moto 100 % électrique québécoise, la SORA. Cette dernière aura son lancement officiel au Salon de la moto de Montréal le 28 février prochain.

Activités présentes
L’ITAQ travaille présentement sur plusieurs projets de recherche appliquée avec des entreprises impliquées dans l’électrification des transports tels Nova Bus, TM4, B3CG et Motrec. Ces projets sont supportés par le regroupement sectoriel de recherche industrielle Inno-VÉ et le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie.
Le Centre compte trois grands axes de recherche : les systèmes de traction électrique et hybride, l’efficacité énergétique en transport et l’utilisation d’énergie renouvelable. Il travaille actuellement au niveau des assemblages de batterie et de leur gestion thermique ainsi qu’à l’optimisation de l’efficacité dans l’utilisation de moteurs.

Projets à venir
Parmi les projets à venir, le directeur du Centre, François Adam, signale ceux-ci : le projet d’unification des expertises complémentaires de support pour le transport du futur (ITAQ – CNTA – PIT FPInnovations), la participation au développement d’un véhicule électrique pour le transport de passagers pour un aéroport hors du Québec et le camionnage urbain électrique avec Convelsys.

CDCQ et ITAQ : des collaborations ciblées

Les deux centres collaborent avec les autres CCTT du réseau Transtech. Le CDCQ entretien des liens étroits avec le Centre en aéronautique du Cégep Édouard-Montpetit et le Centre de Robotique et de Vision Industrielles (CRVI) de Lévis-Lauzon. D’autres collaborations ont aussi été développées avec des universités comme l’ETS et la Polytechnique.

Une structure de gestion particulière
Le Cégep de Saint-Jérôme a choisi une structure de gestion de ses CCTT qui diffère quelque peu de celle des autres cégeps. Les centres font partie du collège au même titre que le service de la formation continue. Ils produisent leur rapport annuel et leurs états financiers distincts, qui sont intégrés à ceux du collège.

Des locaux additionnels à envisager
La directrice générale manifeste une certaine préoccupation par rapport aux espaces réservés aux deux centres : « Les deux centres sont installés dans une aile mitoyenne avec le collège. Même s’ils occupent déjà presque l’entièreté du bâtiment, le Cégep doit évaluer comment répondre au besoin d’espace additionnel compte tenu des nombreux développements. La bâtisse a été créée pour les deux CCTT dès l’origine. On peut penser que les projets de l’ITAQ en transport lourd (autobus et camions) commanderont des installations spécifiques. »

En guise de conclusion
Madame Paquette conclut l’entrevue sur cette vision très positive : « Il y a eu un renouveau depuis deux ans au niveau des directions du cégep incluant celle des deux centres. Ça va très bien. Nos deux centres sont vraiment bien positionnés dans leur secteur. Nous escomptons des développements majeurs. Le collège continue à travailler pour leur donner le maximum d’appui afin d’assurer leur plein développement. La présence des deux centres dans le collège est une source de fierté pour le personnel, les enseignants et les étudiants. »

Entrevue et rédaction réalisées par Alain Lallier, édimestre, Portail du réseau collégial






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