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Un pôle montréalais pour mieux intégrer l’intelligence artificielle à l’offre de formation

Par Élise Prioleau

Dans la prochaine décennie, de profondes transformations sont attendues dans tous les secteurs d’emploi sous l’impulsion du développement de l’intelligence artificielle (IA). Pour mieux suivre le rythme des changements technologiques, douze cégeps et sept établissements universitaires de la région de Montréal ont créé le Pôle montréalais d’enseignement supérieur en intelligence artificielle (PIA).

Mme Mylène Boisclair, directrice générale du Cégep du Vieux Montréal et co-présidente du PIA; Mme Sylvie Normandeau, vice-rectrice adjointe aux études de premier cycle à l'Université de Montréal et co-présidente du PIA; Mr. Benoît Pagé, directeur du PIA

La quatrième révolution industrielle est en route ! Que l’on pense aux assistants vocaux, la traduction en temps réel par ordinateur, les voitures autonomes, les robots et les agents informatiques apprenants, l’intelligence artificielle (IA) promet des changements majeurs dans de nombreux secteurs d’emplois.

Comment les cégeps et des universités peuvent-ils travailler ensemble pour anticiper les besoins de formation en IA ? C’est à ce défi que tente de répondre le Pôle montréalais d’enseignement supérieur en intelligence artificielle (PIA).

« Pour déterminer les compétences liées à l’IA dont nos diplômés auront besoin dans le monde de demain, il faut d’abord comprendre de quelle manière cette technologie va transformer concrètement les emplois », explique le directeur du PIA, Benoît Pagé. «Jusqu’à maintenant, la littérature parle surtout de compétences très générales requises à l’ère de l’IA comme la capacité d’adaptation ou l’intelligence émotionnelle, mais il existe encore peu de renseignements sur les compétences concrètes qui devront être enseignées à nos étudiants pour qu’ils soient prêts à travailler avec l’intelligence artificielle. »

«L’enjeu est d’être capable d’ajuster nos programmes de formation rapidement pour suivre le rythme des changements technologiques.»
- Benoît Pagé, directeur du Pôle montréalais d’enseignement supérieur en intelligence artificielle

 

Collaboration entre les cégeps et les universités
Dans le but d’améliorer l’offre de formation en intelligence artificielle, le PIA a lancé en 2019 un appel de projets à travers les collèges et les universités qu’il regroupe. Deux  volets ont été proposés. Le premier consistait à monter un cours ou d’adapter un cours existant pour y inclure des connaissances en IA. Le second volet proposait de participer à l’identification des nouvelles compétences à inclure dans les cursus académiques à l’ère de l’IA. « 14 propositions ont été retenues. 1 400 000 $ ont été investis dans ces projets qui seront élaborés entre 2020 et 2022 », précise Benoît Pagé. Pour être retenus, les projets soumis devaient inclure au moins un cégep et une université.

Les activités du PIA sont financées par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur (MÉES), à travers le Pôle régional d’enseignement supérieur de la région de Montréal. Son budget est de 500 000 $ par année sur cinq ans.

Une banque de professionnels en IA
À l’hiver 2020, le PIA a entrepris de mener une enquête pour identifier l’ensemble des professeurs qui ont d’ores et déjà intégré des notions de l’intelligence artificielle à leurs cours.
«Nous avons transmis un sondage à l’ensemble des enseignants de nos 19 établissements membres pour débusquer ceux et celles qui s’intéressent déjà à l’IA», explique Benoît Pagé. «Ce sondage nous permettra aussi de déterminer l’offre de formation existante dans le domaine de l’intelligence artificielle. Par exemple, les cours qui ont déjà des composantes en IA.»

À la fin de l’exercice, la banque de contacts devrait regrouper plus de cent professeurs issus de domaines très variés comme la santé, les communications, le droit, les arts ou les sciences humaines, selon le directeur du PIA.

« Les robots pourraient remplacer 20 millions d’emplois industriels d’ici 2030 dans le monde, selon une étude du cabinet britannique Oxford Economics. »
- La Presse (25 juin 2019)

 

Une réflexion éthique indispensable
Certaines propositions de formations retenues par le pôle portent sur les enjeux éthiques soulevés par l’intelligence artificielle. C’est le cas d’un projet-pilote mené par le Collège de Rosemont et l’Université de Montréal.Son objectif est de valoriser une réflexion critique entourant l’IA chez les étudiants collégiaux et universitaires. Un exercice philosophique qui prend pour point de départ les principes éthiques mis de l’avant dans le cadre de la Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l’intelligence artificielle, une l’initiative de l’Université de Montréal en 2017.

Louis Normand, conseiller pédagogique au Collège de Rosemont.

« Le but du projet est de former des enseignants qui vont animer une démarche délibérative dans leur cours sur le thème de l’encadrement éthique de l’intelligence artificielle. Les étudiants seront appelés à émettre des propositions pour encadrer l’IA dans la société, notamment par des lois », explique Louis Normand, conseiller pédagogique au Collège de Rosemont. À terme, 800 étudiants seront touchés par cette initiative.

À ce projet participent Marc-Antoine Dilhac, professeur de philosophie à l’Université de Montréal et Pauline Noiseau, la coordonnatrice d’AlgoraLab, un laboratoire de l’Université de Montréal dédié à l’éthique délibérative autour de l’IA.

« Si l’IA touche tout le monde, quels devraient être ses grands principes ? Par exemple, s’assurer que cette technologie est développée de manière équitable pour tous et toutes, en ne laissant personne en marge. »
- Louis Normand, conseiller pédagogique au Collège de Rosemont

 

Les arts à l’ère de l’IA
Deux cours d’introduction à l’intelligence artificielle appliquée aux domaines des arts seront créés dans le cadre de l’appel de projets du pôle. Des cours qui permettront aux étudiants de se familiariser avec les applications de l’IA dans les disciplines artistiques.

« Les étudiants en arts seront notamment appelés à développer certaines compétences en informatique, notamment en programmation », explique Marie-Claude Cyr, Conseillère pédagogique au Collège Marie-Victorin.

Marie-Claude Cyr, Conseillère pédagogique au Collège Marie-Victorin.

En arts visuels, l’intelligence artificielle intervient dans des applications aussi diverses que la réalité virtuelle, la projection intelligente, la reconnaissance d’images et de pièces musicales, ainsi que l’impression 3D. L’intelligence artificielle peut même aller jusqu’à générer de manière autonome des œuvres d’art, des images et des pièces musicales.

À ce projet contribueront Laurent Viau-Lapointe, professeur en arts visuels et Daniel Tardif, professeur en mathématiques du Cégep Marie-Victorin ainsi que Sébastien Roy, professeur en informatique et Caroline de Coninck, du Centre de pédagogie universitaire de l’Université de Montréal.






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