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Du GPS aux drones : la géomatique prend son envol

Entrevue avec madame Josée Dallaire, directrice générale du Centre de géomatique du Québec, affilié au Cégep de Chicoutimi

Qu’est-ce que la géomatique?
Plusieurs personnes auraient sans doute de la difficulté à dire ce  qu’est la géomatique. Mais la plupart des gens en font sans le savoir. Quand nous achetons un GPS pour la voiture ou que nous regardons sur Google Maps les distances à parcourir pour aller d’un point A à un point B, c’est de la géomatique. Si nous utilisons un GPS à la chasse ou à la pêche, c’est aussi de la géomatique. Il y en a un peu partout, mais le terme est peut-être peu connu.

Pourquoi au Cégep de Chicoutimi?
Josée Dallaire nous résume la petite histoire du Centre de géomatique du Québec. « Quand le gouvernement a ouvert la possibilité de déposer de nouvelles demandes de centre collégial de transfert technologique, il existait une AEC en géomatique au Cégep de Chicoutimi. Des professeurs qui y enseignaient souhaitaient pousser plus loin ce champ d’expertise. La demande a été accueillie favorablement. Les choses ont évolué avec le temps : l’AEC est disparue il y a quelques années; puis elle fut réintroduite. Entre-temps, le Centre s’est développé et il a continué à tisser les liens avec plusieurs professeurs du Cégep. La géomatique peut couvrir plusieurs disciplines : la foresterie, l’informatique,la géographie, l’ingénierie et même l’aéronautique (avec le CQFA, l’École de pilotage). Le Cégep de Chicoutimi peut donc compter en la matière sur un bassin de professeurs et d’étudiants assez vaste dans plusieurs départements. »

Le Centre
Le Centre possède un bâtiment qui lui est propre sur les terrains du cégep. Dix permanents y travaillent actuellement. Plusieurs étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat se joignent à l’équipe. Il faut ajouter à cela les étudiants inscrits à l’AEC en géomatique ainsi que des étudiants internationaux. On retrouve donc plusieurs stagiaires autant en géomatique qu’en informatique. On en retrouve aussi en aménagement du territoire, en géographie. Plusieurs champs d’expertise sont imbriqués en géomatique. Le Centre possède son propre conseil d’administration où siègent des gens du milieu et du collège.

La mission du Centre
La mission du Centre consiste à aider les organismes publics ou privés à développer leurs connaissances et leur savoir-faire dans le domaine de cette technologie particulière qu’est la géomatique par des activités de recherche, d’aide technique, de formation et de diffusion d’information. « Nous servons de levier d’innovation pour les entreprises québécoises », précise Josée Dallaire.

Les axes de recherche
Le Centre a des projets qui touchent l’acquisition d’information par des capteurs montés sur des drones. « Depuis plusieurs années, le Centre a beaucoup travaillé avec des plateformes drones afin de voir comment on peut rendre plus flexible l’acquisition de l’information sur le territoire et comment elles peuvent être utilisées dans des projets géomatiques. Nos recherches sur les drones visent à mieux évaluer les types d’images qui peuvent être saisies grâce à cette technologie. Exemple : la détection de population de cervidés avec une caméra thermique. Le drone devient une plateforme où loger des équipements multiples. Notre rôle est de tester ces différents équipements. Nous travaillons également au niveau de l'intelligence territoriale en collaboration avec d’autres centres de transfert comme le CIRADD, où l’on regarde comment la géomatique peut être utilisée dans des organisations de plus grande envergure. Nous travaillons également en agriculture de précision avec AGRINOVA qui est un autre centre de transfert de technologie.

» Nous apportons de plus notre expertise géomatique dans des études sur le territoire agricole. Nous avons également développé le côté mobilité : suivi en temps réel, déplacements en temps réel ou différé. À titre d’exemple, le Centre a fait cette année le suivi en temps réel du Grand défi Pierre Lavoie. Nous avons une entente de trois ans avec cette organisation. Nous suivons le peloton sur internet. Ceci permet de voir l’élasticité du peloton afin d’assurer une meilleure sécurité des participants et un meilleur calcul des distances et des vitesses. C’est en utilisant les GPS et les liens cellulaires que nous parvenons, avec des algorithmes mathématiques, à établir les statistiques.

Le Centre a aussi travaillé avec l’ITAQ et le CIMEQ au développement d’un système de navigation pour une moto électrique. Ce dernier permet d’indiquer au conducteur le plus court chemin vers sa destination, et également l’informe s’il a l’énergie nécessaire pour s’y rendre en considérant le profil de la route ainsi que l’état de charge de la batterie. »


 

Aider les entreprises à faire les meilleurs choix
Le Centre travaille avec les secteurs minier et forestier à la gestion spatiale de leurs informations. Dans le cas des villes et municipalités, l’enjeu est de les aider à intégrer la géomatique dans leurs activités habituelles afin d’optimiser leurs processus actuels. « Nous aidons les organisations et les entreprises qui veulent acquérir de nouvelles technologies à faire les meilleurs choix : tester des technologies, faire des bancs d’essai. Notre laboratoire est ouvert au public qui peut ainsi réaliser les essais nécessaires. Notre laboratoire est très complet; nous avons un scanneur 3D, différentes caméras, une variété de SIG et autres logiciels spécialisés. Dans le domaine des GPS, ça va de la montre GPS aux GPS plus sophistiqués. »
 

« Notre force, c’est aussi de travailler en réseau »
« La force de notre équipe, c’est son aspect multi- disciplinaire : géographie, géomatique, télédétection, réseautique, informatique. Notre force réside également dans le fait de travailler en réseau. Nos partenaires sont tantôt des centres de transfert tantôt des entreprises privées. Dans la région, nous retrouvons des entreprises spécialisées dans le domaine comme le Groupe Nippour, qui travaille aussi à l’international, et l’entreprise MapGears, qui travaille au niveau des logiciels ouverts. »
Le Centre collabore également avec l’Université du Québec à Chicoutimi, plus particulièrement avec le département d’aménagement et gestion du territoire. Les liens varient en fonction des chercheurs et des recherches en cours.
La collaboration avec l’Université Laval se traduit par une participation au conseil d'administration du Réseau Convergence. Le Centre collabore de plus avec deux chercheurs de l’Université de Sherbrooke, dont le professeur Jérôme Théau. Trois de ses étudiants au doctorat et à la maîtrise travaillent avec le centre.
« Chaque année, le Centre organise une journée sur la géomatique dans le cadre de la Semaine internationale de la géographie. Cette année, l’accent sera mis sur le 15e anniversaire du Centre. Un 5 à 7 est organisé avec les clients et partenaires. Des technologies et des projets seront présentés. Il y sera question des collaborations. Ce sera aussi l’occasion de remercier nos partenaires. Dans l’après-midi, nous avons invité les enseignants et étudiants des collèges de la région ainsi que de l’université qui souhaitent nous rencontrer. »

Des projets pour l’avenir
Invitée à nous préciser les projets du Centre pour l’avenir, madame Dallaire nous confie que le domaine des drones évolue très rapidement. « Compte tenu de l’intérêt de plus en plus grand qu’ils prennent, nous voulons offrir l’expertise que nous avons développée au cours des dernières années, pour aider les entreprises à éviter les pièges qui peuvent se présenter. Il faut aider les gens à valoriser l’utilisation des drones. Au niveau de la mobilité, nous voyons de plus en plus d’applications, et ce, même en santé. On pense ici à l’utilisation d’une puce ou d’un GPS dans les vêtements afin de suivre les personnes sur un territoire donné afin d’intervenir en cas d’urgence. Du côté de la planification sur le terrain du point de vue sanitaire, les technologies permettent de faire la traçabilité de certains virus en cas d’épidémie.
» On parle de plus en plus de territoires intelligents et de villes intelligentes. La géomatique peut aider dans toutes les questions de déplacements. Avec les changements climatiques, il y a un besoin de traiter les informations sur ce sujet et de les transférer dans les entreprises afin de développer de nouveaux produits, de nouveaux systèmes ou de nouvelles technologies. Actuellement, nous sommes quatre centres de transfert de technologie à se pencher sur cette question : le CIRADD (Centre d’initiation à la recherche et d’aide au développement durable du Cégep de la Gaspésie et des Îles), le C2T3 (en télécommunications au Cégep de Trois-Rivières), OPTECH (du Cégep André-Laurendeau) et nous. »

En somme, les applications de la géomatique présentent beaucoup de possibilités dans différents domaines. Le Centre de géomatique du Québec demeure à l’affût des nouveautés et l’avenir semble très prometteur pour le CGQ et son équipe de chercheurs qui travaillent sur les projets et collaborent activement avec l’industrie.

Entrevue réalisée par Alain Lallier, édimestre, Portail du réseau collégial le 11 octobre 2013.

 






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