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Un exemple de courage et de détermination

Entrevue avec M. Gérald Simard, étudiant en électronique industrielle au Cégep de Baie-Comeau

Originaire de Matane, Gérald Simard a travaillé de l'âge de 18 à 20 ans comme bûcheron au Nouveau-Brunswick. Issu d’une famille comptant 14 enfants (10 garçons et 4 filles) il a alterné entre travail, périodes de chômage et études. Actuellement âgé de 42 ans, Gérald Simard termine son DEC en électronique industrielle au Cégep de Baie-Comeau. Voici l'histoire d’un parcours marqué par le courage et la détermination.

De bûcheron aux études de Certificat en enseignement. À cause d’un règlement du Nouveau-Brunswick qui interdit d’y travailler si on n’y réside pas, Gérald Simard doit quitter son emploi de bûcheron et revenir au Québec. Il décide alors de reprendre ses études. Il s’inscrit au programme de DEP « machiniste-usinage » à Baie-Comeau. Dès la fin de ses études, il trouve un emploi chez Pyrotek où il travaille 13 ans. La fermeture des vieilles cuves d’Alcoa provoque la fin de l’entreprise où il travaille. Au même moment, il poursuit des études à distance au Certificat en enseignement professionnel et technique à l’Université de Rimouski. Il enseigne à forfait pendant quatre ans, ce qui lui permet d'obtenir son permis d’enseignement. Faute d’inscriptions en nombre suffisant, le programme est fermé. Il se retrouve au chômage. Un nouvel emploi lui permet de travailler comme machiniste pendant six mois, suivi d’une autre période de chômage, à l'âge de 39 ans.

La décision de retourner aux études pour faire son DEC
Père de quatre enfants, il doit évaluer les meilleures avenues pour faire vivre sa famille. Il décide alors de retourner aux études grâce au programme des prêts et bourses. « Pour obtenir un DEC et avoir la chance de se placer quelque part, ça vaut la peine de s’endetter », nous confie-t-il. Il complétera un DEC en électrotechnique en réalisant que l’horaire du cégep lui permettait de s’entraîner et de se remettre en forme durant la journée. Cette discipline lui a permis de perdre 50 livres en deux ans.

Des talents d’innovateur : l’aspirateur électromécanique
À l’usine où il travaillait, on utilisait des aspirateurs pour les matériaux abrasifs. L’idée lui vient d’utiliser un aspirateur électromagnétique pour récupérer les copeaux d’acier. Lors de sa première année collégiale, il participe à un concours de l’INREST (Institut de recherche en santé et en environnement). Il complète un dossier d’une trentaine de pages. Il remporte une bourse pour réaliser un prototype. Cette bourse lui permet de réaliser un prototype maison. Il réussit à faire la preuve que c’était faisable. Après des communications avec l’Allemagne et les États-Unis, il parvient à obtenir des matériaux spéciaux. « Certains profs ne croyaient pas que j’allais réussir à le faire, mais j’ai réussi. » Il s’inscrit également au Concours québécois en entrepreneuriat et remporte le prix de la Côte-Nord.

Concours québécois en entrepreneuriat, Côte-Nord — Lauréat catégorie collégiale : projet d'aspirateur électromagnétique, Cégep de Baie-Comeau. Prix remis par Madame Josée Parisée du Forum jeunesse-Côte-Nord.

En mai 2014, il participe aux Olympiades provinciales de la formation professionnelle et technique en électronique industrielle où il décroche la médaille de bronze. Il commente en disant simplement : « C’est une belle expérience de plus. »

Gérald Simard vient de terminer son stage chez Cargill à Baie-Comeau. L’entreprise entrepose les céréales provenant de l’ouest du pays pour les réacheminer ensuite sur de plus gros bateaux vers l'Europe et l'Afrique. On y utilise beaucoup de circuits électroniques. Gérald y voit des occasions d’emplois à plus long terme. Le stage n’est pas rémunéré; il vit donc encore grâce aux prêts et bourses. Il commence à passer des entrevues pour des emplois. Sa conjointe a terminé un DEC en soins infirmiers l’an dernier. Elle travaille dans un établissement pour les personnes en fin de vie.

Comment s’en tirer avec quatre enfants? « Ce n’est pas facile, mais c’est faisable, » d’affirmer Gérald Simard. « À un moment donné, il faut que tu prennes ta vie en main. »
Il espère trouver un emploi plus permanent dans son domaine. Mais la possibilité de faire avancer son projet d’aspirateur électromagnétique continue de l’animer. Il souhaite trouver une compagnie qui voudrait développer ce projet. Est-ce que des universités seraient intéressées par un tel projet? Il a envoyé des courriels à plusieurs établissements de recherche. Il voit des développements possibles du côté des machines d’usinage où, grâce à ce type d’aspirateur, les entreprises pourraient beaucoup mieux récupérer les métaux non utilisés. Il rêve même d’un pipeline électromagnétique. Partant du constat que le minerai de fer est hautement magnétique, il estime que, grâce à l’utilisation de l’aspirateur électromagnétique, le minerai en provenance du Nord serait pur. Les scories seraient nettoyées à l’entrée. Pourquoi pas un « ferroduc » ? « On pourrait éviter les accidents de train. Mais la recherche n’est pas terminée, il faut des fonds pour continuer... »

En mai 2015, Gérald a reçu deux bourses d’Hydro-Québec soulignant et sa persévérance et le défi scientifique relevé.

Bourse défi scientifique donnée par Hydro-Québec à Gérald Simard pour la création de l’aspirateur électromagnétique

Bourse persévérance Hydro-Québec : l’autre récipiendaire est Roxanne Parent-Thibeault, étudiante en génie civil, pour tous ses efforts et ses réussites personnelles

« Chez nous, on a pris l’habitude de travailler fort et de s’entraider. »
À 42 ans, trouve-t-il que le parcours a été long et pénible? « J’aurais bien évidemment aimé toujours travailler à la même place comme les baby-boomers et accumuler un bon fond de retraite. Mais ça n’a pas été mon parcours. Je devrai travailler, innover et faire ma place. C’est ma vision des choses. J’espère ne pas être obligé de continuer à étudier à l’université, sauf si je suis rémunéré. Sinon, je vais prendre ma retraite à l’école… mais j’aimerais beaucoup enseigner. 
« Chez nous, on a pris l’habitude de travailler fort et de s’entraider. Cela explique en partie ma détermination à ne pas lâcher afin de construire quelque chose de solide sous mes pieds. » Sa mère de 82 ans lui dit encore : « Fonce, fais ce que tu veux. Profite de la vie. Essaye de réussir... »

Voilà un exemple assez éloquent d’un étudiant adulte ayant manifesté beaucoup de résilience, de courage et de détermination. Espérons que quelques dragons sont à l’écoute…

Pour les personnes intéressées, consultez son portfolio pour découvrir ses talents en littérature.

Article et entrevue réalisés par Alain Lallier, édimestre , Portail du réseau collégial.






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