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Projet-pilote d’encadrement des étudiants engagés dans des activités parascolaires

 

 

 

 

 

Entretien avec monsieur Yves Carignan, directeur, Direction des affaires étudiantes et des relations avec la communauté, Collège Montmorency

 

 

À sa dernière assemblée, la Commission des affaires étudiantes (CAÉ) a pris connaissance de l’état d’avancement du projet-pilote sur l’encadrement des étudiants engagés dans des activités parascolaires. Cinq collèges participent au projet en cours : le Collège de Valleyfield, le Cégep André-Laurendeau, le Collège Champlain Saint-Lambert, le Cégep Gérald-Godin et le Collège Montmorency. Nous nous sommes entretenus avec Yves Carignan, directeur des affaires étudiantes au Collège Montmorency qui joue un rôle pivot dans le développement du projet.

Un système de suivi des étudiants
Le projet vise à témoigner de la valeur ajoutée des activités de la vie étudiante sur le parcours scolaire des jeunes que ce soit par les activités ou les services qui sont donnés. Pour y arriver, les services aux étudiants se sont associés à la direction des études : on voulait utiliser le système pédagogique du collège pour avoir des données justes et non contestables. Yves Carignan explique : «Nous avons identifié à l’horaire maître de nouveaux groupes-classes non crédités rattachés à des services ou des activités. À titre d’exemple, les 55 athlètes actifs dans l’équipe de football se retrouvent dans un groupe-classe. Au fur et à mesure que les notes rentrent dans le système pédagogique, les professionnels qui encadrent l’activité voient les notes. Nous partons du principe que les étudiants ont des droits, mais ils ont également des obligations. Ils sont inscrits au Collège avant tout dans leur programme d’études. C’est un privilège de participer à une activité. Mais le collège, c’est un milieu de vie; c’est plus qu’un milieu d’études. Dans chaque collège, un professionnel est identifié pour suivre tout le volet scolaire des jeunes. Pour les joueurs de l’équipe de football, des périodes d’études sont intégrées à l’horaire. Ils doivent se présenter et sont dans ce sens suivis. Des tuteurs sont mis à leur disposition, s’ils sont en difficulté. C’est un service complémentaire à la mission première du Collège.»

Centre d'aide Eureka

Un suivi personnalisé
Le Collège Montmorency a commencé l’expérience en 2009. Le projet-pilote impliquant cinq collèges a quant à lui débuté à l’hiver 2016. Un premier bilan a été présenté à la Commission des affaires étudiantes (CAE) cet automne. "Les tableaux des taux de réussite ont été publiés avec une comparaison avec le taux de réussite du Collège. On compare les filles avec les filles et les garçons avec les garçons. On prend la moyenne générale au secondaire et l’encadrement est à la mesure de cette moyenne. Plus la moyenne est basse, plus l’encadrement est important. Au fur et à mesure que les résultats des examens sont inscrits dans le système, nous assurons un suivi personnalisé. À titre d’exemple, pour le centre d’aide Eureka en sciences, le professionnel regarde les résultats, et si ceux-ci sont trop faibles, une note est envoyée à l’étudiant lui demandant s’il est allé voir son enseignant pour comprendre ce qui s’est passé. Au même moment, cela permet au professionnel de faire le suivi avec le jeune. Suite à la rencontre avec l’enseignant et le professionnel, d’autres mesures sont offertes, à savoir l’accès aux centres d’aide, le tutorat par les pairs et des périodes d’études. "

Les étudiants doivent obligatoirement adhérer au programme
Le service ne s’adresse pas uniquement aux étudiants athlètes. Il concerne tous les étudiants qui s’impliquent. Celui qui veut faire de l’improvisation, de la danse, Les travaux de simulation de l’Assemblée nationale ou de l’ONU est inclus. L’ensemble des étudiants qui s’inscrivent à une activité doivent adhérer au programme. On parle ici de près de 1000 étudiants à Montmorency. «C’est obligatoire d’adhérer au programme. On ne part pas ici de l’a priori voulant que l’engagement parascolaire soit une distraction par rapport aux études. Les recherches démontrent qu’au contraire l’engagement étudiant favorise la réussite. Les premiers résultats du programme le démontrent. Au Collège Montmorency, pour les étudiants en situation de handicap, grâce à ce type de suivi, le taux de réussite est passé de 68 % (2009) à 87 % à l’hiver 2016. L’impact est significatif. Même les centres d’aide (il y en a 23 à Montmorency) sont inclus dans le programme.»

Un système informatique adapté au programme
On suppose facilement la complexité du système informatique pour appuyer une telle démarche. En ce sens, des modules additionnels ont dû être développés pour les services adaptés et pour les centres d’aide. Tout est intégré à même le système pédagogique (COL.NET). L’étudiant y a accès en tout temps au collège ou à la maison. Ces modules ont été développés autant pour les utilisateurs de COBA que de CLARA (Omnivox).

Un système de rétroaction en projet-pilote pour les étudiants en science
La beauté du système permet la rétroaction entre l’ensemble des professeurs d’un même étudiant pour les cours de science. Nous avons jumelé les disciplines de mathématique et de physique dans un premier groupe puis biologie et chimie dans un second. Si un étudiant dans un cours de physique a des problèmes, son professeur de mathématique en sera informé permettant ainsi de travailler en amont sur des notions que les jeunes ont mal intégrées. Il y a une collaboration du corps professoral sur ces questions. «La réussite part toujours de la classe. Nous nous préoccupons des enseignants dans ce projet pour que nos systèmes les aident.»

Une collaboration entre les services aux étudiants et ceux des études
Un aspect remarquable de ce projet : la collaboration entre les services aux étudiants et ceux des études, «ce qui faisait d’ailleurs partie de la prémisse voulant que ce soient souvent deux services qui travaillent en silo. On s’est rappelé que la mission éducative, c’est la mission première du Collège. Il faut trouver le moyen de travailler ensemble et c’est le chemin que nous avons trouvé».

L’impact
Le programme fournit des informations très précises sur le cheminement de l’étudiant. Pour un cours donné, on a le taux de réussite d’un service par rapport à un autre. À partir de toutes les données cumulées, les responsables ont pu constater l’impact sur le taux de réussite du Collège qui a progressé entre autres pour les étudiants inscrits aux activités de la Vie étudiante, passant de 88 % (hiver 2011) à 92 % à l’hiver 2016.

Un projet-pilote qui risque de faire boule de neige
Cinq collèges participent au projet, mais, lors de la dernière réunion de la Commission des affaires étudiantes, on a demandé si d’autres collèges étaient intéressés : tous les gestionnaires ont levé la main. On peut donc s’attendre à ce que le projet fasse boule de neige dans l’ensemble du réseau. «Tous nos étudiants ont des besoins particuliers, c’est une façon d’y répondre et cela mobilise toute la communauté collégiale. C’est un système de communication entre l’étudiant, son enseignant, les professionnels et le personnel administratif. Un système de communication intégré où les gens ont les informations en continu et en direct. Toute la communauté montmorencienne adore ça. Il y a eu des craintes au début; maintenant, la communauté ne s’en passerait plus. Nous avons là un suivi personnalisé pour les jeunes. Même pour un collège de grande taille, c’est une façon de se rapprocher de notre population étudiante et d’assurer un service de qualité.»

Dossier préparé par Alain Lallier, éditeur en chef et édimestre au Portail du réseau collégial.






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