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Le SPEC, un levier pour la réussite

Par Thérèse Lafleur

Mieux comprendre les besoins et les intérêts des étudiants pour mieux les accompagner,  c’est ce que vise le Sondage provincial sur les étudiants des cégeps (SPEC), coordonné par la Fédération des cégeps au plan national. Les données colligées permettent à chaque cégep participant de tracer un portrait de sa population étudiante tout en offrant la possibilité d’obtenir des profils étudiants par région ou pour l’ensemble du réseau.

Le SPEC est une référence pour connaître le point de vue des étudiants et pour obtenir des informations sur des questions sociodémographiques. Il permet de dégager des voies d’action pour les établissements, les intervenants et les groupes de recherche tout en permettant aux étudiants de faire entendre leur voix.

Différentes formes d’utilisation des données du SPEC dans un objectif de réussite des cégépiens ont été présentées dans le cadre d’un atelier lors du congrès de la Fédération des cégeps qui s’est tenu à Saint-Hyacinthe, les 30 et 31 octobre 2019.

Une solide base de données

Dans les cégeps qui ont participé en 2018-2019,30 000 répondants ont complété le SPEC 1 ou le SPEC 2. Chaque cégep gère lui-même les questionnaires à travers un portail qui permet de suivre les données en temps réel et de produire des rapports. Le réseau dispose également de données qu’il est possible de traiter à l’échelle du Québec.

Le SPEC 1 vise les étudiants qui entrent en première session au cégep, à l’automne. Ses 29 questions réparties en 9 thèmes permettent de connaître les étudiants sous l’angle du profil sociodémographique, de l’expérience antérieure aux études collégiales, des valeurs, de la motivation à poursuivre des études, de l’orientation et des choix de programme, du soutien et du financement des études ainsi que des services aux étudiants.

Le SPEC 2 s’adresse aux étudiants qui en sont à leur deuxième session consécutive au cégep. Ses 19 questions réparties en 7 thèmes portent, entre autres,sur leur gestion des études et du temps, leur motivation, leur participation à la vie étudiante et leur expérience au collégial.

Quelques faits saillants du SPEC 1 2019-2020i

À partir des données du SPEC 1 2019, un cégep peut préciser les attentes et les besoins de ses étudiants.

Les 18 775 répondants du SPEC 1 2019 ont aussi fourni les informations suivantes :
- 11 % ne savent pas à qui s’adresser lorsqu’ils ont besoin d’aide pour un travail scolaire ;
- 61 % sont indécis face à leur choix de carrière ;
- 62 % envisagent des études universitaires ;
- Le contrôle du stress arrive au premier rang sur une liste de quinze éléments suggérés en termes de besoins d’aide sur le plan personnel ;
- 14 % sont ou croient être en situation de handicap. Les principaux troubles identifiés sont le TDA/TDAH et les troubles de santé mentale. De plus, 10 % ont indiqué qu’ils étaient peut-être en situation de handicap ;
- 11 % ont indiqué avoir des inquiétudes financières ;
- Écrire sans faute est un besoin prioritaire en français pour les répondants ;
- 34 % prévoient utiliser les services d’aide à la réussite en français dès leur première de cégep.

Des résultats stratégiquement utilisés

L’utilisation des données à des fins institutionnelles a été abordée lors du congrès par Carole Lavallée, directrice des études du Cégep de Saint-Laurent. Avec son équipe, madame Lavallée travaille depuis quatre ans à dresser le profil de l’étudiant.e type. Le SPEC a permis au Cégep de Saint-Laurent d’identifier ce qui le caractérise et de comparer ses données avec celles de cégeps de même nature.

Les données du SPEC dépassent les traditionnels portraits chiffrés expliquait madame Lavallée. C’est pour aborder la réussite et la diplomation que les données du SPEC sont aidantes, car les étudiants du Cégep de Saint-Laurent tendent à ne pas se comporter selon des schèmes connus.

Les données du SPEC sont examinées selon différents critères : immigration, scolarité des parents, prépondérance de certains choix étudiants, dont le programme ou les activités d’engagement et le type de situation de handicap. Dans cette foulée, un analyste a été engagé pour arriver à savoir s’il y avait un lien entre le profil des étudiants lié aux éléments spécifiques identifiés par le SPEC et leur profil de diplomation. Est-ce qu’il y a un lien à faire entre l’étudiant type du Cégep de Saint-Laurent et le taux de diplomation ? Est-ce que le portrait est le même pour tous les étudiants ? Peut-on offrir des services individualisés à partir des réponses ? Ces questionnements font le pont entre l’actuel plan de réussite et le prochain concluait, madame Lavallée en atelier.

Intervenir selon les données recueillies

Lors du congrès, Marise Lachapelle, conseillère pédagogique à la recherche et aux programmes, a présenté l’emploi du SPEC par les intervenants du Cégep André-Laurendeau.

Le SPEC y est utilisé pour circonscrire le portrait des étudiants ayant une moyenne générale au secondaire (MGS) inférieure à 75 % en lien avec le premier cours de français. Une recherche Performa s’amorce à partir d’une étude interne visant à comprendre pourquoi, au terme de dix années de mesures pour favoriser la réussite du premier cours de français, les taux n’augmentent pas. Cette étude a mis en lumière que la perspective des étudiants n’était pas considérée ! Le projet Performa prévoit donc mener des entrevues avec les étudiants de ce sous-groupe pour mieux cerner leur perception et concevoir des stratégies qui pourraient améliorer leur réussite selon leur vision du premier cours de français.

Interpellé pour ce projet de recherche, le professionnel expert du SPEC a pu en exposer les possibilités aux différents services. La volonté de mieux connaître les attentes des étudiants du Cégep André-Laurendeau à travers les données du SPEC s’exprime maintenant plus largement. En fait, les informations colligées contribuent à faire le lien avec les intervenants en mesure d’utiliser ces données pour rejoindre les étudiants ciblés. De plus, les données du SPEC sont croisées à celles de CLARA et aux résultats d’un sondage interne destiné aux finissants. Le Cégep peut donc faire un suivi longitudinal du cheminement de ses étudiants.

Un potentiel inédit de recherche à explorer

Le potentiel du SPEC pour la recherche a été rappelé lors du congrès par Michaël Gaudreault, enseignant-chercheur à ÉCOBES – Recherche et transfert du Cégep de Jonquière. Monsieur Gaudreault a d’abord présenté quelques projets dans lesquels ÉCOBES a eu recours aux données du SPEC :
- Dans trois régions, elles ont servi à dresser un portrait des étudiants de première génération pour mettre en place des interventions adaptées. Les différentes expérimentations menées ont donné lieu à la création d’un dossier spécial du CAPRES sur cette thématique ;
- Le rapport Caractéristiques de la population étudiante collégiale a dégagé des indicateurs du cheminement des cégépiens grâce à la mise en commun des données réseau du SPEC ;
- Le groupe de recherche a dressé un portrait des étudiants de Sciences humaines lors du Carrefour de la réussite de 2018, puis a été mandaté pour alimenter les responsables du Carrefour pour un nouveau chantier qu’ils souhaitent mener sur les étudiants inscrits au Tremplin DEC. Les données du SPEC, combinées à celles d’autres enquêtes et aux données de réussite des collèges, ont été utilisées pour témoigner d’une diversité de dimensions de la vie des collégiens pour alimenter les réflexions afin d’améliorer la réussite de ces étudiants ;
- Récemment, le groupe de recherche a travaillé sur la conciliation études-travail. Les données du SPEC ont pu être traitées régionalement à la suite d’une entente donnant accès à des données anonymes, mais individuelles dans tout le réseau. L’équipe de recherche a consulté l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire(EQSJS) et ICOPE, une enquête réalisée dans le réseau de l’Université du Québec tous les cinq ans pour témoigner de l’état de l’emploi étudiant au secondaire et à l’université.

Monsieur Gaudreault a aussi présenté deux projets où les données du SPEC pourraient être combinées,sur la base de leur code permanent anonymisé, à celles d’autres bases de données portant sur la réussite ou sur l’admission des étudiants, afin de caractériser les trajectoires des finissants de 5e secondaire de Montréal ou encore de dresser le profil des étudiants sous contrat de réussite dans les collèges, afin de mieux cibler les enjeux de réussite propres à ces étudiants.

Du point de vue de la recherche, les outils développés par l’Université du Québec sont inspirants pour l’utilisation potentielle du SPEC selon monsieur Gaudreault. L’outil Profil de succès personnel des études (PROSPERE) fournit des données annuelles et permet de d'offrir une rétroaction à l’étudiant sur ses enjeux de réussite ou encore de dresser des portraits par établissement ou par famille de programmes. Aux cinq ans, l’Université du Québec fait une enquête plus élaborée pour identifier les thématiques ou les problématiques émergentes. Menées par la Direction de la recherche institutionnelle de l’Université du Québec, des analyses spécifiques de ces données sont faites et alimentent les établissements de ce réseau.

L’univers des possibles qu’ouvre le SPEC est encore à explorer par les cégeps. En conclusion à l’atelier, monsieur Gaudreault mentionnait que du point de vue de la recherche, le collégial sous-utilise les données qu’il collige sur ses étudiants. Il rappelait que les données et les outils existent et qu’il ne reste qu’à utiliser leur plein potentiel.

Les chantiers SPEC

Le Comité d'orientation du SPEC est composé de représentants de la Fédération des cégeps, de membres de la Commission des affaires pédagogiques et de la Commission des affaires étudiantes ainsi que d’un chercheur collégial. Le Comité constitue l'instance qui guide les travaux de développement et de promotion du Sondage provincial sur les étudiants des cégeps en proposant des orientations qui répondent aux besoins du réseau collégial. Ses travaux sont coordonnés par Hélène Jean-Venturoli, coordonnatrice de la Commission des affaires pédagogiques à la Fédération des cégeps. Le Comité  se penche actuellement sur l’intégration de la population B, soit les étudiants qui ont déjà un parcours collégial, dans les deux questionnaires SPEC. De plus, un tutoriel de formation sera intégré au portail SPEC pour en faciliter l’utilisation par les intervenants des collèges.

Comme le défi s’avère grand pour rejoindre les personnes susceptibles d’intervenir pour la réussite au sein des établissements, le Comité s’active à produire un outil de rétroaction aux intervenants d’un point de vue réseau. Comment aider les collèges à communiquer et à utiliser les informations générées par le SPEC ? Comment améliorer les interventions pour la réussite des étudiants ? L’outil qui sera développé devrait permettre aux collèges de mieux accompagner les intervenants dans l’utilisation des résultats afin de soutenir la réussite de leurs étudiants.

Déjà, plusieurs sources de données sont disponibles : sondages internes, DÉFI, PSEP, CLARA ou COBA. Mais le SPEC a l’avantage de donner la parole aux étudiants qui y expriment leurs besoins et leurs intérêts. C’est ce qui le distingue. En se mobilisant pour que le SPEC se déploie pleinement, les collèges profitent d’un outil à la mesure de leurs ambitions pour accompagner chaque étudiant tout au long de son parcours collégial vers la réussite.

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iLes données sont extraites du Sondage provincial sur les étudiants des cégeps 1 (SPEC1 2019) présenté à l’atelier SPEC – sondage provincial sur les étudiants des cégeps : pratiques et perspectives des utilisateurs dans un objectif de réussite des cégépiens présenté lors du congrès 2019 de la Fédération des cégeps.






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