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Planète bleue, idées vertes

Dépolluer grâce aux champignons

Et si les champignons étaient des alliés de la dépollution ? C’est ce que propose Biopterre, un institut de recherche situé à La Pocatière, grâce à un procédé méconnu mais qui gagne du terrain : la mycoremédiation.

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Mark Suciu La Presse

« Il y a un champignon quelque part qui possède le bagage pour pouvoir dégrader la plupart des contaminants qu’on lui présente », explique Kawina Robichaud, la chercheuse qui dirige la majorité des projets de remédiation de Biopterre.

La mycoremédiation repose sur l’utilisation de champignons pour assainir l’environnement. Cette technique biologique permet le traitement des eaux et des textiles, mais aussi la décontamination des sols.

Grâce à leur mycélium, leur réseau souterrain qui se développe dans le sol, les troncs d’arbres ou d’autres matières organiques, les champignons sont en mesure d’excréter des enzymes à l’extérieur de leurs filaments pour dégrader une panoplie de contaminants. Les champignons possèdent une « batterie enzymatique extrêmement agressive ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Kawina Robichaud, chercheuse chez Biopterre

"Il y a des champignons qui sont même capables de digérer de la roche."

 Kawina Robichaud, chercheuse chez Biopterre

Ce processus enzymatique permet de d’attaquer et de dégrader des composés organiques complexes, comme des hydrocarbures pétroliers, certains explosifs, des pesticides ou encore des produits pharmaceutiques.

Dans d’autres cas, les champignons ne détruisent pas les contaminants, mais les stockent. C’est notamment le cas des métaux lourds. « Les champignons ne font pas la différence, qu’il y ait beaucoup ou peu de métaux dans le sol. Ils les accumulent. Ce sont des super stockeurs », précise Félix-Antoine Bérubé-Simard, codirecteur à l’innovation et au transfert technologique chez Biopterre.

Autrement dit, les champignons offrent deux voies de remédiation : la dégradation par des enzymes ou l’absorption de certains contaminants dans leur structure cellulaire.

Une expérience prometteuse sur la Côte-Nord

Pour illustrer le potentiel de cette approche, Biopterre travaille sur un projet mené sur la Côte-Nord. Il faut remplacer des traverses de chemin de fer imbibées de créosote, un contaminant utilisé pour protéger le bois, formé d’hydrocarbures toxiques et cancérigènes, interdit au Canada depuis 2011. Mais on ne sait pas quoi faire avec ce bois contaminé.

Les solutions traditionnelles sont très peu intéressantes : enfouir ces traverses, ou les transporter sur des centaines de kilomètres pour les incinérer. « L’enfouissement, c’est léguer le problème aux générations futures, et le transport pour l’incinération, ça laisse une empreinte carbone énorme », souligne Mme Robichaud.

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10 novembre 2025