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Cégep blues

Par Mathieu Bélisle, Essyiste, collaboration spéciale, La Presse

Quand des directions de cégep acceptent de parler publiquement du mauvais état de leurs infrastructures, comme on le voit depuis la publication récente d’un reportage dans Le Devoir1, c’est que les choses ne vont pas bien.

Car en temps normal, les gestionnaires préfèrent défendre les intérêts de leur établissement dans les cadres prévus, en privé, sans faire de vagues. Sauf que les informations contenues dans le dernier budget du Québec ont de quoi les inquiéter.

En trois ans, le déficit d’entretien des cégeps a plus que doublé, passant de 326 millions en 2021-2022 à plus de 700 millions en 2024-2025. Et la mauvaise nouvelle est que le déficit record de 11 milliards laisse présager des mesures d’austérité, alors même que la population des cégeps augmente et que les besoins sont criants.

J’ai décidé de faire le tour des cégeps du Québec, pour tâter le pouls des professeurs. Leurs réponses, données sous le couvert de l’anonymat de crainte d’être accusés de manque de loyauté, m’ont parfois rassuré, souvent inquiété.

Au cégep de Rimouski, où le déficit d’entretien s’élève à 51 millions, une professeure⁠ me parle des « lézardes inquiétantes » qu’elle voit sur les murs de l’ancien séminaire, dont la peinture « écaille et se boursoufle » et où la chaleur, de mai à septembre, est « suffocante » : « Je me souviens de mes élèves qui, quand je donnais des cours d’été, apportaient leur propre ventilateur sur pied dans la classe. Plusieurs collègues font désormais la même chose », écrit-elle.

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1er avril 2024