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Planète bleue, idées vertes - Fondre les masques dans le décor
Article publié par La Presse+ - Ariane Krol
11 avril 2022 - Salaberry-de-Valleyfield — Que faire avec les masques médicaux récupérés sur les lieux de travail ? Au cégep de Salaberry-de-Valleyfield, le département de chimie a développé un procédé pour en faire des socles… en attendant de pouvoir les transformer en bancs de parc.
La rentrée de l'automne dernier s'est accompagnée d'un tsunami bleu, celui de ces masques médicaux usagés. Les quelque 2500 élèves et employés en génèrent plus de 20 000 par semaine, estime Amélie Delisle, technicienne volet environnement au cégep de Salaberry-de-Valleyfield.
Conscient que le transport à un sous-traitant externe aurait généré des gaz à effet de serre, le cégep s'est donné le défi de les traiter sur place. « On s'est dit qu'on utiliserait les connaissances et les capacités qu'on a à l'interne », résume Amélie Delisle.
Hormis l'élastique et les attaches de métal, un masque médical est presque entièrement constitué de polypropylène, la résine qui sert notamment à fabriquer des pots de margarine et de yaourt. Que faire de ces montagnes de plastique ? Un banc de parc, a tout de suite pensé le coordonnateur du département de chimie, Dominic Laliberté, qui s'est lancé dans le projet avec son collègue, le professeur Éric Demers. Six cégépiens de deuxième année en technique de chimie analytique leur donnent un coup de main entre leurs cours.
« On travaille là-dessus une ou deux journées par semaine : on fait de la recherche, c'est un processus qui est long », explique M. Laliberté.
Essais et erreurs
Au début du projet, par exemple, M. Laliberté ne comprenait pas pourquoi il devait soumettre ses masques à une température plus élevée que ceux de son collègue pour les faire fondre, produisant une couleur brunâtre et une odeur nauséabonde.
Le mystère, et ses effluves indésirables, s'est dissipé en analysant les trois couches des masques séparément.
« On n'avait jamais allumé que la couche supérieure des masques imprimés n'était pas du même plastique ! »
— Dominic Laliberté, coordonnateur du département de chimie du cégep de Salaberry-de-Valleyfield
Contrairement à son collègue, qui réalisait ses tests avec des spécimens neufs tous pareils, M. Laliberté utilisait un lot de masques usagés contenant des modèles pour enfants ornés de jolis motifs. Et cette couche imprimée, même sur fond bleu, est en polyéthylène téréphtalate (PET), le plastique avec lequel sont fabriquées les bouteilles d'eau. Celui-ci étant plus résistant, la température requise pour le faire fondre entraîne une dégradation des autres matériaux.
Un projet de pots de fleurs entamé l'automne dernier s'est aussi révélé plus complexe que prévu.
« Le plastique perd 2 ou 3 % au refroidissement, donc il finit par contracter le moule tellement fortement que le plastique craque », dit M. Laliberté en montrant un prototype fendu.