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Des examens de fin de session à l'hôtel

Article publié par Le Devoir, Marco Fortier

Un reportage du «Devoir» a révélé le recours important à la triche dans les cégeps lors de la dernière session d'hiver, qui a été terminée à distance à cause de la pandémie.
Photo: John MacDougall Agence France-Presse

24 octobre 2020 - La ministre Danielle McCann envisage d'utiliser des espaces vacants dans les salles de réunion d'hôtel ou dans les centres de congrès, délaissés en raison de la pandémie, pour loger des classes de cégep ou d'université. Cette solution permettrait d'offrir davantage de cours ou d'examens en présence pour motiver les étudiants découragés par l'enseignement virtuel.

« C'est certainement quelque chose qu'on va explorer. Spécialement en zone orange, c'est quelque chose qu'on regarderait rapidement », a affirmé la ministre de l'Enseignement supérieur dans une entrevue au Devoir cette semaine.

« Les hôtels n'ont pas beaucoup de clients à ce moment-ci. Ça serait une façon de les soutenir et de soutenir nos étudiants », a-t-elle précisé dans une de ses premières entrevues de fond depuis sa nomination à l'Enseignement supérieur, en juin dernier.

Polytechnique Montréal est une des rares universités québécoises à recourir à cette solution pour offrir le plus d'examens possible en présence. L'établissement a loué des espaces au Palais des congrès pour tenir les examens de fin de session « de manière sécuritaire et conforme aux directives de la Santé publique ». Ces locaux pourront accueillir 1000 personnes avec une distanciation de deux mètres, a confirmé Polytechnique (voir encadré).

Ce type de mesure est plus facile à mettre en place en zone orange, rappelle la ministre McCann, mais Polytechnique Montréal démontre qu'il est possible d'innover même en zone rouge — où se trouvent 80 % des étudiants de cégep ou d'université.

Logiciel de surveillance

Dans l'hypothèse improbable où les examens finaux devraient se tenir à distance à cause de la situation sanitaire, Polytechnique Montréal surveillerait les étudiants à l'aide d'un logiciel suivant à la trace les mouvements des personnes et de leur écran. Les examens des programmes de certificat et ceux des étudiants étrangers retenus dans leur pays d'origine feront aussi l'objet d'une télésurveillance.

La ministre McCann se réjouit que Polytechnique compte recourir « de façon très circonscrite » à la télésurveillance. Et que l'utilisation de logiciels de surveillance ne soit pas plus répandue dans les cégeps et les universités québécoises. « On va souhaiter que ça ne prenne pas plus d'ampleur et qu'on arrive à d'autres modalités d'évaluation », dit-elle.

Les données recueillies par le logiciel de télésurveillance seront détruites après 30 jours et seront stockées sur un serveur situé au Canada, a précisé Polytechnique. « Dans un cas de suspicion de tricherie, le stockage des données pourrait aller jusqu'à cinq mois supplémentaires, le temps que le comité de plagiat de Polytechnique Montréal s'y penche et prenne la décision finale », a précisé Chantal Cantin, directrice des communications de l'établissement.

Polytechnique a aussi convenu de n'utiliser qu'une caméra de surveillance plutôt que deux, comme annoncé au début de la session d'automne.

Danielle McCann dit être sensible au point de vue des associations étudiantes, qui trouvent ces logiciels intrusifs. La ministre indique que la tricherie dans les examens à distance « n'apparaît pas comme une préoccupation majeure » de la Fédération des cégeps et du Bureau de coopération interuniversitaire — malgré un reportage du Devoir ayant révélé le recours important à la triche dans les cégeps lors de la dernière session d'hiver, qui a été terminée à distance à cause de la pandémie.

Cégeps anglais

La ministre McCann a aussi confirmé que l'équilibre des places entre les cégeps anglophones et francophones du Grand Montréal fait partie de la vaste révision des « devis scolaires » des établissements, lancée par son ministère.

« Ce qu'on regarde, c'est effectivement de mettre un genre de limite au niveau des cégeps anglophones. […] On veut vraiment que la trajectoire [des étudiants francophones] se passe davantage au niveau des cégeps francophones », dit-elle.

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