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Le cégep de la Gaspésie s'enracine en anglais à Montréal

Article publié par Le Devoir - Marco Fortier


Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le campus montréalais du cégep de la Gaspésie et des Îles est né il y a quatre ans et demi d'un partenariat avec le collège Matrix.

4 février 2020- Le cégep de la Gaspésie et des Îles a pris les grands moyens pour compenser la baisse de son effectif : le collège a ouvert un campus anglophone à Montréal, qui recrute uniquement des étudiants étrangers venus surtout de l'Inde et de la Chine.

Ce cégep anglophone connaît une croissance fulgurante, au point que certains le qualifient de véritable vache à lait : depuis sa fondation en 2015, le nombre d'inscriptions a bondi de 35 étudiants à 2200 étudiants. L'établissement situé dans un bâtiment anonyme du quartier Ahuntsic, au nord de Montréal, accueille deux fois plus d'étudiants que l'ensemble des quatre autres campus du cégep, situés en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine (qui comptent au total 1010 étudiants).

« C'est une croissance assez faramineuse », dit Sylvain Vachon, responsable de cette initiative. Le campus anglophone du cégep de la Gaspésie a généré l'an dernier des profits de 1 million de dollars, qui ont été réinvestis dans les cégeps de la Gaspésie et des Îles, de Matane et de Rivière-du-Loup, qui ont regroupé leurs activités de recrutement international.

Si ce n'était pas nous qui avions lancé le programme, il est certain qu'un autre cégep l'aurait fait
— Sylvain Vachon

 
Comme bien des cégeps situés en région, celui de Gaspé a perdu environ 10 % de son effectif depuis une dizaine d'années. Pour maintenir de précieux programmes d'enseignement, le cégep mise sur le recrutement d'étudiants internationaux. Mais il n'est pas facile d'attirer de jeunes étrangers à Gaspé ou aux Îles-de-la-Madeleine, explique Sylvain Vachon. C'est beaucoup plus facile à Montréal. Et il est plus simple de recruter des étudiants maîtrisant l'anglais que le français.

Anglicisation de Montréal
Le Mouvement Québec français (MQF) s'insurge contre la création, sans aucun débat public, d'un autre cégep offrant un enseignement en anglais dans l'île de Montréal. « Ce campus anglophone d'un cégep régional, qui accélère l'anglicisation de la région métropolitaine, n'a pas lieu d'être. On demande au ministre de l'Éducation de faire ses devoirs et de stopper l'hémorragie », dit Maxime Laporte, président du MQF.

Certains cégeps en région sont tellement sous-financés, à cause de la baisse de la population, qu'ils doivent se livrer à une véritable course à la « clientèle » pour survivre, déplore-t-il. Plutôt que de forcer un cégep à enseigner en anglais à des étudiants venus d'Asie, il faut investir des fonds publics pour lui permettre de remplir sa mission régionale en français, fait valoir Maxime Laporte.

Faute de financement adéquat, les cégeps francophones n'ont pas le choix de se tourner vers le véritable « Klondike » que sont devenus les étudiants étrangers, souligne-t-il.

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