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Un piano pour Noël

CHRONIQUE publiée par La Presse; Rima Elkouri La Presse

Des âmes dévouées et généreuses ont mis de la musique dans la vie de jeunes réfugiés syriens. Récit.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Carole Davis (en rouge, au centre) fait partie des généreux lecteurs qui ont contribué à la mise sur pied du programme MusiquEntraide. Le projet est né de la collaboration entre Jo-Anne Fraser, coordonnatrice de programme au département de musique du Cégep de Saint-Laurent, Gina Haffar Wakil, de l’Entraide Bois-de-Boulogne, et Amal Karazivan. On les voit ici en compagnie de la famille Suliman et des enseignants Florence Mailloux et Duy-Dan Nguyen.

Ce conte de Noël commence le 7 juillet. Je sais, ça ne fait pas très sérieux de commencer un conte d’hiver en plein été. Mais c’est bien ce qui s’est passé. Et c’est un peu de votre faute.

C’est l’histoire d’une professeure dévouée qui sait que la musique a le pouvoir de changer des vies et qui avait une cause chère à son cœur : mettre de la musique dans la vie d’enfants syriens qui ont subi les affres de la guerre.

C’est l’histoire d’une Montréalaise généreuse qui regrettait que son beau piano soit silencieux depuis trop longtemps.

C’est l’histoire d’enfants syriens forcés à l’exil qui ne pouvaient espérer mieux que de faire résonner ses notes.

C’est l’histoire d’un cercle vertueux auquel contribuent très souvent nos lecteurs.

Tout a commencé dans une chronique publiée un dimanche de juillet. Dans le cadre d’une série estivale appelée « Tout ne va pas si mal », je racontais l’histoire de Jo-Anne Fraser, coordonnatrice de programme au département de musique du cégep de Saint-Laurent, qui m’avait écrit une lettre très émouvante. Dans les années 70, ma mère avait été sa professeure de maths. Une prof marquante pour elle même si elle n’aimait pas trop les maths. Quarante ans plus tard, Jo-Anne voulait lui dire merci.

Elles se sont donc retrouvées autour d’un café. Et elles se sont mises à parler comme si elles ne s’étaient jamais quittées. Jo-Anne confiait à ma mère qu’elle aimerait lancer une campagne de récolte d’instruments de musique afin d’offrir des cours à des jeunes réfugiés syriens. Comme ma mère, qui a quitté sa Syrie natale pour le Québec en 1967, fait du bénévolat auprès de nouveaux arrivants syriens, elles ont convenu d’y travailler ensemble. « Moi, la musique m’a sauvé la vie », me disait Jo-Anne, émue.

J’ai glissé quelques mots à ce sujet à la fin de mon article, sans me douter de rien.

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