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Pénurie d’hygiénistes dentaires en région

Un article publié par La Presse+ - Mayssa Ferah La Presse

15 juillet 2019 - Une pénurie d’hygiénistes dentaires touche le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et la Côte-Nord, au grand désarroi des dentistes de ces régions. Le gouvernement espère régler la crise grâce à l’adoption du projet de loi 29, qui accorde plus d’autonomie aux hygiénistes dentaires. Mais de nombreux professionnels craignent que ce ne soit pas suffisant.

Guylaine Paré, membre du conseil d’administration de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec, ne dispose que d’une seule hygiéniste dentaire dans sa clinique de Mont-Joli. Lorsqu’il a fallu la remplacer pour trois mois, la Dre Paré n’a trouvé personne et a dû se charger elle-même des soins buccodentaires. « Quand un dentiste doit faire le travail de l’hygiéniste, c’est épuisant et ça enlève du temps pour les urgences et les soins curatifs », a-t-elle dit à La Presse.

Les candidates se font rares dans les régions touchées par la pénurie, malgré la surenchère de certains dentistes. Il arrive, selon la Dre Paré, que les cliniques installées en région ferment définitivement leurs portes en raison du manque de personnel.

« Je suis au fait de quelques exemples où certains dentistes ont travaillé sans hygiénistes, pour ensuite s’établir ailleurs. C’est très exigeant. »

— Guylaine Paré, de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec

La pénurie se fait sentir depuis environ deux ans, affirme Diane Duval, présidente de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec (OHDQ). À l’heure actuelle, les hygiénistes québécoises ne peuvent pas offrir un soin à une personne sans qu’un dentiste examine le patient au préalable, détermine un plan de soins et inspecte la qualité de leur travail. Ce manque d’indépendance professionnelle ne suscite pas l’intérêt pour la profession. En Ontario, les hygiénistes dentaires peuvent travailler de façon autonome.

« Beaucoup se réorientent après cinq ans de pratique », affirme Mme Duval. Selon le secrétariat de l’OHDQ, environ 50 hygiénistes dentaires ne renouvellent pas annuellement leur permis d’exercice parce qu’elles réorientent leur carrière ou vont exercer à l’extérieur du Québec.

Problèmes de recrutement

France Lavoie, hygiéniste dentaire depuis plus de 30 ans, est vice-présidente à la Coopérative de solidarité des hygiénistes dentaires. « Nos compétences sont excellentes, mais sous-utilisées », a-t-elle dit à La Presse. Présentement, les conditions d’exercice ne favorisent pas l’engouement d’une génération qui recherche l’indépendance professionnelle, juge-t-elle.

Diane Duval et France Lavoie ont remarqué une baisse des inscriptions au cégep, où les programmes en hygiène dentaire sont pourtant contingentés. Les jeunes sont moins intéressés par les perspectives d’avenir de la profession. « L’autonomie est essentielle pour rendre ce métier plus stimulant », dit Mme Lavoie.

Le recrutement de candidates se fait d’ailleurs presque exclusivement auprès de la gent féminine ; 98,5 % des hygiénistes dentaires sont des femmes. « Peu d’hommes choisissent cette profession », confirme Mme Duval. Selon elle, la perception qu’on a de l’hygiéniste dentaire est celle d’une auxiliaire, toujours sous la supervision d’un dentiste.

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