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Yvon Fortin: la science en toute simplicité

Article publié par Le Soleil, Yves Therrien

Yvon Fortin fait découvrir les beautés de la science au-delà des longues équations.

-Le Soleil - Patrice Larohe

19 juin 2018 - Yvon Fortin est un vulgarisateur incroyable. Dès la première question, il s’envole dans un discours où, tout d’un coup, la science paraît d’une grande simplicité.

Professeur de physique au Cégep Garneau pendant 35 ans, il est animé par la science, par l’histoire de la science, par les débats que les découvertes et les affirmations scientifiques ont suscités au fil des âges.

Il joue avec les concepts scientifiques comme d’autres jouent avec les mots, comme s’il s’agissait d’un exercice de jonglerie dans lequel tout devient cohérent au fur et à mesure que la discussion avance.

Ce n’est donc pas sans raison que l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) et Radio-Canada lui ont remis le premier prix Thérèse-Patry en raison de son talent de vulgarisateur.

Abordant la gravitation selon Newton, il souligne que l’histoire du scientifique assis au pied du pommier recevant une pomme sur la tête relève plus de la fable que d’un fait. Il relate alors le questionnement de l’homme de science pour faire un détour dans le monde littéraire.

Science et littérature
«Saviez-vous que c’est Voltaire qui a fait connaître Newton aux Français?» Il expose alors le passage de l’homme de lettres en Angleterre au moment des funérailles du scientifique. Et le poème qu’il a écrit sur le personnage. Poème envoyé à la marquise Émilie du Châtelet. Elle écrira à son tour sur la loi de la gravité. Les Français avaient Descartes comme homme de science bien en vue, mais c’est à cause de Voltaire que la France a connu Newton.

Puis, il parle de Galilée, des forces politiques et religieuses en présence qui contestaient le scientifique, des discussions voilées qui reconnaissaient en coulisse la véracité des découvertes, mais qui n’étaient pas approuvables publiquement à cause de la sacro-sainte dogmatique de l’époque.

Il saute dans le monde de l’éducation pour décrire son travail de professeur, les contraintes des programmes, le plaisir d’enseigner, surtout de la nécessité de l’école. Des études, en fait, plus que les institutions d’enseignement. Car faire école, c’est le vrai monde de l’éducation, un processus lent et continu, et surtout durable puisque cela laisse une trace. «Le savoir n’est pas suffisant, clame-t-il. Il faut comprendre, réfléchir.»
«Il faut comprendre et saisir la beauté des théories en science», c’est la phrase dans le programme des cours qui l’a convaincu que l’enseignement serait son monde pour plusieurs années.

Les débats
«Les études, c’est ce qui transforme le monde», avance-t-il en montrant d’un long geste du bras tout ce qui meuble la salle de rédaction du Soleil. Les ordinateurs, les chaises, les téléviseurs, le papier sur les bureaux, «tout cela existe parce que des gens ont étudié» ceci ou cela pour créer des objets. I ly a de la science dans ces objets du quotidien.

Et le voilà parti dans une nouvelle direction pour raconter comment les débats entre des scientifiques aux idées opposées ont fait évoluer la science.

Il revient avec Galilée pour montrer comment, des siècles plus tard, un débat analogue refait surface et hante les tribunes dans le même style d’obscurantisme. «On parlait des problèmes de la couche d’ozone en 1892. On sait depuis longtemps que les scientifiques ont raison quant aux changements climatiques.» Mais comme à l’époque de Galilée, les opposants refusent d’accepter les faits prouvés hors de tout doute dans la cohérence de la science.

Pour lui, au-delà du prix Thérèse-Patry, il y a d’abord eu le choix de ses pairs qui ont soumis sa candidature. Le regard des gens du milieu valait déjà beaucoup à ses yeux. La décision du jury sur sa carrière, il l’a accueillie avec plaisir en disant : «j’espère que mes années d’enseignement auront eu un effet sur tous ces adolescents devenus des adultes».