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Pour l’amour de la recherche… et du collège Dawson!

Prix Denise-Barbeau — Recherche au collégial

22 octobre 2016 | Texte publié par Le Devoir -  Claude Lafleur - Collaboration spéciale | Science et technologie

Depuis bientôt quarante ans, Catherine Martos Fichten mène une foule de travaux originaux. Ainsi s’est-elle intéressée aux problèmes d’insomnie chez les personnes âgées.Photo: iStock

Ce texte fait partie d'un cahier spécial.

Catherine Martos Fichten, professeure de psychologie au collège Dawson, poursuit une carrière d’enseignante et de chercheuse pour le moins singulière. Alors qu’elle aurait pu faire carrière à l’université, elle a préféré demeurer au niveau collégial. De surcroît, cette psychologue s’intéresse à une foule de sujets aussi variés que l’insomnie, les préjugés et l’aide aux étudiants en situation de handicap. C’est aussi une véritable passionnée du collège Dawson, dont elle a contribué à la création il y a près de cinquante ans.

Pour sa fructueuse et longue carrière, elle mérite amplement le prix Acfas Denise-Barbeau 2016 pour la recherche au collégial.

Qui plus est, son étonnant parcours de vie comporte un fabuleux parallèle avec le monde d’aujourd’hui.

En effet, Mme Fichten (née Catherine Martos) est d’origine hongroise. Alors qu’elle n’avait que 10 ans, en 1957, ses parents, des intellectuels, ont dû fuir leur pays à la suite de la fameuse révolte populaire de 1956, qui s’est soldée par l’invasion brutale du pays par l’armée soviétique. Résultat, plus de 2500 Hongrois ont péri alors que 200 000 autres ont dû fuir.

« Nous avons traversé la frontière durant la nuit, raconte-t-elle, alors que des gardes-frontières nous tiraient dessus ! Ça a été une expérience vraiment traumatisante. On a en quelque sorte emprunté le même chemin que les réfugiés syriens d’aujourd’hui. »

« Lorsque je pense à eux, poursuit-elle, je me dis que ce sera probablement beaucoup plus difficile pour eux, car mes parents étaient très instruits et nous provenions d’un pays européen, donc les différences culturelles n’étaient pas si grandes. Malgré tout, ça a été très dur pour nous et je pense que ce sera encore plus dur pour les nouveaux réfugiés. »

C’est ainsi qu’après avoir passé six mois dans un camp de réfugiés en Autriche, la famille Martos s’est finalement installée au Canada. « Et moi, j’ai été très chanceuse puisque à 10 ans j’ai pu retourner à l’école », poursuit la psychologue.

C’est ainsi que, quelques années plus tard, elle entreprend des études de chimie à l’université McGill. « On devait aussi suivre un cours à la Faculté des arts, précise-t-elle. J’ai donc choisi la psychologie… même si cela ne m’intéressait pas vraiment. »

Toutefois, à la première occasion pour elle de travailler dans un labo de chimie, elle découvre que ce n’est pas sa vocation. Tout en poursuivant ses études en ce domaine, elle s’intéresse de plus en plus à la psychologie, particulièrement à la psychologie sociale. « Finalement, j’ai changé d’orientation universitaire », résume-t-elle. Elle termine ainsi une maîtrise en psychologie à l’université Concordia.

« Aujourd’hui, je conserve dans mon bureau un tableau des éléments périodiques et, lorsque j’éprouve certaines frustrations vis-à-vis de la psychologie, je regarde ce tableau… et toute frustration disparaît ! » lance-t-elle en riant.

« Le collège Dawson, ma maison… »

En 1969, Catherine Fichten fait partie de ceux et celles qui fondent le collège Dawson. « C’était très excitant d’être là, se rappelle-t-elle. Je faisais partie du personnel qui développait les programmes et toute l’école… »

« Mais après cinq ans d’enseignement et à la tête du Département de psychologie, j’ai commencé à m’ennuyer un peu, poursuit-elle. J’ai donc poursuivi mes études, en faisant un doctorat à l’université McGill. Puis, je suis revenue à Dawson, où je suis toujours. »

Comme professeure de psychologie, elle entreprend de mener certaines recherches, même si on ne lui accorde aucune ressource. « En 1972, j’étais la seule chercheuse, dit-elle. J’ai entrepris des études sur l’enseignement de la psychologie alors que ma mère était mon assistante de recherche, puisque je ne disposais d’aucun fonds de recherche ! »

Dans les faits, elle crée ainsi le programme de chercheurs à Dawson. « Ça a été encore une tâche de création, commente-t-elle. Eh oui, je suis une amoureuse du collège Dawson : c’est ma maison, voyez-vous ! »

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