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Grève étudiante:des athlètes craignent le pire

Gabriel Béland
La Presse

     

Le secondeur Carl Jobin-Shaw, des Spartiates du cégep du Vieux-Montréal, ne sait plus s'il pourra entrer à l'Université McGill comme prévu en raison de la grève étudiante qui en est à sa 12e semaine. Photo: Ivanoh Demers, La Presse


4 mai 2012-Ils sont joueurs de football, coureurs, nageurs... Mais ils sont aussi étudiants. Et la grève qui en est dans sa 12e semaine pourrait avoir sur eux des conséquences désastreuses. À tel point que les autorités du sport étudiant pensent à intervenir pour éviter la catastrophe.

L'année scolaire de Carl Jobin-Shaw avait pourtant bien commencé. Le secondeur des Spartiates du cégep du Vieux Montréal jouait le meilleur football de sa vie et cumulait des notes bien au-dessus de la moyenne. «J'ai eu une très bonne saison de football cette année, vraiment au-dessus de mes attentes», explique le cégépien de 20 ans.

Ses résultats sur le terrain et en classe ont attiré l'attention de plusieurs universités. Jobin-Shaw a fini par choisir l'Université McGill, qui lui offrait une bourse. Un scénario de rêve.

Puis, la grève étudiante a été déclenchée. Les étudiants de son cégep, l'un des plus militants au Québec, ont pris part au mouvement. Depuis ce jour, Jobin-Shaw ne sait plus s'il touchera sa bourse. Il ne sait même plus s'il pourra entrer à l'université.

«Je prends les choses au jour le jour. J'étais inscrit à six cours à l'hiver. Plus les semaines passent, plus je me dis que ça va être impossible de les terminer à temps, explique-t-il. J'ai besoin des six pour recevoir ma bourse et pour aller à l'université. Ça n'augure pas bien...»

Jobin-Shaw craint de devoir faire une croix sur la bourse et sur l'université. Le secondeur s'imagine déjà de retour au cégep en septembre, encore une fois dans l'uniforme des Spartiates. «Ce ne serait vraiment pas l'idéal!», dit-il.

Son cas n'est pas unique. Ils sont des centaines parmi les 13 500 athlètes collégiaux et universitaires que compte le Québec à se demander ce qui les attend.

Pour plusieurs d'entre eux, le droit même de participer à une discipline sportive est en jeu. Car, ces jeunes doivent absolument compléter un minimum de cours et de crédits. Selon les règles du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ), un athlète collégial doit avoir réussi huit cours en une année scolaire, alors qu'un athlète universitaire doit avoir complété 18 crédits sur la même période.

Plusieurs d'entre eux ont prévu obtenir ce nombre minimal de cours lors de la session d'été. Or, déjà sept cégeps ont annulé les cours d'été et d'autres vont suivre. Dans certaines facultés universitaires, les sessions d'hiver et d'été vont se chevaucher, rendant la tâche impossible à certains étudiants.

«Il y aura aussi sûrement un impact sur les cégépiens recrutés à l'université, acceptés à la condition d'obtenir leur DEC, lance le directeur des sports au cégep du Vieux Montréal, Michel Arsenault. Mais si les résultats ne sont pas connus et officiels début septembre, que se passera-t-il?»

Des règles assouplies?

Les secteurs sportifs des universités et des cégeps regardent donc cette grève d'un oeil attentif. Pour eux, c'est la capacité même à mettre sur pied leurs équipes qui est en jeu.

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