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La langue indissociable de la culture

Éditorial du Devoir de  Robert Dutrisac

4 octobre 2021- Un des principaux artisans de la loi 101, Guy Rocher, a donné de bonnes notes au ministre Simon Jolin-Barrette pour le projet de loi 96 cherchant à renforcer la langue officielle et commune du Québec, 44 ans après l'électrochoc administré par Camille Laurin.

Devant les lucides et inquiétantes prévisions des démographes, le sociologue de 97 ans, qui a comparu en commission parlementaire lors des consultations publiques, a dit que c'était son « espoir » que les différentes mesures contenues dans le projet de loi 96, qui reste fidèle aux sources de la loi 101, selon lui, permettront de freiner le déclin du français au Québec. Quatre institutions y contribueront, dont l'Office québécois de la langue française, qui voit ses pouvoirs d'intervention renforcés. On crée en outre un ministère de la Langue française, un poste de Commissaire de la langue française relevant de l'Assemblée nationale et Francisation Québec.

Mais Guy Rocher a déploré — nombre d'intervenants lors de ces consultations publiques, commencées il y a deux semaines et se poursuivant cette semaine, ont frappé sur le même clou — le refus du gouvernement caquiste d'abolir le libre-choix de la langue d'enseignement au cégep.

Selon lui, ce fut une erreur de ne pas étendre au cégep en 1977 le même régime qu'au primaire et au secondaire. « Il y a 50 ans, quand on a créé les cégeps — j'étais là —, eh bien, nous ne pouvions pas nous imaginer ce qu'ils allaient devenir », a-t-il dit. C'est une des institutions d'enseignement qui exerce le plus d'influence sur la société québécoise et sur les étudiants qui le fréquentent. Pour la très grande majorité d'entre eux, cette période de deux ou trois ans a été très marquante dans leur vie, a-t-il observé, plusieurs ayant découvert le travail intellectuel, approfondi la culture québécoise et développé des relations qui les suivront leur vie durant.

Le gouvernement Legault a opté pour le plafonnement relatif du nombre d'étudiants qui pourront fréquenter le cégep anglais. Alors que la minorité canadienne-anglaise dite historique s'élève au Québec à 8,5 % de la population, les cégeps anglais accueillent 17 % des étudiants du collégial. Les étudiants qui viennent des écoles secondaires françaises sont en majorité au cégep anglais. Le projet de loi 96 prévoit que la croissance prévue du nombre d'étudiants dans ces cégeps ne pourra dépasser ce pourcentage de 8,5 %.

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