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Étudiants internationaux: Québec serre la vis aux collèges privés

Article publié par Le Devoir - Marco Fortier

27 novembre 2020 La ministre Danielle McCann promet de « prendre tous les moyens » pour serrer la vis aux collèges privés qui recrutent massivement des étudiants internationaux sans leur offrir une formation à la hauteur des milliers de dollars facturés en droits de scolarité.

Le gouvernement Legault a fait jeudi un premier pas pour tarir la source d'étudiants étrangers, surtout d'origine indienne, recrutés à gros prix par des collèges privés du Québec. Le cabinet de la ministre de l'Immigration, Nadine Girault, a confirmé avoir « cessé la délivrance des certificats d'acceptation du Québec pour les collèges qui sont visés par des enquêtes ».

Plus d'une demi-douzaine de ces établissements, tous privés sauf un, font l'objet d'une enquête du gouvernement, notamment pour leurs pratiques de recrutement d'étudiants internationaux. Il s'agit du collège Matrix, du collège Aviron, du collège Ascent, du collège M du Canada, du CDE, du campus montréalais du cégep de la Gaspésie et des Îles, ainsi que de « tous les établissements gérés de près ou de loin par des gens liés aux arrestations menées la semaine dernière par l'Unité permanente anticorruption [UPAC] », a indiqué Flore Bouchon, attachée de presse de la ministre Girault.

Caroline Mastantuono et Christina Mastantuono, qui dirigent l'agence Rising Phoenix International, ont été arrêtées par l'UPAC pour leur rôle dans le recrutement d'étudiants étrangers à la commission scolaire Lester-B.-Pearson, entre les années 2014 et 2016. L'homme d'affaires Naveen Kolan, qui dirige le groupe Matrix, un des partenaires du campus montréalais du cégep de la Gaspésie et des Îles, est aussi recherché par la police.

Vache à lait

Les reportages de Radio-Canada, et maintenant du Devoir, préoccupent grandement la ministre Danielle McCann. Les étudiants d'origine indienne semblent une véritable vache à lait pour certains collèges privés, qui demandent jusqu'à 25 000 $ pour de courtes formations professionnelles ou techniques.

Des étudiants étrangers ont lancé une demande d'action collective contre Rising Phoenix International et contre le Collège de l'Estrie (CDE) : ils disent avoir payé 15 000 $ pour un cours qu'ils n'ont jamais suivi. D'autres ont témoigné au Devoir de leurs difficultés à se faire rembourser leurs droits de scolarité pour un programme en anglais que le Collège supérieur de Montréal n'était pas autorisé à donner.

« Comme l'a dit le premier ministre dernièrement : ??oeÇa ne sent pas bon.” On va prendre tous les moyens pour rectifier le tir. […] Les mesures peuvent aller jusqu'à une révocation de permis, si la situation le commande. Ça peut aller aussi à un resserrement de la Loi sur l'enseignement privé », dit la ministre Danielle McCann.

Sylvain Roy, député de Bonaventure, estime que le cégep de la Gaspésie doit se poser des questions sur l'avenir de son campus montréalais, qui offre des programmes en anglais à 1500 élèves originaires principalement de l'Inde. « Le cégep doit concentrer ses énergies à développer son offre en région, en Gaspésie, plutôt qu'à Montréal », dit-il.

« Nos cégeps publics ne devraient pas avoir besoin d'embarquer dans des stratagèmes comme ça pour se financer », ajoute la députée Christine Labrie, de Québec solidaire.

La députée libérale Christine St-Pierre souhaite de son côté que le gouvernement s'attarde au mieux-être des étudiants internationaux recrutés au Québec. Ceux-ci devraient en avoir pour leur argent : les droits de scolarité « exorbitants » de plus de 20 000 $ devraient être encadrés, selon elle.


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