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Quand un collège change de nom et de logo


 

 

 

 

 

 

Entrevue avec madame Sylvie Fortin, directrice des communications et des affaires corporatives du Cégep Garneau

 

 

 

 

Changer de nom , ce n’est pas une mince affaire. Mais quand il s’agit d’un établissement, ça devient une entreprise stratégique. Depuis deux ans, trois institutions ont changé d’appellation pour passer de « collège » à « cégep ». D’autres songeraient à faire de même. Le Portail a voulu comprendre ce qu’impliquait une telle démarche. Pourquoi fait-on ce changement? Quels en sont les impacts? Quels en sont les coûts? Quelles en sont les retombées? Nous avons posé ces questions à madame Sylvie Fortin du Cégep Garneau qui a été au cœur de cette opération dans son établissement.

De cégep à collège et de collège à cégep
Le Cégep Garneau a plus de 40 ans. Durant ses vingt premières années, le Cégep Garneau s’appelait Cégep François-Xavier-Garneau, à l’image de sa charte constitutive où on lit « collège d’enseignement général et professionnel ». L’appellation a tenu jusqu’en 1990. Madame Fortin explique la petite histoire : « À l’arrivée d’un nouveau directeur général, en 1989, une réflexion sur les effectifs, la carte des programmes et sur la structure administrative avait mené à choisir la terminologie de “ Collège François-Xavier-Garneau ”. Le Collège était considéré à l’époque comme le plus privé des collèges publics, un écho des collèges classiques qui avait alors bonne réputation. Le Collège a vécu avec ce nom pendant plus de vingt ans avec le vent dans les voiles. »

S’affirmer comme établissement public et d’enseignement supérieur sans confusion possible
Les perceptions changent, les images évoluent. Les responsables ont constaté que le mot « collège » créait une confusion. « Les jeunes ne savaient plus si nous étions publics ou privés. On nous demandait quels étaient les frais d’inscription. Ils se questionnaient à savoir si nous étions de niveau collégial ou secondaire. Ces ambiguïtés avaient une portée plus large : on désire que les cégeps soient perçus comme une force dans le milieu de l’éducation. Nous avons voulu nous affirmer comme établissement public et d’enseignement supérieur sans confusion possible. On en est très fiers », explique madame Fortin.

Une harmonisation des appellations dans la région de Québec
Le Collège a changé son nom d’affaire. Le conseil d’administration a autorisé le changement de « Collège François-Xavier-Garneau » pour « Cégep Garneau ». « Sur le plan des communications, nous avions des dénominations multiples qui généraient des confusions, diluaient l’image du Cégep : “ FXG ”, “ Collège FX ”, etc. Les acronymes se sont multipliés, aussi compliqués les uns que les autres. En réalisant une étude pour savoir comment les gens appelaient le Cégep dans le vocabulaire courant, on a constaté que les étudiants et la population en général parlaient de “ Garneau ”. Le Cégep Garneau a donc décidé de se rapprocher des gens. Aussi, rappelons que, dans la région de Québec, il y a quatre cégeps; trois portent le nom de la ville où ils sont situés : Cégep Limoilou, Cégep de Sainte-Foy, Cégep de Lévis-Lauzon. Les gens se demandaient où était le Collège F.-X.-Garneau. Maintenant, les quatre collèges publics portent le nom de cégep y compris le campus de Champlain-St-Lawrence. Cette harmonisation des appellations permet de présenter l’enseignement collégial public à Québec plus clairement, par rapport aux collèges privés ( Collège Mérici, Collège Notre-Dame-de-Foy…). Imaginez que tout près d’ici, il y a le Collège Saint-Charles-Garnier. Nous recevions leurs appels; ils recevaient les nôtres. »

Le choix de s’affirmer comme établissement public
Madame Fortin est affirmative : « Avec “ Cégep Garneau ”, nous avons une image forte qui est claire dans la tête des jeunes du secondaire. Nous voulions renforcer notre image d’être fiers de s’afficher comme cégep, d’être fiers de notre statut d’institution publique. Si nous ne sommes pas fiers de travailler dans un établissement public, comment développer le sentiment d’appartenance? Pour nous, c’est une ligne de force. C’est donc une entreprise de rapprochement des jeunes. Ce choix a été bénéfique. Les jeunes disent qu’ils étudient “ au Cégep Garneau ”. Ils ne se souviennent plus de FX. »

L’acceptation du changement à l'interne
« Ce changement a été bien accepté à l’interne, ajoute madame Fortin. En travaillant avec un comité de toponymie où siégeaient des représentants de toutes les instances, la décision du conseil a été bien accueillie. Le Cégep a monté un plan de reconnaissance autour du nom de François-Xavier Garneau, pour faire connaître l’historien et pour expliquer nos origines. Il faut noter que la charte n’a pas été modifiée. Peut-être que dans vingt ans, une autre réalité amènera une autre réflexion, et que de nouveaux changements se feront. Pourquoi pas? Le changement, ça fait du bien. »

Changement aussi de l’identité visuelle
Garneau n’a pas seulement changé de nom, il a aussi changé son identité visuelle. Ce que plusieurs cégeps ont d’ailleurs fait aussi au cours des dernières années. « Il n’y a plus d’entreprises qui gardent un logo à la vie, à la mort. Les logos doivent évoluer. Quelle que soit l’identité visuelle que l’on adopte, il faut s’attendre que dans dix ans, il faudra changer. Les images évoluent comme les gens. Bien sûr, la signature de l’établissement demande une stabilité et des normes très strictes. C’est ce que nous avons adopté avec un cahier de normes visuelles. Ce n’est que notre troisième logo…»

Et les coûts rattachés?
« Nous avons fait le choix de ne pas nous tourner vers une boîte de communication, choix financier, choix de fierté, aussi. Nous avons créé le visuel, le montage; la conception a été réalisée à l’interne avec le jeune graphiste du service des communications, dont la créativité a été prouvée! Une occasion unique dans la carrière d’un graphiste. Il en est très fier. Les gens sont aussi contents que nous l’ayons fait à l’interne. Et les coûts ont été minimisés. »

La mise en œuvre peut commander des investissements. Dans le cas de Garneau, le cégep prévoyait déjà des mises à jour de plusieurs éléments de communication, comme le stand pour les journées d’information qui était à refaire. Les panneaux de signalisation devant le cégep avec le logo devaient aussi être restaurés, installés depuis 20 ans et ayant vécu bien des manifestations en tout genre…

On pense d’emblée au papier à lettres. Le problème ne se pose plus de la même manière aujourd’hui. Avec l’ère des courriels et des imprimantes couleur, on ne fait plus imprimer des dizaines de milliers de lettres avec l’en-tête du cégep. Le numérique a pris la relève. Pour les enveloppes, on a simplement ajouté des étiquettes avec le nouveau logo. Encore là, des frais minimes.

Il faut aussi penser aux équipements sportifs qui font grand usage de leur propre logo sportif, les Élans, lequel n’a pas été modifié. Heureusement, on n’écrivait déjà que Garneau sur les chandails.

Au total, un changement en douce sans coûts significatifs. Le tout s’est fait à même le budget régulier des communications. Par contre, le cégep s’est donné un espace de transition pendant un an.

Un changement qui doit s’appuyer sur l’interne
Si le modèle pouvait inspirer d’autres collèges, le Cégep Garneau en serait fort heureux. Madame Fortin conclut sur cette recommandation : « Quand on fait un tel changement, il faut que ce soit adopté à l’interne, selon un calendrier et un processus formel. On doit pouvoir tous être fiers du changement et voir l’intérêt pour l’institution.»

Entrevue et rédaction réalisées par M. Alain Lallier, édimestre et éditeur en chef, Portail du réseau collégial.






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