Articles

La Coexistence Travail-Études : Une alternance entre les bancs d’école et un emploi dans son domaine d’études

Un texte de Messieurs Christian Houle et Mario Martel du Cégep de Sherbrooke.

 

Monsieur, Christian Houle est directeur adjoint des études depuis 7 ans dans le secteur des sciences des techniques physiques au Cégep de Sherbrooke.Mario Martel enseigne en Technologie de maintenance industrielle et en Techniques de génie mécanique depuis 23 ans.Il est responsable des stages depuis une dizaine d’années au même collège.lls sont tous les deux instigateurs de la formule CTE au cégep et auprès du marché du travail.          

Concept de la Coexistence Travail-Études (CTÉ)
Une formule unique et novatrice qui permet aux étudiantes et aux étudiants d’étaler la dernière année de leur formation sur deux ans, afin de pouvoir combiner, dans une même semaine, un travail rémunéré en entreprise et la formation en classe. Ainsi, en plus de donner un sens aux études et de donner accès à un revenu pendant les études, la Coexistence Travail-Études vise principalement à accroître la persévérance des étudiantes et des étudiants dans leurs études, en vue de l’obtention de leur diplôme.C’est également une façon pour eux d’acquérir de l’expérience dans leur domaine d’études, ce qui favorise l’intégration au marché du travail à la fin des études collégiales.

Plus spécifiquement, cette stratégie additionne au programme de formation original (d’une durée habituelle de trois ans) l’équivalent d’une année. Les deux premières années du programme de formation ne sont pas modifiées. Lors des années 3 et 4 du programme, l’étudiant ou l’étudiante consacre 50 % de sa semaine aux études, alors que l’autre 50 % est associé à un travail en entreprise en lien avec le programme d’études. Une formidable occasion de joindre l’utile à l’agréable et de concrétiser rapidement les apprentissages réalisés en classe.

Historique de la Coexistence Travail-Études
C’est en 2007 que le Cégep de Sherbrooke et plusieurs partenaires de la région ont créé un partenariat afin d’identifier et de mettre en œuvre des stratégies destinées à répondre plus efficacement aux besoins de main-d’œuvre dans l’industrie manufacturière. L’une des stratégies identifiées fut la coexistence.

Après avoir travaillé à l’élaboration du scénario type de cette stratégie, l’implantation de cette approche débuta au printemps 2010 dans le programme Techniques de génie mécanique. Parallèlement, le programme Technologie du génie civil entreprit lui aussi l’implantation d’une formule adaptée à sa réalité et poursuivant les mêmes objectifs. C’est ainsi que la CTÉ fut progressivement implantée dans une dizaine de programmes du secteur technique au Cégep de Sherbrooke jusqu’à ce jour.

Modalités de la CTÉ
Le cheminement est volontaire pour les étudiantes et étudiants et peut être réalisé dans des entreprises différentes.  Afin d’être admis, l’étudiante ou l’étudiant doit avoir complété avec succès les deux premières années de son programme d’études.  Le programme CTÉ a tout avantage de débuter avec un stage d’été à temps complet en alternance travail-études (ATÉ) pour aider l’étudiante et l’étudiant à se familiariser avec son nouvel environnement de travail.  Les entreprises d’accueil s’engagent à collaborer à la diplomation de l’étudiante ou de l’étudiant;

L’organisation de la formule de CTÉ (répartition des périodes de cours et de stages) est flexible et peut varier d’un programme d’études à un autre afin de répondre plus adéquatement aux besoins des programmes et des employeurs du secteur.


[Cliquez sur l'image pour l'agrandir]

Des résultats probants
Ce projet a obtenu quelques reconnaissances, dont les Prix de l'administration publique du Québec en 2010 et du Canada en 2011.

Nous constatons un haut niveau de satisfaction de la part de tous les intervenants et nous avons remarqué un impact significatif sur la persévérance scolaire, soit une augmentation de 9% de la diplomation pour les étudiantes et étudiants ayant complété les deux premières années de la technique!

En répartissant le rythme des études de la troisième année de formation, la CTÉ peut répondre aux besoins des étudiantes et étudiants possédant certaines difficultés d’apprentissage.  De plus, l’intégration progressive au marché du travail peut être bénéfique pour cette clientèle.

Avantages pour tous
Pour les étudiantes et les étudiants, c’est l’occasion :
• d’obtenir l'équivalent d'une année d'expérience pertinente durant leurs études;
• de favoriser leur autonomie financière durant cette période;
• de faciliter leur intégration professionnelle en cours d’études;
• d’obtenir un horaire de travail « régulier », hors fin de semaine;
• d’accroître la motivation et la persévérance scolaire.

Pour les entreprises partenaires, c’est la possibilité :
• de préparer la relève et de permettre l’évaluation de futurs employés;
• de réduire le temps de formation à l’entrée de futurs employés;
• de permettre l’avancement de projets pour lesquels peu de ressources à l’interne étaient disponibles.

Pour le Cégep, cette initiative :
• représente un attrait et une option pour les étudiantes et les étudiants;
• favorise les partenariats avec les employeurs de la région;
• représente un défi stimulant pour les enseignantes et les enseignants;
• favorise l’adéquation formation-emploi.

Des enjeux à considérer
Le contexte socio-économique actuel favorise la mise en place d’une telle formule :
• rareté de la main-d’œuvre dans plusieurs milieux et industries;
• forte proportion des étudiantes et étudiants québécois ayant un emploi rémunéré durant leurs études;
• allongement progressif de la durée des études de la part des étudiantes et étudiants.

Pour ce faire, il est primordial de maintenir une relation gagnante-gagnante avec les entreprises partenaires afin d’en assurer la poursuite.  D’un point de vue administratif, le principal défi consiste à établir une grille de cours viable pour la CTÉ, confinant certains cours à des journées précises de la semaine tout en respectant les préalables, et en conservant le cheminement des cours traditionnel.

Une formule gagnante
Nous croyons fermement à cette innovation pédagogique et organisationnelle, à son caractère structurant et à son potentiel important de transfert aux réalités pédagogiques et au contexte économique régional.  En effet, la CTÉ est une formule souple et peu coûteuse pouvant répondre aux besoins des étudiantes et étudiants, aux exigences liées aux programmes d’études techniques, ainsi qu’aux besoins des entreprises et industries partenaires

Des résultats enviables

Après quelques années d’expérimentation et l’ajout de certains ajustements, la Coexistence Travail-Études fonctionne !

Pour en savoir plus la  version complète de la présentation PowerP de messieurs Houle et Martel est disponible.