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Héritage du patrimoine : richesse architecturale et culturelle du Cégep Gérald-Godin

 

Un texte de M. Louis Lavoie, Directeur des ressources humaines et des affaires corporatives, Cégep Gérald-Godin

 

 

Des fois, y’a le silence. Des fois, du monde qui parle. Des fois, si je veux avoir la paix, je mets mes écouteurs et puis j’écoute ma musique. Dans le fond, le bruit ne me dérange pas tant que ça, mais ce qui importe, c’est l’ambiance. La lumière aussi. Beaucoup. J’aime ça quand les lieux sont beaux, lumineux, dégagés, bien disposés. J’aime bien me retrouver dans un lieu qui permet de me retrouver et juste de… décanter. Ailleurs, dans mon cégep, y’a d’autres lieux où j’aime qu’il y ait de la vie. Mais ici, avec les vitraux, cette belle lumière blanchâtre, j’ai juste le goût de profiter du temps qui s’arrête… et d’un bon périodique. 

©Louis Lavoie photo

Le lieu et ses espaces. Bâti ou non. L’importance de ce lieu, de sa conception, de son aménagement. La relation très importance entre un espace et les humains qui y travaillent, y vivent. L’architecture n’est donc pas uniquement l’expression et la construction de formes et d’agencement d’espaces, mais c’est également – et surtout – une forme d’expression « culturelle » qui tient compte des aspects sociaux et environnementaux d’une époque, afin de ne pas viser à être uniquement « une œuvre d’art ». Et tout comme au chapitre de l’urbanisme, nous prenons de plus en plus conscience de l’influence sur nous des aménagements – qu’ils soient urbains ou architecturaux.

©Louis Lavoie photo

Cégep Gérald-Godin : le dernier né
Le Cégep Gérald-Godin est le dernier né du réseau collégial, en devenant son 48e cégep en 1999, une année après la création du Cégep régional de Lanaudière.   Même s’il est le plus contemporain du réseau, il est intéressant de constater que l’origine de son patrimoine bâti est similaire à celui de plusieurs cégeps qui l’ont précédé.  

Pourquoi a-t-on songé à un établissement d’enseignement collégial à Sainte-Geneviève? Tout simplement afin de servir en français la clientèle de l’ouest de l’île de Montréal et de la région de Vaudreuil-Soulanges. Le cégep fut créé par décret gouvernemental le 23 août 1995 et les premiers enseignements démarrèrent en 1999. Entre les deux dates, un important projet architectural prit forme et mena vers l’une des plus belles réalisations québécoises dans le domaine.

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J’arrive souvent avant l’aube, dans le silence du matin. Je gravis les marches qui mènent du trottoir vers le terrain du cégep. Plus au loin, le bâtiment principal s’élève devant moi. Je ressens encore le même effet que lorsque je l’ai vu pour la première fois. Mon regard devient admiratif devant cette manifestation d’un équilibre remarquable entre le modernisme et le patrimonial. Entre le respect du passé et l’expression du présent. Dans le noir de la nuit ou la pénombre du matin, mes yeux se tournent chaque fois vers les vitraux illuminés de l’ancien cloître. À une époque – et probablement à cette même heure – on y priait, on célébrait des rites religieux. Aujourd’hui, on y étudie, on y lit, on discute, on emprunte des livres ou du matériel didactique. À l’époque, on cherchait à élever les âmes; aujourd’hui c’est le savoir.  

Lorsque le gouvernement se tourna vers l’emplacement dans l’arrondissement Île-Bizard, Ste Geneviève pour le Cégep Gérald-Godin, il demanda à la corporation de mettre à profit un édifice phare du patrimoine architectural local, soit un ancien noviciat des Pères de Sainte-Croix. Le travail de conception, de transformation et d’agrandissement pour le Cégep Gérald-Godin fut confié au consortium Saucier – Perrotte/Desnoyers – Mercure et associés (http://saucierperrotte.com/projets/college-gerald-godin/). Les défis étaient importants. Le lieu était d’une grande beauté et plusieurs craignaient un aménagement qui bloquerait les accès aux vues imprenables sur la Rivière-des-Prairies. Le terrain disponible pour les espaces du futur cégep était restreint. En sus des espaces d’enseignement, celui-ci devait également être pourvu d’un centre sportif et d’une salle de spectacles. Les architectes Saucier – Perrotte prennent alors la décision avisée de loger la salle de spectacles de même que le centre sportif sous le sol. Au chapitre des volumes, ils choisirent de garder un équilibre entre le bâtiment historique et l’aile contemporaine. L’architecte Gilles Saucier n’hésite pas à qualifier le tout d’une conversation entre l’ancien et le nouveau. 

©Louis Lavoie photo

La cour intérieure rappelle les cloîtres médiévaux. Le temps s’est arrêté. En une belle journée d’automne, je m’y promène tranquillement. Nul besoin de s’imaginer être dans un jeu vidéo quelconque. Le temps vient de reculer de quelques siècles. L’architecte Lucien Parent, qui signa en 1932 ce noviciat des Pères de Sainte-Croix, s’était inspiré de l’architecture lombarde. Les fenêtres, la hauteur de l’ensemble, les arches me transportent ailleurs. Sans peine, je m’imagine les novices circulant dans cette cour intérieure ou encore regroupés en petits groupes sous les arches pour discuter ou passer le temps. Aujourd’hui, des cégépiens les ont remplacés. Les novices à l’époque étaient perdus dans leurs pensées, un bréviaire à la main. Les cégépiens que j’observe dans cette cour intérieure sont perdus dans leurs pensées, branchés sur les écouteurs et cellulaire à la main.

Le nouveau pavillon emprunte une forme qui rappelle celui d’un vaisseau. Dans une vidéo produite sur le projet architectural du Cégep Gérald-Godin (https://vimeo.com/76699740) , on qualifie d’ailleurs ce bâtiment à titre de « vaisseau amiral » pour illustrer son rôle institutionnel auprès des communautés francophones dans l’ouest de l’île de Montréal. Le revêtement du nouveau pavillon devient le début d’une marque de commerce pour Saucier – Perrotte puisqu’il s’agit d’un premier projet privilégiant le noir et le stratifié. Ces éléments reviendront fréquemment par la suite dans les projets de la firme. Dans le cadre de sa participation à la Biennale de Venise en 2004, la firme d’architectes produira ce qu’ils appellent des « objets architecturaux », véritables sculptures dont l’une évoquera le pavillon du Cégep Gérald-Godin.  On peut véritablement dire qu’avec le modernisme réussi du nouveau pavillon, le projet du Cégep Gérald-Godin héritait d’un bâtiment issu du patrimoine religieux, mais a réussi à produire une richesse architecturale contemporaine. Signalons que la firme Saucier – Perrotte s’est mérité pour la conception du Cégep Gérald-Godin le Canadian Architect Award of Excellence en 1999, le Grand prix d’excellence (1999) et le Prix architecture institutionnelle (1999) de l’Ordre des architectes du Québec de même que le Prix Orange/Rénovation de « Sauvons Montréal » (2000). 

Des lieux uniques

Lorsqu’on hérite d’un bâtiment patrimonial qui a été à vocation ecclésiastique, l’une des pièces maîtresses est la plupart du temps l’ancienne chapelle dotée de vitraux. On peut facilement s’imaginer que les architectes qui sont mandatés doivent éprouver un certain plaisir à concevoir de nouveaux espaces et une nouvelle vocation à l’intérieur de ces lieux. Dans certains cas que nous avons pu observer, certains détails ont été préservés et intégrés dans les nouveaux aménagements, donnant ainsi un bel espace de dialogue entre l’ancien et le nouveau. 

La magnifique bibliothèque du Cégep Gérald-Godin est un lieu magnifique empreint d’une lumière aux mille teintes, gracieuseté des vitraux d’une autre époque.  
 

La bibliothèque du Cégep Gérald-Godin ©Louis Lavoie photo

Les festivités du 375e de Montréal ont permis la réalisation d’une œuvre remarquable à l’arrière du Cégep Gérald-Godin.  L’immense murale ornant un mur extérieur du bâtiment a été réalisée par Ankhone de l’agence A’Shop.  L’œuvre symbolise le passage du temps et de la connaissance. 

Elle met en scène Gérald Godin et Pauline Julien, toujours unis, à travers qui l’histoire se transporte vers un avenir tout en couleurs.  Vous pouvez visionner en accéléré, le travail réalisé par Ankhone grâce à la vidéo réalisée par Maurice Lavoie et coordonnée par Serge Robert. 

https://youtu.be/dsyulfl_d5u

 

Le Cégep Gérald-Godin est véritablement un lieu d’exception, tant par son architecture que sa localisation aux abords de la Rivière-des-Prairies.






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