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Une fin de session dans la continuité au Cégep de Rivière-du-Loup

PHOTO : Diane Morrisset et une classe virtuelle d'étudiants 

 

Par Mme Thérèse Lafleur, Rédactrice

La fermeture forcée des cégeps par la COVID-19 n’augurait rien de bon le vendredi 13 mars 2020. Le Cégep de Rivière-du-Loup a bravé le sort en misant sur la communication pour s’adapter, en accéléré. En anticipant le recours à la formation en ligne, les enseignants ont bénéficié du soutien nécessaire pour passer avec succès du présentiel au virtuel. Des efforts qui ont porté fruit puisque neuf étudiants sur dix sont en voie de terminer leur session à distance.

Laissons Diane Morisset, enseignante en Techniques de l’informatique, témoigner de l’aventure de cette session marquée par la pandémie.

 

Diane Morisset, enseignante, ATE
Techniques de l'informatique, École du Web

« Tout de suite à l’annonce de la fermeture, les gens du Cégep se sont placés en mode solution. Dès la semaine suivante, on était au courant de ce qui se passait. La Direction des études nous informait régulièrement, presque quotidiennement au début, pour trouver comment se mobiliser tous ensemble. Par réflexe et parce que c’est un modèle qu’on connait, on s’est orienté vers la formation à distance. Alors on a eu un accompagnement exceptionnel en ce sens de la part de tous les intervenants du Cégep et ça nous a donné une longueur d’avance.

« Comme le Cégep de Rivière-du-Loup est membre de FADIO, un regroupement d’experts en formation à distance issu d’une entente de collaboration entre les établissements d’enseignement du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, c’était aidant. Notre conseillère pédagogique TIC, Marilyn Nadeau, a aussi fourni son soutien tout comme le Service de l’informatique. Même si les employés travaillent de la maison, tous se sont mobilisés. Le Cégep a prêté des équipements et, au moment où personne ne pouvait entrer dans la bâtisse, il y a même eu des livraisons de matériel ou une distribution dans le style service à l’auto. Donc les employés et aussi des étudiants ont eu ce qu’il fallait pour poursuivre les cours et travailler.

« Du côté de l’enseignement, pour moi c’est important de mentionner que je n’aime pas du tout l’expression “sauver la session” parce que je vois plutôt cela comme une continuité. Notre mandat c’est de continuer à diriger les étudiants vers les compétences qu’ils doivent atteindre. Il s’agissait alors de passer de la présence en classe à l’enseignement à distance. Comme j’enseigne en informatique, j’étais avantagée. J’ai accès aux outils et je suis capable de me débrouiller avec tout ça. C’est plus simple dans certains départements que dans d’autres! En Techniques de l’informatique ou en Graphisme, les gens se sont vraiment adaptés rapidement, mais pour d’autres départements c’était plus complexe d’assurer la continuité. Dans les programmes où les compétences sont techniques c’est plus difficile comme en Soins infirmiers par exemple avec les prises de sang. En Électronique industrielle, ils ne pouvaient pas transporter leur robot ni entrer dans l’établissement. Alors, grâce à des programmes de simulation, ils ont pu poursuivre la session quand même.

« Entre enseignants, on s’est partagé des trucs pour la formation en ligne. Avouons que ça demande beaucoup de créativité et d’ingéniosité parce qu’il faut arriver à amener l’étudiant vers la compétence en prenant un autre chemin. Cela demande beaucoup plus de temps d’enseigner à distance que d’enseigner en présence. Mais il y a quand même des conditions gagnantes au Cégep de Rivière-du-Loup. D’une part, les étudiants ont vraiment collaboré. Ils sont volontiers embarqués dans l’apprentissage à distance. En fait, ils étaient contents de reprendre la session. Le Cégep a aussi gardé une continuité dans l’horaire de travail, c’est apprécié. Les cours se donnent aux mêmes plages horaires et de manière hybride, soit en mode synchrone ou asynchrone.

« Comme on travaille depuis plusieurs années avec Moodle, je partageais déjà des fichiers, ressources, exercices et quiz. Du côté pédagogique, j’ai ajouté un forum de discussion et des capsules vidéo de tutoriels maison. Ça rassure l’étudiant qui peut écouter et réécouter le tutoriel à son rythme. La plateforme Zoom quant à elle offre plusieurs possibilités : le partage d’écran, le clavardage, le travail en équipes dans de petites salles et la possibilité d’apporter de l’aide individuelle. Selon moi, en formation à distance il faut que le matériel soit beaucoup plus détaillé, on doit donner plus d’informations et d’exemples concrets à l’étudiant pour qu’il soit rassuré.

« On a aussi la mission de maintenir l’intérêt de l’étudiant. C’est certain que si je suis devant Zoom et que je parle sans arrêt… Il faut interpeller les étudiants, vraiment comme en classe il faut qu’il y ait une interaction avec les étudiants. Bien sûr qu’au premier cours c’est un peu inconfortable, mais une fois la glace brisée, ça s’installe. Quelqu’un fait une blague et on reprend comme on le ferait en classe. Ce n’est pas le même contact humain, mais grâce aux caméras on voit tout le monde en même temps. C’est un défi qu’on peut relever. Moi je me suis engagée dans une mission qui est possible avec la formation à distance, ça, c’est certain.

« Cela m’oblige à travailler de façon plus détaillée pour enseigner. Et, même si la formation est à distance, c’est important de faire du suivi individualisé quand même. Il faut accorder un moment à l’étudiant et ne pas le laisser tout seul devant un problème ou une situation qu’il n’est pas capable de résoudre sur le plan pédagogique. On a aussi essayé de maintenir des projets déjà commencés. Par exemple, les étudiants de troisième année poursuivent le travail, avec leur enseignant, sur des projets de clients réels. Comme ils se servaient déjà d’une application de gestion de projets dans le nuage (cloud), c’est une transition qui a été relativement simple. Du côté de mon programme en informatique, depuis six ans j’ai un projet conjoint avec Annie Pineault, une enseignante en Graphisme. Ses étudiants créent des maquettes web et mes étudiants programment les sites, ce projet se poursuit. L’idée étant de maintenir les activités gagnantes dans nos cours quand c’est possible.

« Somme toute, on n’est jamais préparé à une crise exigeant de tels changements. Comme on est des gens proactifs et dynamiques, je pense que ce qui a été gagnant c’est de communiquer. On est toujours informés de ce qui se passe : des rencontres, des décisions et des outils disponibles.

« L’objectif c’est d’atteindre les compétences en fin de session. Cependant, il faut aussi relever le défi de réduire nos cours de deux à trois semaines pour combler la période où les cours ont été suspendus. C’est notre travail d’enseignant d’être capable d’arriver avec un plan B et de dégager l’essentiel de la compétence à acquérir. Pour nous aider, un gabarit de plan de cours modifié était offert, nous n’avions qu’à le compléter et à signaler via un addenda quels éléments de contenu pourraient être à reprendre à la prochaine session et dans quels cours si on est vraiment dans l’impossibilité de les atteindre.

« Si je pense à l’après COVID-19, il pourrait y avoir des changements, des retombées. L’avenir peut être envisageable en formation hybride, en classe et à distance. Je vois aussi de la continuité dans les tutoriels que je fais. Une étudiante que je dépannais récemment me disait justement qu’à chaque fois qu’elle arrive dans un nouveau module sur Moodle, elle a l’impression qu’elle sera incapable de faire le travail et qu’à la fin, elle est contente de réaliser qu’elle réussit grâce aux explications des capsules qui l’aident à comprendre. C’est quelque chose que je vais garder.

« Je suis bien motivée et je me sens engagée vraiment dans une mission qu’on va réussir avec et pour les étudiants. Le Cégep est présent et s’assure que tout le monde est sur la même longueur d’onde et sait ce qu’il a à faire.C’est encourageant. »






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