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Lionel-Groulx: le théâtre en tête

Si l’on voulait nommer un programme qui occupe une place importante au Collège Lionel-Groulx, celui de théâtre vient d’emblée en tête. Pas seulement un programme, mais quatre programmes : Interprétation théâtrale, Théâtre-Production, Interprétation en théâtre musical (en collaboration avec le département de Musique) et un profil Jeu et création théâtrale (préuniversitaire). Ce qui explique que l’on parle au cégep de l’Option-Théâtre et même d’une « École professionnelle de théâtre » dotée de son propre site web.

Des noms bien connus de la scène culturelle québécoise sont passés par ce programme : du côté de l’interprétation : Patrice l’Écuyer, Marc Béland, Julie Le Breton, Normand Brathwaite, Guy Jodoin, Christian Bégin, Francis Reddy, Danielle Proulx, Pauline Martin, Robert Marien, Marc-André Coallier, Hélène Bourgeois-Leclerc, Sophie Desmarais entre beaucoup d’autres; du coté Théâtre-Production : Serge Côté, directeur technique au Cirque du Soleil, Alexandre Pilon-Guay, éclairage, Suzanne Harel, costumes et Patricia Ruel, accessoiriste au Cirque du Soleil.

Le Portail s’est entretenu avec M. Ghyslain Filion, coordonnateur du secteur interprétation et directeur artistique, pour en savoir plus long sur cette pépinière d’artistes et d’artisans de la scène.

Comme une troupe de théâtre
Le programme ne date pas d’hier. Il a des racines. L’Option-Théâtre du collège Lionel-Groulx a vu le jour en 1968 grâce à un professeur de littérature, Jean-Robert Rémillard, qui a eu l’idée d’inaugurer un programme de théâtre, le premier programme de théâtre professionnel du réseau d’enseignement public collégial. Maintenant décédé, ce fondateur inspire toujours la vision du département.

Ghyslain Filion nous explique que, dès le départ, il y a toujours eu deux programmes : interprétation théâtrale et production. En Théâtre-Production, il y a deux voies de sortie : décors et costumes et gestion et techniques de scène où l’on forme, par exemple, des assistants-metteurs en scène, des directeurs de production et technique, des directeurs de plateau et des éclairagistes. Pendant un an, les étudiants ont une formation commune; ils choisissent, par la suite, une des voies de sortie. Ce qui singularise l’approche du Cégep Lionel-Groulx, c’est de lier étroitement ces trois programmes. Ghyslain Filion explique : « L’idée du fondateur Rémillard était de faire une troupe-école. Nous avons conservé cette orientation. Le département de théâtre fonctionne comme une troupe de théâtre. Nous voulons mettre les étudiants dans un contexte professionnel. Même la coordination reflète cette idée : le coordonnateur en Interprétation théâtrale est aussi directeur artistique. J’ai le rôle d’engager les metteurs en scène pour les productions, de choisir les pièces. Je joue également le rôle de directeur artistique avec mon collègue Reynald Robinson. André Simard s’occupe de l’administration et des communications et Serge Caron s’occupe du secteur production. Les deux secteurs sont intimement reliés et assurent une concertation étroite des coordonnateurs. Dans le réseau, c’est une façon de faire qui nous est propre. On va même jusqu’à parler de “ fusion ” entre les programmes. La chimie fonctionne très bien. »

Photo: François Godard

N’entre pas qui veut
Tous les programmes en théâtre de Lionel-Groulx sont contingentés et les procédures d’admissions sont exigeantes. En interprétation théâtrale, 30 candidatures sont retenues sur une moyenne de 280 demandes. En théâtre-production, 45 étudiants sont acceptés. En théâtre musical, on retient 25 candidatures. Les étudiants sont soumis à une audition. Pour le programme Théâtre-Production, cela prend la forme d’une entrevue, pour le programme Interprétation en théâtre musical, il s’agit de la présentation d’une scène dramatique et de deux chansons. Pour le programme Interprétation, chaque candidat doit présenter deux scènes : une scène dramatique, une scène comique. Dans un premier temps, un jury de trois personnes regarde les deux scènes et ce jury décide si le candidat aura droit à une deuxième audition. Si c’est le cas, celui-ci se rend devant un jury de cinq personnes qui regarde une des deux scènes. Sur les 280 demandes, une centaine de candidats et candidates se rendent aux grandes auditions. Une trentaine de candidatures seront retenues à la fin d’un processus qui requiert toute une semaine de travail pour le département. Autre caractéristique : ce sont des DEC de trois ans, mais qui s’échelonnent sur quatre ans (sauf pour Interprétation en théâtre musical) pour des raisons d’intégration et de maturité.

Les professeurs qui viennent du milieu
En interprétation théâtrale, le collège engage peu de permanents. La majorité des professeurs viennent du milieu. À l’exemple du programme de musique, on retrouve plusieurs spécialisations, en danse, en jeu, en voix, en histoire. Avec l’accord des ressources humaines et du syndicat, pour les cours de fin de parcours, le département peut engager des metteurs en scène extérieurs qui peuvent changer d’une année à l’autre. « Il y a là une bonne compréhension du collège et du syndicat pour répondre à notre réalité particulière. Cette souplesse nous est précieuse. On peut faire appel à des gens connus du milieu comme Alice Ronfart, Claude Poissant, Dave St-Pierre, Philippe Soldévila », d’expliquer GhyslainFilion.

Une couleur régionale et artisanale
Quand on a décidé d’offrir le programme de théâtre dans les cégeps de Lionel-Groulx et de Saint-Hyacinthe, l’objectif était de donner accès à cette formation théâtrale aux étudiants des régions. Cet objectif a donné une couleur au programme. « Peu de gens savent que nous sommes impliqués dans la région. La présence d’un équipement culturel comme la Salle Lionel-Groulx tient en partie à l’existence de l’Option-théâtre. Par moments, nous participons à des activités régionales, soit pour le Parc d’Oka, pour la Ville de Sainte-Thérèse. Pour monsieur Rémillard, l’aspect artisanal du métier était une dimension importante. Pour nous, nous ne faisons pas de distinction entre celui qui joue et est connu à la télévision et celui qui travaille en coulisse aux décors et à l’éclairage. Plusieurs de nos finissants gagnent bien leur vie en faisant du théâtre pour l’enfance et la jeunesse. C’est dans notre culture, nous valorisons tous les aspects du métier. Nous sommes les seuls exigeant des étudiants qu’ils produisent une pièce pour le public enfant et jeunesse. Aux deux ans, nous avons un concours avec La Maison-Théâtre (diffuseur à Montréal) et le Centre des auteurs dramatiques. La pièce est écrite pour nous et interprétée par nos finissants. Nous montons la pièce avec un metteur en scène professionnel. La pièce jouée ici l’est également à la Maison-Théâtre. »

Des débouchés variés et une formation fondamentale en poche
En plus du milieu du théâtre et celui de la télévision, le programme permet aux finissants d’œuvrer aussi dans les domaines du cinéma, du cirque et de la danse.
« Dans le secteur production, les finissants trouvent assez facilement de l’emploi dans divers secteurs : cirque, danse, théâtre, musique et cinéma. La formation théâtrale, c’est une très bonne école. C’est une place où la culture est encore importante. Il y a un côté humaniste où l’on apprend sur soi-même, à s’exprimer, à exprimer ses idées et à les défendre. Avec cette formation de base, les gens pourraient ne pas faire d’interprétation, mais ils vont devenir directeurs; ils vont partir des compagnies. Ils peuvent changer de carrière, mais leur bagage va les suivre toute leur vie, que ce soit à titre d’enseignant, en communications ou en ressources humaines. Apprendre à gérer ses émotions, développer sa créativité, apprendre à travailler en équipe et à écouter : autant de compétences fondamentales qu’on peut utiliser toute sa vie dans des milieux bien différents. »

Photo: François Godard

Un collège qui soutient bien son département
Offrir ces programmes commande des ressources particulières et beaucoup d’espaces. Pour la section production, il faut un atelier de décors et de costumes, des espaces pour l’éclairage et la peinture scénique. Des locaux sont nécessaires pour les répétitions d’interprétation. Quatre techniciens accompagnent les étudiants. Dans l’écologie physique et éducative du Collège Lionel-Groulx, ces programmes occupent une place importante. Ghyslain Filion précise qu’au fil des ans, la direction du collège a toujours soutenu le département. « On comprend nos besoins, on comprend nos particularités. Les ressources humaines et le syndicat des enseignants ont trouvé les moyens d’introduire la souplesse nécessaire pour nous permettre d’organiser des horaires particuliers en période de production de spectacles. Si nous n’avions pas cette reconnaissance, nous ne pourrions pas fonctionner et assurer la vitalité des programmes. »

Entrevue et article réalisés par M. Alain Lallier, édimestre, Portail du réseau collégial.






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